Abonnés

France-Écosse : un match, trois questions

Publié le Mis à jour
Partager :

Chantre d’un jeu dit de «dépossession » depuis le début du mandat de Fabien Galthié, le XV de France a fait fi de ses principes dans la quête du bonus offensif, malgré des conditions météorologiques capricieuses. Les Écossais n’en demandaient pas tant pour prendre les bleus à leur propre piège…

Les angles de Hogg et Russell ont promené Dulin et Ntamack

Dans une soirée marquée par une pluie aussi fine que discontinue, il semblait évident que l’occupation du terrain serait une donnée clé. À ce titre, la victoire des Écossais ne relève certainement pas du hold-up, qui sont parvenus à occuper la moitié de terrain française 60 % du temps. En raison ? Leur supériorité dans les duels aériens, même si Fickou s’est démené tant qu’il a pu pour récupérer queques ballons.

Mais surtout, c’est par la précision et la variété de leurs coups de pied que les Écossais se sont avérés supérieurs, à l’image de Finn Russell et Stuart Hogg qui se sont montrés particulièrement montrés efficaces dans cet exercice à contre-emploi, trouvant des angles et des touches indirectes (avec notamment deux "vrilles" sublimes de l’arrière écossais) qui ont mis en grande difficulté le duo Ntamack-Dulin, chargé de couvrir le fond du terrain français. Pour preuve, les deux français ont mis en difficulté leurs partenaires à plusieurs reprises, en se faisant croquer au fond du terrain par Ritchie 18e) ou en rendant plusieurs ballons faciles de contre-attaque aux Ecossais, à l’image deux touches non trouvées par Dulin (1re, 55e) ou de Ntamack qui joua à la 79e une diagonale des plus discutables.

Finn Russell
Finn Russell

Soit autant d’occasions aux hommes de Greg Townsend de planter leur tente dans les 22 mètres de Français qui ne sont quant à eux parvenus à retourner dans le camp adverse qu’à la faveur de pénalités récompensant leurs grattage et la domination de leur mêlée. Insuffisant, au final...

La patience écossaise a payé

C’est un constat chiffré qui fait mal, même s’il convient de le nuancer : les trois essais écossais ont été le fruit (direct ou très indirect) des 17 ballons portés initiés par les hommes de Greg Townsend, qui ont par ailleurs rapporté trois pénalités. Alors certes, s’il fallut une multitude de temps de jeu (20 exactement) pour permettre à Van der Merwe d’inscrire l’essai de la gagne (85e) ; si la réalisation du talonneur Cherry (61e) doit avant tout à un bon gros coup de chance des familles (le ballon arraché par Rebbadj rebondissant dans les mains du talonneur écossais) ; si les Bleus sont tant bien que mal parvenus à contrer deux ballons et "coffrer" un maul par Ollivon (74e) ; impossible de ne pas convenir au final que les Ecossais ont tout de même globalement dominé ce secteur de jeu. Et impossible, surtout, de ne pas déplorer que ces derniers aient trop facilement réussi à construire leurs structures autour du casque rouge de Gilchrist, à qui les Bleus ont volontairement laissé le champ libre toute la partie en défendant les zones du milieu et fond d’alignement.

Comme pour mieux se concentrer sur leur défense au sol, une semaine après avoir été surpris par les Gallois. Mauvaise pioche… Parce que si tout ne fut évidemment pas parfait dans leur prestation, les écossais ont au moins eu le mérite d’avoir su s’adapter stratégiquement au type de défense que leur proposaient en Bleus, en déviant à partir de la 60e leurs prises de balle sur le deuxième bloc resté au sol, afin d’éviter la pression défensive des Bleus à la retombée de leur saut. Très bien joué, donc, jusqu’à ce carton jaune infligé à Baptiste Serin qui fut très certainement le grand tournant de la fin du match ! Quant aux Bleus ? Ces derniers ont dû faire face à une stratégie défensive différente de la leur, les écossais ayant effectué le choix inverse de sauter en miroir.

La patience écossaise a payé
La patience écossaise a payé

Et si Rebbadj (66e) réussit bien à conclure un des huit ballons portés enclenchés par les siens (lesquels ont aussi rapporté deux pénalités), les Bleus ont globalement eu moins de succès que leurs adversaires écossais, qui les ont empêchés d’enclencher des avancées franches. La preuve ? Sur la pénaltouche qui ressemblait à un tournant du match, juste avant le retour aux vestiaires, Jelonch se fit devancer dans les airs par Haining sur lancer en fond de touche, ou peu d’équipes osent sauter près de leur ligne. Une prise de risque gagnante, puisqu’elle empêcha les Bleus de passer à +10 juste avant le second acte…

Courses en travers, mauvais timings et choix "forcés"

Ce fut une des constantes de ce France-écosse. À savoir la sensation que les Bleus se sont vus offrir d’intéressantes situations de surnombre, pour peu de réussites... En effet, hormis sur cette contre-attaque de la 46e qui vit Dulin, Ntamack puis Vakatawa réussir le seul enchaînement de passes après contact du match pour décaler Penaud, jamais les Bleus n’ont réussi à surprendre la défense écossaise, toute en contrôle.

Romain Ntamack
Romain Ntamack

Mais hors de question d’incriminer ici la pluie ! Au vrai, alors qu’on avait glorifié la qualité des lancements de jeu des Bleus depuis le début du Tournoi et la justesse de leur jeu de ligne face au pays de Galles, l’attaque française sembla beaucoup plus grippée vendredi. Les trois premiers lancements (3e, 8e, 28e) ont donné le ton, pollués par autant d’en-avant sur les premières passes. Et la suite fut du même tonneau, avec en point d’orgue une passe de Fickou directement en touche à la 64e... On songe ainsi à des timings aléatoires dans les transmissions entre les deux centres (22e, 45e, 66e), qui ne permirent jamais à Vincent de se donner le temps de la passe supplémentaire. Mais aussi à des courses trop fuyantes et jamais redressées (Ntamack souffrant notamment sur le lancement de la 29e de la comparaison avec son prédécesseur Jalibert), obligeant à plusieurs reprises Dulin à croiser avec ses ailiers.

Les Bleus ont aussi commis l’erreur de plusieurs choix "forcés" par impatience, comme ces tentatives de passes sautées de Dupont près de l’en-but (dont l’une se solda toutefois par un essai grâce au talent de Penaud), ou un coup de pied dans la profondeur pour Fickou pas vraiment à-propos. D’où une frustration palpable, que l‘on ressentit dans la volonté d’aller chercher à tout prix à 14 un bonus offensif qui ne servait plus à rien, et perdit les Bleus en chemin...

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?