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Botia : « Mon fils m'a dit : « La Rochelle a perdu à cause de toi, papa » »

Par Marc DUZAN
  • Botia : « Mon fils m'a dit : « La Rochelle a perdu à cause de toi, papa »  »
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Exclu de la dernière finale de Champions Cup pour un plaquage dangereux sur Maxime Médard, le trois-quarts centre rochelais Levani Botia (32 ans) revoit la scène. Confidences...

Comment avez-vous vécu les jours ayant suivi la finale de Champions Cup ?

(il soupire) Je ne sais pas quoi vous dire... Je n'arrive pas à tourner la page, en fait... Ce carton rouge, j'y pense tout le temps...

Est-ce une vraie désillusion ?

Oui. C'est peut-être même la plus grosse désillusion de ma carrière .

Que s'est-il passé exactement, sur ce plaquage adressé à Maxime Médard ?

Je ne sais pas... Tout est allé si vite... Je me souviens juste être sorti du terrain dès que l'arbitre (Luke Pearce) a dégainé le carton rouge.

Avez-vous immédiatement pensé avoir commis quelque chose de répréhensible ?

Non. Je ne pensais pas, au départ, que je recevrais un carton rouge. Je m'attendais plutôt à un jaune.

Maintenant que vous avez vu les images, qu'en pensez-vous ?

Ca ressemble à un carton rouge, oui... C'est compliqué, tout ça...

Il y eut, côté toulousain et dans cette même rencontre, un plaquage haut de Pita Akhi sur Grégory Alldritt. Cette action ne fut pas sanctionnée par monsieur Pearce. Revoyez-vous cette action ?

Je l'ai vue, oui. Les deux plaquages se ressemblent mais ce n'est pas à moi de prendre les décisions.

A quoi pensiez-vous, seul, en tribunes ?

J'étais nerveux... Et tellement désolé pour les gens de La Rochelle, mes coéquipiers, le staff... J'étais aussi ennuyé pour Maxime Médard, que j'apprécie beaucoup.

Avez-vous parlé avec lui, après la rencontre ?

Oui. Je me suis excusé et j'étais vraiment sincère. Le contact était probablement trop dur...

Que vous a dit Ronan O'Gara, votre manager, après la rencontre ?

Il s'est approché de moi et m'a dit : « Ca s'est passé. On ne peut pas le changer. Passe à autre chose ».

Pensez-vous votre saison terminée ?

C'est peut-être fini... (il soupire) Oui, ma saison est probablement finie....

Et vos proches ? Comment ont-ils réagi ?

Mon fils était en colère. Il m'a dit : « La Rochelle a perdu à cause de toi, papa ».

Pensez-vous que le Stade rochelais est capable de devenir champion de France après cet échec en finale européenne ?

On a déjà perdu en demi-finale contre Toulon (15-18, en 2017) et contre Toulouse (20-6), deux ans plus tard, au même stade de la compétition... Mais je sais que nous sommes capables de nous relever. La Rochelle est un grand club. Nous serons un jour champions de France.

Il y a sept ans que vous êtes à La Rochelle et pourtant, vous êtes relativement peu connu du grand public. D'où venez-vous, Levani ?

D'un village situé non loin de Suva, la capitale des Fidji. Petit, j'ai commencé par l'athlétisme mais, dès que j'ai vu les rugbymen parcouraient le monde et vivaient de leur passion, j'ai voulu devenir l'un d'entre-eux. J'ai travaillé dur pour devenir un « flying fijian ».

Avez-vous toujours été rugbyman professionnel ?

Non. Mon premier job était gardien de prison. Je démarrais ma journée à 7 heures, je surveillais les prisonniers au petit-déjeuner, les accompagnais jusqu'à l'infirmerie, jusqu'aux douches... C'était un job risqué, vous savez. Je bossais avec des gens qui n'avaient plus rien à perdre, des voleurs, des meurtriers... Là-bas, j'ai dû apprendre à me protéger : certains de mes collègues ont été blessés lors de tentatives d'évasion.

C'est dur...

Oui. Quand je rentrais chez moi, le soir, j'avais du mal à penser à autre chose et garder le sourire. Malgré tout, j'ai mis beaucoup de temps à annoncer à mon épouse Emily que j'avais changé de métier et écroché un contrat de rugbyman professionnel. Ca me gênait, en fait... Je suis quelqu'un d'assez humble... Et j'avais peur qu'elle se dise que rugbyman, ce n'était pas un vrai job...

Qui vous a contacté, avant votre arrivée en France ?

C'est Sireli Bobo (ancien ailier de l'équipe nationale des Fidji). Il jouait au Japon à l'époque mais avait été le coéquipier de Patrice Collazo, au Racing. Sireli m'avait vu avec l'équipe des Fidji à 7, lors d'un tournoi. A l'époque, La Rochelle cherchait un joker médical au poste de centre. En France, les premiers mois ont été difficiles. J'avais toujours à VII, jusque-là. Tous les week-ends, c'était un peu la découverte.

Quelle relation aviez-vous avec Patrice Collazo ?

Très saine. Je n'oublierai d'ailleurs jamais le jour où Patrice m'a demandé de jouer flanker. C'était en 2017, peu avant de recevoir Toulouse au stade Deflandre. Dans la semaine, il m'avait convoqué dans mon bureau et m'avait dit : « On a des mecs en sélection, des blessés... J'ai un truc à te dire, Levani : « Tu serais ok pour jouer flanker ? »

Qu'avez-vous répondu ?

J'ai immédiatement accepté. Je connaissais un peu le poste, je l'avais pratiqué aux Fidji quand j'étais môme. En fait, il n'y a que sur les touches que j'étais un peu perdu... Il y avait tellement de combinaisons, tellement de mouvements différents... Mais l'essentiel, je l'avais.

C'est à dire ?

Au rugby, tout le monde peut taper dans un ballon ou faire une passe. Mais tout le monde n'est pas capable de faire un bon plaquage. Pourtant, si tu le rates, tu mets ton équipe en danger. Le plaquage, c'est la base du rugby. Tu ne peux le manquer. C'est non négociable.

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Les commentaires (3)
jamy09 Il y a 2 années Le 28/05/2021 à 14:33

Joueur peut-être sympa, mais trop dangereux à mon avis. Ce n'est pas la première fois qu'il assène des placage de ce type. Médard a vraiment eu énormément de chance, il aurait pu terminer sa carrière sur ce placage. Certes ça aurait fait plaisir à certains anti-toulousains, mais il faut éliminer ce genre de joueurs hyper violent sur l'homme, sinon t'as pas envie de mettre ton gamin à ce sport.

stloup Il y a 2 années Le 28/05/2021 à 13:42

c'est plus une circonstance de jeu qu'un acte déloyale il encercle le joueur et ne le relâche que dans un deuxième temps et sur l'action Maxime Médard se baisse le rouge est incontestable mais avec des circonstance atténuantes

PINOUSSE Il y a 2 années Le 28/05/2021 à 11:25

C'est un homme sympa. J'ai compris la sanction et ai été triste pour lui mais heureux que Maxime ne soit pas blessé.