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L’Angleterre pique-t-elle sa crise ?

Par Marc DUZAN
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    L’Angleterre pique-t-elle sa crise ?
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Cinquièmes du Tournoi et boutés hors du dernier carré de la Champions Cup, les rugbymen anglais piquent leur première crise depuis le crash du Mondial 2015. à qui la faute ?

"L’Irlande était beaucoup trop forte pour nous." Cet aveu d’Eddie Jones, soufflé au crépuscule d’un ultime camouflet dublinois (32-18), avait au moins le mérite de la sincérité. Las, il a déclenché outre-Manche un torrent de boue sur celui que les médias britanniques présentaient pourtant comme "le Roi Midas", il y a encore dix-huit mois : là-bas, on a donc reproché au sélectionneur "british" d’avoir accepté avec trop de fatalisme la très mauvaise campagne du XV de la Rose dans l’édition 2021 du Tournoi des 6 Nations. Cinquième de la compétition, sévèrement dominée par quatre de ses cinq adversaires du Tournoi (un mois après la fin des hostilités, on persiste à croire que le XV de France aurait dû gagner à Twickenham…), l’équipe vice-championne du monde en titre peine donc à trouver le jeu percutant qui fit d’elle, au Japon, le très beau dauphin des Springboks et, dans sa volonté de reconstruire le bateau amiral, le sélectionneur d’origine australienne est aujourd’hui considérablement gêné par la situation des Saracens, grands pourvoyeurs de la sélection et actuellement pensionnaires d’une deuxième division en tout points inapte à préparer Owen Farrell, Jamie George and co au plus haut niveau…

Méconnaissables depuis quelques mois, les internationaux anglais ne devraient pas être très nombreux lorsque Warren Gatland, le Supremo des Lions britanniques et irlandais, livrera sa première composition d’équipe pour affronter les Springboks sur leurs terres, en juillet prochain : en numéro 8, Billy Vunipola est sous la menace du Gallois Taulupe Faletau, quand Tom Curry pourrait être doublé sur le flanc de la troisième ligne par le meilleur joueur du dernier Tournoi des 6 Nations (Hamish Watson), ou que Finn Russell et ses compères celtes (Robbie Henshaw et Jonathan Davies) pourraient bien pousser le grand Owen Farrell en tribunes. Qui l’eut cru, my dear ?*

Ligue fermée : l’ombre de CVC ?

De l’autre côté du Channel, la vitrine est indéniablement endommagée et derrière elle, c’est toute une nation qui semble perdre pied : alors que les clubs français bombent le torse, se félicitent bruyamment d’une politique de formation semblant enfin porter ses fruits et squattent les hauteurs de la Champions Cup, leurs homologues anglais ont aujourd’hui disparu du dernier carré européen. Exeter, le champion en titre, n’a jamais vraiment rivalisé avec les Leinstermen de Leo Cullen en quart de finale quand une semaine plus tôt, les Wasps montraient contre Clermont un bien triste visage. C’est grave, Docteur ?

Disons que le rugby des clubs anglais, qui paye lui aussi la situation des Sarries et la surexposition récente d’Exeter (depuis la reprise des entraînements en juin, les Chiefs ont enchaîné plus de vingt-cinq matchs…), est à la croisée des chemins : si l’on en croit les récents écrits de nos confrères du Daily Mail, le championnat d’élite anglais devrait même être figé jusqu’à la saison 2024-2025 afin de permettre aux pensionnaires du Premiership de se reconstruire, d’un strict point de vue économique. Néanmoins, ne doit-on pas voir dans le probable gel du championnat anglais un premier pas vers une ligue fermée ? Si le nouvel actionnaire du Premiership -le géant luxembourgeois CVC- n’a pas encore levé le voile sur ses intentions pour le rugby mondial (depuis un an, le fonds d’investissement rachète morceau par morceau les plus beaux bijoux de la balle ovale), il est pourtant difficile de ne pas voir, dans l’annonce du Daily Mail, l’empreinte d’un géant que l’on a toujours dit très sensible au modèle "fermé" des ligues nord-américaines. C’est show…

* Mon cher

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