Une vie sans Finn…

Dans sa chambre d’hôtel à Bayonne, Laurent Travers a vite compris. À la veille d’affronter l’Aviron en Top 14, le manager du Racing 92, confortablement installé face à son téléviseur, n’a rien manqué de l’exclusion de Finn Russell lors du dernier match du Tournoi des 6 Nations entre le XV de France et l’Écosse. Sur l’instant, la colère l’a sans doute envahie. "Ah ça… quand ça ne veut pas sourire, confesse-t-il. Le pire, c’est que nous n’avons pas voulu le bloquer pour qu’il puisse terminer la compétition avec sa sélection. Mais bon, c’est comme ça. Il faut l’accepter, ce sont les aléas du sport. Ça aurait pu être une blessure." Et d’ajouter, un brin sarcastique : "En même temps, si le match avait été joué à la date initiale…" Las, le "cluster" du XV de France en a décidé autrement. Et les dirigeants du Racing ont autorisé l’international écossais à rejoindre sa sélection alors qu’ils auraient pu le retenir, cette dernière rencontre se situant en dehors de la fenêtre internationale initialement programmée.

La tentation Kurtley Beale ?

Conséquence : Russell ne sera pas à la manœuvre pour ce huitième de finale de coupe d’Europe contre Edimbourg, ni pour un éventuel quart de finale le week-end suivant. Il ne sera pas non plus aligné pour la rencontre de la 21e journée de Top 14 contre le Stade français (17 avril). Un coup dur pour le Racing 92 pour qui le "Scottish" est un élément capital dans son organisation offensive. "On s’est projeté immédiatement sur ce qui serait le mieux pour l’équipe, raconte encore Laurent Travers. Mais Finn connaissant bien Edimbourg, il nous a accompagnés dans la préparation de cette rencontre."

Qui portera donc la responsabilité de mener l’attaque ciel et blanche ce dimanche pour ce rendez-vous capital dans la perspective de la conquête du Graal ? Laurent Travers n’avait pas tranché en milieu de semaine, plusieurs alternatives s’offrant à lui. Évidemment, Antoine Gibert et François Trinh-Duc semblaient les plus évidentes. Toutefois, la tentation Kurtley Beale existait aussi. L’international australien a déjà évolué au plus haut niveau à ce poste avec les Wallabies, notamment sous l’ère Michaël Cheika. Son expérience de ces matchs à haute intensité et joués sous forte pression pourrait être précieuse. Laurent Travers ne dément pas. "Son profil est très intéressant, confie-t-il. Il pourrait très bien passer à ce poste en cours de rencontre." Le jeune ouvreur Antoine Gibert (23 ans) pourrait donc bien endosser la responsabilité de mener le jeu francilien dès le coup d’envoi du match. Son profil technique n’est pas si éloigné de celui de Russell. Son appétence pour le jeu d’attaque n’est plus à démontrer. Son culot non plus. Toutefois, dans un tel rendez-vous, il sera forcément attendu sur sa gestion stratégique.