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Toulouse, à la belle étoile

  • Toulouse, à la belle étoile.
    Toulouse, à la belle étoile. MIDOL - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Après avoir gagné pour la première fois de l’histoire du club au Munster, en huitième de finale, sous un soleil de plomb, les Toulousains ont mis fin ce dimanche à dix-neuf ans de disette à Clermont en quart, sous une pluie battante. Preuve, s’il en fallait, des caps encore franchis ces dernières semaines par cette génération dorée.

Tout sourire, Ugo Mola avait tenté d’amadouer le destin dès jeudi : « On n’a pas gagné à Clermont depuis 2002. Je pense que c’était la fin de la carrière de Jérôme Cazalbou ! Et, en moyenne, il y a un quart de finale sur quatre remporté à l’extérieur. Donc, sur les statistiques… On a envie de les faire mentir. Le club n’avait jamais gagné au Munster et on est la première génération à y être parvenu. Notre karma du moment va peut-être nous permettre de rompre avec les chiffres encore ! » Oui, chacun veut bien croire qu’il y a toujours une petite part de réussite, ou de dynamique pour recentrer le sujet, mais il y a aussi et surtout la vérité sur le terrain. Et, entre ces quatre lignes blanches, il est une certitude : si le Stade toulousain l’a enfin emporté au Munster avant de mettre un terme à la malédiction de Marcel-Michelin, cela ne doit pas grand-chose au hasard. « Cela faisait tellement de temps qu’on n’avait pas gagné à Clermont qu’il était important de marquer le coup », explique François Cros.

Son capitaine Julien Marchand - encore immense - renchérit : « On en a parlé dans la semaine. D’autant qu’en début de saison, nous étions tombés de peu ici. » Ceci au bout d’un match fou, qui avait vu les Toulousains, réduits à treize mourir dans l’en-but dans les arrêts de jeu pour un essai de la victoire finalement refusé.

Cette fois, les conditions, notamment climatiques, étaient totalement différentes. Le scénario aussi. Sous la pluie, cette équipe - si enthousiasmante et séduisante - a su s’adapter à merveille pour dominer le combat et faire craquer l’ASMCA. « On s’était dit que, si on s‘était sérieux et disciplinés en conquête, on pouvait coller au score et que les choses basculeraient peut-être en notre faveur à la 60e minute », avoue Yoann Huget. Voilà qui mesure l’évolution de cet effectif, lequel semble désormais arriver à maturité. Jusqu’à maîtriser les événements, quels qu’ils soient. « C’est encore plus le succès de la patience que de la maîtrise », rectifie Cros. Parce que lui et ses partenaires se savaient forts, plus costauds devant et mieux armés sur le banc. Les ingrédients d’une qualification méritée en Auvergne. « Ces matchs-là se jouent à vingt-trois, note Huget. Après le travail de sape des quinze premiers, il faut rester sur la même lancée derrière pour ne pas voir de différences entre ceux qui démarrent et ceux qui finissent. »

Comme au Munster déjà, où les remplaçants avaient été décisifs après l’heure de jeu, sous un soleil de plomb. Que celui-ci brille dans le ciel, ou que les étoiles soient cachées par les nuages, les Stadistes croient en la leur. Et savent surtout changer leur stratégie avec efficacité. Ce fut édifiant ce dimanche, la conquête étant royale. « Les ballons portés font partie des choses positives, qu’il faut garder pour la suite », détaille notamment Marchand. « Notre génération n’avait jamais gagné dans ces deux endroits, confirme Huget. Sur ces deux week-ends, ce qu’ont fait nos avants est magnifique. » Et Cros d’ajouter : « Ce sont des matchs que le Stade toulousain avait du mal à gagner jusque-là. Cela montre qu’on a encore franchi une étape dans notre progression. » Au-delà des pages d’histoire.
 

Huget : « Nous sommes Peut-être un peu plus prêts aujourd’hui »

Revenu au sommet de la hiérarchie française, jusqu’à soulever le vingtième Brennus du club en juin 2019, ce Stade toulousain, revigoré par l’avènement des Baille, Marchand, Cros, Tolofua, Dupont, Ntamack, Lebel et autres, a repris l’habitude de jouer les premiers rôles européens. Tel que l’illustrent ses deux demi-finales perdues en Champions Cup lors des deux précédentes éditions. Les Rouge et Noir seront encore présents dans le dernier carré de la compétition. « Elle a toujours été capitale à nos yeux, dans la manière dont on l’a abordée, clamait Mola la semaine passée. On sort de deux demies. On peut considérer qu’on existe à ce niveau. » Même si ses hommes se sont arrêtés à ce stade lors de ces expériences, logiquement battus au Leinster puis à Exeter. « On veut toucher cette finale qu’on rate depuis deux ans », ne cache pas Cros. Pour matérialiser encore la montée en puissance de cette équipe. La réalité, c’est qu’elle a également passé un cap à Marcel-Michelin, en enchaînant un deuxième exploit (ou du moins prestation XXL) sur la scène européenne.

En 2019, elle avait ébloui en s’imposant au Racing 92, en infériorité numérique, en quart de finale avant de s’incliner à Dublin. En 2020, elle avait surclassé l’Ulster avant de tomber en Angleterre. « On s’en rapproche mais on en est encore très loin », avait ainsi expliqué Mola après la victoire à Thomond Park. Maintenant, Julien Marchand a bien conscience de la marche qui s’est effacée sous les pieds toulousains : « En repartant du Munster, je peux vous dire que tout le monde était très heureux. Là, c’est exactement pareil. Nous nous sommes donné les moyens pour y arriver. On gagne, donc tout se passe bien. Mais il faut continuer de confirmer. » Car l’appétit vient en mangeant, comme l’ambition. Et eux en ont à revendre.

Après le titre de champion de France, les Stadistes se sont promis de partir à l’assaut de l’Europe, pour conquérir cette cinquième étoile qui se fait attendre depuis 2010 dans la ville rose. Le maillot européen, dessiné en collaboration avec Thomas Pesquet et l’Agence Spatiale Européenne et porté pour la première fois à Clermont, est d’ailleurs aussi symbolique que révélateur de cette obsession, quand la dernière finale remonte aussi à 2010. Marchand encore : « On a envie d’aller le plus loin possible. À partir du moment où on y est… »

Surtout que le contrôle des siens sur leurs sorties européennes a de quoi impressionner. Huget se marre : « La génération qui est arrivée au Stade toulousain, en termes d’affolement, il faut y aller pour la déstabiliser. Elle est dans un autre monde. Les jeunes ne paniquent jamais. Même quand on est menés, ils disent : « Tranquille, ça va le faire. » Il faut s’appuyer sur leur folie pour nous porter. » Jusqu’au sacre ? Avant que Jerome Kaino et ce même Yoann Huget ne tirent leur révérence cet été, cela aurait de la gueule. « Bien sûr, un autre Brennus aussi, rigole l’ailier. Je prends tout ! J’ai toujours envie d’aller un titre européen. C’était déjà le cas en 2019… Il y a eu des petits obstacles, jusque-là. Mais nous sommes peut-être un peu plus prêts aujourd’hui que les années précédentes. On est allés au Leinster, puis à Exeter. On a fait notre tour d’Europe. Maintenant, on a la chance de recevoir en demie. À nous de la saisir… »

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