MHR : esprit, tu es là

Le paradoxe est déroutant. Vendredi, Montpellier reçoit La Rochelle dans un match capital pour sa survie dans l’élite. Le week-end dernier, il s’est offert la possibilité de remonter sur le (petit) toit européen, cinq ans après son titre de 2016, après sa victoire en demi-finale du Challenge contre Bath (10-19). Deux salles, deux ambiances. Deux compétitions, deux défis immenses. Tant pis s’il faut gérer les sept matchs en trente-deux jours (six de Top 14, un de Challenge). Et tant pis si les corps risquent de perdre quelques points de vie en route avec l’enchaînement des rencontres. Ce casse-tête de fin de saison, le MHR est allé le chercher.

Samedi soir, quelques chose s’est passé sur la pelouse du Recreation Ground. Les rafales anglaises se sont heurtées à un mur. Infranchissable. Acculés sur leur ligne dans la dernière demi-heure, Paul Willemse (22 plaquages) et ses partenaires n’ont jamais craqué. Comme si une force collective, qu’on ne leur connaissait plus depuis près de deux saisons, les habitait. « On a montré un cœur énorme, une abnégation à toute épreuve. Chaque fois qu’il y avait une erreur, le coéquipier d’à-côté la rattrapait », soufflait un Benoît Paillaugue héroïque samedi.

Abnégation et solidarité

Une solidarité de tous les instants qui a chassé l’espace de quatre-vingts minutes les clichés que trimballent le club depuis l’ère Jake White (2014-2017). Et un état d’esprit qui confirme le renouveau montpelliérain de ces dernières semaines (six victoires consécutives toutes compétitions confondues) après avoir vécu l’enfer cet hiver et sa série cauchemar de neuf défaites d’affilée. « Les mecs revenaient le lundi avec mal à la tête mais avec beaucoup d’envie, d’abnégation et de résilience, assurait le manager Philippe Saint-André. Ça allait tourner un moment donné. Maintenant, on est à sept victoires sur les huit derniers matchs. Ces matchs qu’on perdait en janvier, on les gagne aujourd’hui. Les mecs ont confiance les uns envers les autres. »

Une confiance et une dynamique que les coéquipiers de Fulgence Ouedraogo tenteront à tout prix de conserver face au finaliste de la Coupe d’Europe, la grande cette fois-ci, La Rochelle. Un challenge de taille. Mais pas (plus) insurmontable. En Top 14, le MHR sort de deux victoires contre Clermont (22-16) et à Toulouse (16-29) fin mars. Leur état d’esprit, mêlé à un système de jeu plus fluide, avait été la clé. « C’est la différence entre le début et milieu de saison. On ne se lâche pas. On a été beaucoup critiqué, été au fond du seau. On a réussi à remonter la pente, à être solidaires. C’est ce qui nous fait gagner depuis quelques matchs », abondait le troisième ligne Alexandre Bécognée, en grande forme.

Une éclaircie dans une saison noire fait son apparition au GGL Stadium. Quelques certitudes aussi. Mais la prudence reste le leitmotiv. « On est un nouveau groupe. Il faut créer des exploits, des matches références », soulignait Benoît Paillaugue après celui de Bath. Un succès contre La Rochelle, deuxième du championnat, en serait un. À condition d’être irréprochable dans ce qui fait l’essence de ce sport, l’état d’esprit. Mais ça, le MHR sait de nouveau l’être.