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Ces Rochelais sont « galactiques »

Par Romain ASSELIN
  • Les Rochelais de Levani Botia ont roulé sur les requins de Sale. En plus d’accéder à leur première demi-finale européenne, les hommes de Jono Gibbes ont fait montre de tous leurs progrès.
    Les Rochelais de Levani Botia ont roulé sur les requins de Sale. En plus d’accéder à leur première demi-finale européenne, les hommes de Jono Gibbes ont fait montre de tous leurs progrès. SUSA / Icon Sport - SUSA / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Étiquetés « galactiques » par le manager adverse avant la rencontre, les Rochelais confirment leur statut de très sérieux candidats à la victoire finale. Samedi, ils ont littéralement noyé les requins de Sale (45-21). Sans verser dans l’euphorie.

C’était presque hier et, en même temps, ça paraît une éternité rugbystique. « La taxe d’apprentissage », avait titré le Midi Olympique, le 2 avril 2018, au lendemain d’une frustrante défaite en quarts de finale sur la pelouse des Scarlets (29-17). Samedi, au même stade de la compétition mais dans une tout autre stature, le Stade rochelais s’est mué en créancier. La fameuse taxe, c’est lui qui l’a encaissée. En escale au péage Deflandre, Sale a pris le tarif poids lourd : plus de 40 points. Comme ce qu’avaient ramassé les Wasps et l’Ulster, trois ans plus tôt, lors d’une première partie de phase de poules survolée par des Rochelais alors considérés, par la presse outre-Manche, comme les All Blacks européens.

Samedi, il y avait un peu de ça. Mais la comparaison s’arrête là. À l’époque, La Rochelle n’était pas encore conditionnée pour jouer le titre. Un quart de finale pour une première participation à la Champions Cup, c’était déjà retentissant. « Il nous a manqué de la précision et du réalisme, glissait Patrice Collazo sitôt défait à Llanelli. C’est tout « bénef’», même s’il n’y a pas la victoire au bout. Ce genre de match fait apprendre très vite. » Trois ans plus tard, les faits donnent raison à l’ancien manager maritime. Sale, comme Gloucester une semaine plus tôt, a pris en pleine figure la leçon apprise, par cœur, par le club rochelais. Et récitée.
 

« Ce n’est pas de la chance »


En conférence de presse d’après match, son successeur Jono Gibbes, s’est d’abord assis en précisant, encore plus souriant que d’habitude, qu’il « n’avait pas grand-chose à ajouter » aux premières réactions de ses hommes. Finalement, en mettant une pièce dans la machine, le Kiwi a livré, dans un monologue inaugural de pratiquement six minutes, un concert de louanges. Extraits : « Félicitations aux joueurs. Ce sont eux qui ont joué un match de haut niveau avec un état d’esprit et une générosité énormes. Ce sont eux qui créent une ambiance entre eux, la semaine, et une rigueur de travail nécessaires pour franchir un cap. C’est une récompense pour leur investissement. Dans les moments clés, le bénéfice arrive. Ce n’est pas de la chance. Ils ont travaillé vraiment dur pour ça. J’ai trouvé que c’était assez calme à la mi-temps. Mais, apparemment, c’est parce que Uini (Atonio, N.D.L.R.), derrière les poteaux, avait mis une claque aux joueurs après l’essai de Sale (sourire). C’est un autre bon indicateur que les choses bougent dans ce groupe. Il y a plus de coaching entre eux, plus d’expérience. Bravo ! » Deuxième salve, plus concise mais ô combien révélatrice de l’évolution du petit Poucet des phases finales version 2017-2018. « Je vais vous dire un secret, s’amuse le directeur du rugby rochelais. J’étais vraiment confiant avant le match. Je sentais que personne ne se satisfaisait d’un quart de finale. Notre performance n’est pas une surprise. »
Son homologue anglais, Alex Sanderson, avait eu le nez creux en parlant des « stars galactiques » de La Rochelle. Une vision ? C’est à se demander. Très honnêtement, le qualificatif sied à merveille aux troupes jaune et noir, sur ce quart. À l’image de la transition avants-trois-quarts grandiose. Guide d’une conquête chirurgicale, le capitaine Sazy applaudit : « Cette qualité derrière, c’est impressionnant. Brice (Dulin, N.D.L.R.) a apporté son plus, Dillyn (Leyds), c’est un magicien. Lep’s (Botia), quand il est comme ça, quand il met son bandeau, il est un peu énervé. Je peux les citer tous, derrière. Il y a toujours un soutien à droite, à gauche qui arrive. On est très contents de jouer avec des mecs comme ça. »
 

Émotion contenue, ambition étendue

Une telle alchimie, son talonneur Pierre Bourgarit ne l’avait d’ailleurs jamais ressentie à ce point, par le passé. « Clairement, il y a un truc en plus cette saison. On a eu des recrues en feu. Ça permet à tout le monde d’aller chercher en soi et de montrer plus qu’avant. Le fait que tout le monde se pousse vers le haut, c’est vraiment quelque chose d’énorme, souligne le Gersois, saisi un instant par la portée historique de cette qualification en demies. On continue de marquer l’histoire du club. Franchement, c’est énorme. Rien qu’à voir les sourires et la joie dans le vestiaire… S’il y a quelques années, on m’avait dit que je jouerai une demi-finale, si jamais je la joue, j’aurais signé tout de suite. C’est extraordinaire. Comme disait Doum (Geoffrey Doumayrou, N.D.L.R.) dans la semaine, c’est un peu comme la Champions League au foot. C’est clair que de rentrer dans le carré final de cette compétition, c’est énorme. Contrat rempli. On a hâte de passer à la suite. » Voilà pour la séquence émotion.
Globalement, face aux micros, les Maritimes se sont attachés à ne pas tomber dans l’euphorie. « Ce n’est pas la finale, c’était un quart, prend soin de nuancer Jono Gibbes. C’est important de célébrer les moments comme ça, mais c’est juste une autre étape que l’on avait besoin de passer. J’espère que mon message est clair, on ne se satisfait pas juste d’un quart de finale à la maison contre Sale. Il y a plus d’ambitions et assez de qualités pour se dire : « Pourquoi pas ? » Ce sera important de garder cet état d’esprit. »

Déjà très déterminé dans nos colonnes, ces dernières semaines, à ne viser que le titre, son bras droit Ronan O’Gara en a remis une couche dans une chronique pour l’Irish Examiner. « Ça me prend la tête quand je vois qu’on dit qu’on peut « éventuellement » arriver à gagner. Je veux gagner des choses maintenant, pas éventuellement », insiste l’entraîneur en chef de La Rochelle. Plus « que » deux marches désormais, avant le Graal suprême.

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