Trent Robinson : « Freddy était un joueur inspirant »

Midi Olympique : vous êtes en pleine préparation de votre saison de NRL avec les Roosters. Quelle est la situation actuellement en Australie ? Nous avons vraiment de la chance de ne connaître que très peu de cas de contamination. Et tous ces cas proviennent de l’extérieur du pays. Il y a donc des mesures très strictes de quatorzaine pour toutes les personnes qui entrent sur le territoire. Les dégâts économiques de cette crise se sont fait particulièrement sentir sur les fédérations sportives. On pense notamment à la Fédération australienne à XV. Qu’en est-il à XIII ? On a craint le pire au début de la pandémie. Le gouvernement australien a aidé tous les secteurs en difficulté et notamment le sport. En NRL, la saison dernière, on a pu disputer vingt matchs sur vingt-quatre en respectant une bulle sanitaire avec un maximum de cinquante personnes par club. Nous avons de la chance, on s’en sort bien. Le championnat de NRL a commencé en ce mois de mars. Comment s’est présentée cette saison 2021 ? Le plus normalement possible, sans aucune restriction. Avec, cependant, quelques modifications au niveau des règles et l’apparition du « 6 again », qui donnera, au lieu d’une pénalité, une nouvelle série de six possessions. Cela va engendrer un surplus de fatigue et certainement avantager les gabarits plus petits qui peuvent davantage attaquer la ligne. Frédéric Michalak vient d’intégrer votre staff. Expliquez-nous comment et pourquoi le joueur français le plus connu de sa génération se retrouve chez les Roosters ? On s’est rencontré quand j’étais à Toulouse entre 2002 et 2004 avec le Toulouse olympique XIII. Je suivais le Stade toulousain et j’aimais ce style de jeu, très porté sur l’attaque, que Guy Novès enseignait. Je me souviens de cette génération avec des joueurs fantastiques comme Fabien Pelous, le capitaine, Frédéric Michalak, Clément Poitrenaud ou William Servat. C’est là que j’ai vraiment apprécié le XV. Vous savez d’ailleurs que le Stade toulousain partage ses installations avec le TO XIII… Oui, nous en avons parlé avec Freddy et cela montre l’état d’esprit du Stade toulousain. Déjà, quand je jouais à Toulouse, ce club représentait une identité très forte et quand on sait les rivalités qu’il y a pu avoir entre ces deux sports, cette décision témoigne vraiment d’un état d’esprit particulier. On comprend la connexion toulousaine mais pourquoi « Fred » ? Nous sommes toujours restés en contact. Et je sais que « Fred » est toujours en recherche de nouvelles idées, de nouvelles méthodes. L’an dernier, il était déjà venu une semaine avec nous. Quand il m’a dit qu’il revenait ici à Noël pour quelque temps, le rapprochement s’est fait naturellement. Qu’est-ce qu’il peut apporter, lui, le quinziste, à une équipe professionnelle treiziste ? Plein de choses dans le détail. Chez nous, il s’occupe des ateliers de techniques de passe, de coups de pied, des variations dans les coups de pied et surtout quand, comment et pourquoi les utiliser ? Avec la nouvelle règle du « 6 again », on a besoin de s’améliorer sur la lucidité, les choix et les prises de décision dans des moments de fatigue plus importante. Freddy peut nous amener beaucoup sur ce plan-là parce que ce sont des moments que le XV a l’habitude de connaître. Et puis, il nous apporte énormément par son sens tactique, son état d’esprit de meneur de jeu, sur le comment tu conduis un match. Quel rapport a-t-il avec les joueurs ? Il est déjà très respecté et très écouté. Les joueurs le connaissent bien, notamment ceux qui ont joué à la fois à XV et à XIII comme Luke Keary. Ils ont une grande confiance en lui. Quel genre d’entraîneur est-il ? Très calme, très posé et méthodique. Freddy était un joueur inspirant, très fort dans le détail, sur les gestes techniques, un joueur instinctif aussi. Comme entraîneur, on sent qu’il est toujours en recherche de nouveautés sur la façon de travailler, de transmettre. Ce qui m’intéresse en tant qu’entraîneur, c’est d’avoir un peu du Freddy joueur et un peu du Freddy entraîneur. Frédéric Michalak dit être inspiré par votre méthode de management… La carrière d’un joueur s’étale sur une période qui va, en gros, de l’âge de 17 ans à 35 ans. C’est une période qui vous fait passer de l’adolescence à l’âge adulte. Ma mission, mais aussi celle de mon staff, est de former des joueurs, de progresser, de gagner des matchs mais aussi de former des jeunes à devenir des adultes et je dois assumer cette responsabilité. L’approche psychologique est très importante pour moi pour accompagner les joueurs sur leur carrière. De façon plus globale, qu’est-ce que le XV peut apporter au XIII et inversement ? Il faut que chacun prenne le meilleur de l’autre. Aujourd’hui, on voit de plus en plus d’entraîneurs de XV - comme Eddie Jones en Angleterre - qui s’inspirent du XIII. C’est aussi le cas en France avec Shaun Edwards. L’organisation collective à XIII est très travaillée. Il ne s’agit pas seulement de savoir plaquer mais aussi de jouer de ruse pour isoler un porteur de balle, par exemple, c’est très utile à XV. Autre exemple, les All Blacks ont popularisé les skills il y a déjà quelques années. Aujourd’hui, toutes les équipes de XIII ou de XV font des skills. Quelles sont vos ambitions cette saison en NRL ? Toujours les mêmes. C’est simple et très clair : chaque année, on vise le titre. J’ai un effectif plutôt stable, ayant recruté deux ou trois joueurs comme le jeune Joseph Suaalii (une étoile montante âgée de 17 ans que le XV et le XIII s’arrachaient à l’intersaison, N.D.L.R.). Il faut à la fois garder cette stabilité dans tes principes de jeu et toujours être à la recherche de nouveautés pour maintenir ton niveau de performance. On a la même philosophie avec Freddy là-dessus.