Abonnés

Toulouse face à sa bête rouge

Par Jérémy FADAT
  • Romain Ntamack et les Toulousains ne partent pas favoris face au Munster... Raison de plus pour y croire. Photo Icon Sport
    Romain Ntamack et les Toulousains ne partent pas favoris face au Munster... Raison de plus pour y croire. Photo Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

Face à un adversaire qui ne leur réussit historiquement pas en phase finale, et malgré des vents contraires, les Stadistes veulent forcer leur destin européen.

Il arrive aux statistiques d’être inquiétantes. Depuis le premier duel en 1996 qui avait vu Toulouse largement l’emporter à une époque où le Munster n’était pas l’ogre qu’il est devenu, ces deux formations ne se sont croisées qu’en phase finale. Ugo Mola dresse le bilan : " Le Stade toulousain a rarement existé. Cinq matchs et une seule victoire d’un petit point en quart au Stadium (13-12 en 2003) devant 30 000 supporters locaux." Et le Munster reste sur trois succès, dont les deux derniers par vingt-quatre et vingt-cinq points d’écart. Ce qui plante le décor. "Il y a un passé fort, note Antoine Dupont. On a tous des souvenirs, pas toujours heureux pour Toulouse, avec d’interminables séquences que sont capables d’imposer les Irlandais." Romain Ntamack poursuit : "Toulouse a peu gagné contre cet adversaire. Samedi sera une autre page et on essaiera d’écrire notre histoire."

Même sans "red army", Thomond Park est un temple à part. "Il y a peu d’endroits où j’ai vécu quelque chose d’aussi émotionnel que là-bas, affirme Mola. Il s’y passe toujours un truc." Là où l’enfer est promis aux visiteurs. Celui toulousain a débuté dès le tirage de ces huitièmes offrant un déplacement titanesque à Limerick alors que la seule sortie stadiste en Champions Cup s’était soldée par cinq points en Ulster. "J’ai passé le cap de la frustration", évacue le manager. Il a pourtant été encore gâté. D’abord avec la grave blessure de Sofiane Guitoune. "Il est de ces attaquants avec qui, plus il touche de ballons, plus il se passe des choses. On perd une arme certaine sur le terrain, dans notre top 3 des franchisseurs, et un moteur incroyable du groupe." Forfait qui vient s’ajouter à ceux de Ramos, Fouyssac, Tauzin, Mallia, Bonneval et celui probable d’Huget pour une hécatombe derrière. Sachant qu’une incertitude plane sur Ahki. Avant la dernière demi-finale à Exeter, Toulouse avait aussi vécu une semaine tronquée, avec un seul entraînement en raison des contraintes sanitaires et des absences devant. Dont celle de Rynhardt Elstadt, encore privé de ce choc majuscule (voir ci-dessous). "On aurait aimé se préparer autrement, souffle Mola. Ce sont des rendez-vous géniaux qu’on ne vit pas pleinement, pas par la problématique des blessures qui fait partie du jeu, mais beaucoup de choses me dépassent. […] À part ça, on va jouer un super match européen et il nous tarde d’y être. Il n’est pas perdu et on n’est pas là pour calculer. On va s’envoyer (sic) comme des fous, à la hauteur de l’événement."

choc de cultures et de philosophies

Si le Munster va si peu à Toulouse, c’est aussi une question culturelle. "C’est un choc de jeu, d’organisation avec le rugby des provinces, explique Mola. Il y a une forme de confrontation qui se traduit sur le terrain. C’est une opposition de styles, de philosophies. 95 % des essais marqués par le Munster proviennent de phases ordonnées. 70 % le sont pour nous quand il y a le bordel et le désordre." Les Irlandais excellent dans les rucks — où Toulouse a failli contre Montpellier samedi tandis que les Munstermen livraient un combat énorme face au Leinster en finale de Pro 14 — pour mieux annihiler les intentions des Rouge et Noir. "C’est comparable au jeu de l’Irlande, assez éloigné de notre philosophie, clame Dupont. C’est redoutablement efficace. On a l’impression que ce n’est rien d’exceptionnel mais ils font tout bien." Son entraîneur renchérit : "Si on veut gagner là-bas, les ingrédients à mettre seront ceux d’un exploit. Si nous ne sommes pas en mesure de rectifier le tir dans certains secteurs, à commencer par le jeu au sol, on aura des difficultés."

Toulouse pourrait-il se montrer plus frileux ? "Il ne faut pas se renier, répond Ntamack., mais garder notre identité pour mettre le maximum de vitesse, même si eux voudront nous ralentir." Mola sur la même longueur d’onde : "Vous pouvez déjà annoncer qu’il n’y aura pas de surprise (sourires). Limiter le jeu n’est pas notre volonté. Changer serait, je pense, une erreur par rapport à la configuration de notre équipe. On doit être en phase avec ce qui fait nos caractéristiques. […] Ce fut une interrogation après la demi-finale perdue au Leinster en 2019 : pourquoi n’est-on pas parvenu à mettre notre jeu en place ? Plus le temps avance et plus je me dis que jouer contre-nature est contre-productif. Tu peux le faire de manière épisodique, selon tes ressources, pour réduire la voilure. Mais l’état d’esprit doit être le même dans la capacité à prendre des initiatives et à s’adapter. Ce que l’on espère possible." Malgré tous les vents contraires, Toulouse veut faire souffler celui de la folie, qui lui correspond tant, pour défier les chiffres. Et continuer sa route vers un sacre aussi imparfait que désiré. Mola conclut : "Cette année, dans tous les cas, le champion d’Europe aura malheureusement un masque sur le museau. Mais je veux bien faire partie de la photo de ceux qui ont le masque !"

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?