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Irlande - France : j’aime regarder les filles

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Publié le Mis à jour
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Bien organisées en défense, solides en conquête directe et souvent inspirées balle en mains, les Bleues ont balayé l’Irlande pour s’offrir, à Londres, une finale alléchante...

On ne sait pas si tous les chevaliers de la bien-pensance, tous les peigne-cul regrettant une fois l’an que Midol n’accorde pas la même pagination aux filles qu’aux garçons et tous les démagos déplorant cycliquement que le championnat de rugby féminin n’ait toujours pas trouvé de diffuseur étaient tous devant France-Irlande, samedi après-midi. On ne sait pas, non plus, quelle place avaient réservé, face au derby Toulouse-Castres, les plus grands défenseurs du sport féminin à la demi-finale du Tournoi des 6 Nations. On sait, en revanche, que nous n’avons rien perdu du dernier déplacement des Bleues à Donnybrook et que, sans flagornerie ou morne complaisance, avons pris un pied monumental à "regarder les filles", comme on dit…

C’est vrai, quoi ! Passées les balourdises techniques du premier quart d’heure, les coéquipières de Gaëlle Hermet ont offert quelques grands moments de rugby. Et si généralement, ce XV de France Féminin aime faire parler la densité de son paquet d’avants, on retiendra de ce dernier match à Dublin la puissance de feu d’une ligne de trois-quarts en tout point électrique : en son sein, les "septistes" Caroline Drouin, Jade Ulutule et Carla Neisen, récemment victorieuses de l’étape de Dubaï, ont sans nul doute amené à l’offensive tricolore un supplément de vitesse, un surplus d’énergie, prouvant par la même occasion que la discipline olympique incarnait la plus efficiente des préparations physiques. Ainsi, on put constater au fil du premier essai tricolore (13e minute), aplati au gré d’une première main magnifique, à quel point les étincelles du 7 français pouvaient créer des différences et déstabiliser un rideau défensif sur leur seule vitesse, que ce soit dans la course ou sur l’exécution des passes. "Fixe et donne… Fixe et donne…", dit le refrain du rugby de papa. Après la rencontre, l’entraîneur Samuel Cherouk expliquait à ce sujet : "La dernière fois que les filles du 7 avaient joué avec nous, c’était au mois de novembre. Il leur faut encore un temps d’acclimatation au rugby à 15. Mais elles apportent indéniablement du punch, au centre du terrain.". Aux côtés de ces trois cogneuses, toutes absentes de la première sortie des Bleues face au pays de Galles il y a quinze jours (53-0), il faut évidemment mettre en lumière l’influence du triangle du fond formé en Irlande par Émilie Boulard, Caroline Boujard et Cyrielle Banet. Boulard, vous dîtes ? L’arrière des Bleues et de Chilly-Mazarin, qui a débuté le rugby il y a seulement quatre ans, a prouvé face aux Celtes qu’elle est aujourd’hui, et malgré la concurrence de Jessy Trémoulière (la meilleure joueuse de la décennie, tout de même…), la titulaire du poste en sélection. Quelle classe, Boulard ! Et quelle puissance, lorsqu’elle se décide à s’intercaler dans la ligne pour allonger son immense foulée. "Ses performances ne me surprennent absolument pas, poursuivait Cherouk samedi soir. Le directeur du Pole France, Thomas Darracq, nous avait dit qu’elle était prête et il ne s’était pas trompé. La concernant, on a juste fait confiance à notre filière de formation : pour l’émulation collective, c’est plus que bien".

cherouk : "un écart important avec l’angleterre"

À une lettre près, on aurait également pu évoquer le fabuleux destin de Caroline Boujard, irrémédiablement attirée par la ligne et auteur à Donnybrook de son cinquième essai en deux matchs : vive et dotée d’appuis déroutants, la finisseuse de Montpellier et des Bleues est désormais précédée par sa réputation et ne pourra plus compter sur l’effet de surprise, à l’instant où elle croisera en finale la route du XV de la Rose, vice-championne du monde de la discipline. Cherouk, encore : "Il existe un écart encore important entre l’équipe d’Angleterre et toutes les autres nations de l’hémisphère Nord. Au cours de nos dix dernières confrontations, nous nous sommes par exemple inclinés huit fois. Néanmoins, il est déjà important de savourer cette victoire à Dublin : ce n’est pas tous les ans que nous mettons cinquante points à l’Irlande…"

Pour le staff, c’est l’heure des choix…

Inspirées balle en mains, les Tricolores ont également fait forte impression dans le combat d’avants, où la puissance des deuxième-ligne Safi N’diaye et Madoussou Fall (quel engagement physique !) ou de la numéro 3 Rose Bernadou fit constamment reculer des Celtes courageuses mais trop mal préparées (les Irlandaises sont amateurs quand nombre de Tricolores sont semi-professionnelles) pour rivaliser sur les impacts ou en mêlée fermée. Samuel Cherouk, le patron des avants de la sélection tricolore, enchaînait ainsi : "Pour nous, l’un des fils conducteurs de ce Tournoi des 6 Nations était la défense et les phases de transition, soit le fait de passer le plus rapidement possible d’une phase de défense à une position offensive : on avait ainsi décidé de défendre sur leurs épaules extérieures, afin de les empêcher de faire des passes. En ce sens, le dernier déplacement en Irlande fut plutôt intéressant puisque quatre de nos huit essais ont été inscrits en contre. C’est un bon indicateur pour une défense même si je regrette, quelque part, les deux essais encaissés sur ballon porté, un secteur où l’on savait les Irlandaises organisées".

Passé la promenade de Donnybrook, les girls d’Annick Hayraud et Samuel Cherouk ont face à elles cinq journées pleines pour préparer le déplacement le plus important de leur jeune histoire, le dernier grand chelem de France Féminines remontant maintenant à l’hiver 2014, une glorieuse époque que seules cinq internationales actuelles (Jessy Trémoulière, Safi N’Diaye, Marjorie Mayans, Coumba Diallo et Lise Arricastre) ont connu. Pour le staff, l’heure des choix s’annonce de son côté assez âpre, tant les révélations des deux premiers rounds du Tournoi (Émilie Boulard, Emeline Gros, Rose Bernadou…) ont placé le groupe France face à une opulence qu’il n’imaginait peut-être pas, aux prémices de la compétition…

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