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Quelle dinguerie rochelaise

Par Romain Asselin
  • Une dinguerie rochelaise
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Publié le Mis à jour
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Le Stade Rochelais a signé l’exploit le plus retentissant de son histoire pour rejoindre le Stade Toulousain en finale de Champions Cup. La cerise sur le gâteau d’une journée his-to-rique !

Se qualifier pour une finale de Champions Cup sans jamais avoir remporté son championnat domestique ni même encore rejoint le Stade de France pour y apercevoir, ailleurs que devant la télé, le Brennus. La Rochelle en rêvait, elle l’a fait. Tout en s’offrant, au passage, le scalp d’un quadruple vainqueur de la compétition. Excusez du peu. De la pure folie douce, quand on y réfléchit. À l’image de cette journée historique à bien des titres. Avant, pendant, après. Jamais, au grand jamais, les abords de Deflandre n’avaient baigné dans une telle atmosphère. Dès l’heure du déjeuner, ils étaient déjà nombreux à commencer à s’amasser devant l’entrée barriérée du Stade. À la descente du bus de leurs protégés, on vous laisse imaginer l’ambiance. Une déferlante. Les centaines de supporters jaune et noir ont littéralement explosé. S’ils avaient senti « quelque chose se préparer », comme le confiait Romain Sazy un peu plus tôt dans la semaine, la plupart des soldats rochelais ne s’attendaient sans doute pas à une telle communion en temps de Covid et alors que la préfecture de la Charente-Maritime avait opposé une fin de non-recevoir à l’appel au rassemblement présenté par les diverses associations de supporters.

Un épiphénomène, au bout du compte. Les frissons ressentis sur le chemin menant les joueurs aux vestiaires ont donné le ton d’une journée qui restera dans toutes les mémoires comme un avènement. Mieux valait d’ailleurs se mouiller la nuque en pénétrant, quelques secondes plus tard, à l’intérieur de l’enceinte maritime. Ou comment passer d’un instant de folie à un encéphalogramme plat. Pour autant, jamais Deflandre n’avait, également, accueilli autant de journalistes pour couvrir une rencontre. Une quarantaine, au bas mot. C’est simple, une fois n’est pas coutume, c’est la tribune de presse qui affichait guichets fermés le temps de ces 80 minutes ô combien inédites face au cador le plus titré des quinze dernières années sur la scène européenne. Le Real Madrid du rugby, en somme. Tout simplement le plus gros défi, donc, de l’histoire du Stade Rochelais. Abordé toutefois comme une « simple » nouvelle étape vers un premier trophée. Sans le moindre complexe d’infériorité. Les préparatifs de la recette étaient les bons.

L’émotion avant la démonstration

En exagérant un poil, à peine le Leinster avait-il entendu parler de La Rochelle - tout nouveau venu à ce stade des débats - jusqu’au récent tirage au sort du dernier carré le conduisant en cette lointaine contrée qu’est la Charente-Maritime. À la descente de leur propre bus, cinq minutes avant les Maritimes, « les Boys in Blue » ont entrevu un bel aperçu de l’hostilité qui les attendaient sur la pelouse. Si les Rochelais ont tardé à retirer leurs charentaises durant le premier quart d’heure, en témoignent ces cinq fautes concédées en l’espace de huit minutes, ils ont ensuite regardé les Irlandais droit dans les yeux. Au point de revenir sur leurs talons (12-13), à l’issue d’un premier acte disputé vent de face et le soleil en pleine poire. Puis de prendre l’avantage peu après le retour des vestiaires, sur une pénalité de West.

La suite ? Une main mise sur le match. « On savait que ça allait être dur, qu’on ne mènerait pas de 30 points à la 20e minute. Là où on s’est rassurés, c’est que même en prenant des pénalités, on ne leur a laissé que des miettes, analyse Grégory Alldritt pour qui la clé était de faire le dos rond avant de porter l’estocade. Je pense que c’est là-dessus qu’on gagne le match parce que si on prend un deuxième essai dans les vingt premières minutes, ça n’aurait pas été le même match. Physiquement, j’ai l’impression qu’on n’a pas non plus été extrêmement dominés. Quand on ne se mettait pas à la faute bêtement, on n’était pas inquiétés. Entre la 20e et la 30e, on a commencé à avoir des séquences offensives dans leur camp qui ont quasiment toutes été récompensées. On a vu que quand on tenait le ballon, ça pouvait le faire. Au retour des vestiaires, on a continué là-dessus. Et là ça a payé parce qu’on a marqué des essais et on a réussi à prendre le large. » Le flanker est d’ailleurs à la conclusion du premier des deux essais maritimes marqués après l’heure de jeu. Celui du break déjà fatal au Leinster.


Un improbable bain de foule

« Certains disaient dans la semaine qu’on allait peut-être en prendre 40. On a montré que, nous aussi, on avait nos armes, qu’on savait se défendre, jubile le talonneur Pierre Bourgarit, désigné « Star » du match. Se qualifier en finale, c’est quelque chose d’énorme. » Sitôt le coup de sifflet final, un concert de klaxons s’est emparé de la ville. Nouvelle marée jaune devant Deflandre. Ambiance similaire ou presque à celle qui avait enivré le Vieux-Port, il y a sept ans, après l’accession en Top 14. Douche express. Les Rochelais sont allés défiler devant leurs supporters. Nouvelle dinguerie d’une après-midi qui aura permis au club à la caravelle de « se dévoiler au monde », pour reprendre le vœu d’avant-match de Reda Wardi. Mais comme l’appétit vient en mangeant… « Il y avait ce sentiment dans le vestiaire que ce n’est pas assez, avance Alldritt. On veut plus, on veut aller gagner ce titre. Je pense qu’il y aura vraiment un gros soulagement, une grosse joie une fois la finale passée et, on espère, avec ce titre. »

En tout cas, après un tel exploit, le champ des possibles est ouvert. Avant de débarquer sur les bords de l’Atlantique, le Leinster avait d’ailleurs gagné 25 de ses 28 derniers matchs joués en Champions Cup, marquant en moyenne 32 points par match lors de ses victoires. 32 comme le nombre d’unités au tableau d’affichage en faveur de La Rochelle, ce dimanche. Joli clin d’œil de l’histoire.

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