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Lacroix : « Toulouse n’a pas lâché un seul match cette année »

  • Didier Lacroix (Toulouse).
    Didier Lacroix (Toulouse). Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Dans un long entretien, le patron du quintuple champion d'Europe depuis samedi soir, dresse le bilan d'une saison pas encore finie dans laquelle il nourrit des ambitions pour ce club avec lequel il entame sa 38ème année.

Qu’est-ce que change cette victoire en Coupe d’Europe ?
 

Dans un premier temps, c’est qu’il rajoute une cinquième étoile. Que le Stade toulousain est de nouveau le premier détenteur à glaner cinq titres européens. Cela remet le Stade sur la première marche européenne. Nous pouvons être fiers du parcours de nos joueurs.

Quelles seront les retombées économiques ?
 

Il faut voir quelle sera la conjonction de l’attractivité qui s’est accrue mais qui est à conjuguer avec l’économie de sortie de la crise de la covid, qui est difficile à évaluer. Est-ce que l’on pourra récolter les fruits habituels d’un titre comme celui-là ? Ou alors, la performance sportive sera atténuée par la conjoncture économique ? Je ne pourrai vous répondre qu’au mois d’octobre.

Quand est-ce que le président que vous êtes s’est mis à croire une victoire européenne en 2021. Au départ, vu votre tableau de phases finales, cela semblait  très difficile ?


Avec tous les bémols atténuants qu’il faut mettre, mais à partir du moment où le Stade toulousain joue une compétition, prétentieusement, c’est pour la gagner ! D’autant plus que l’on avait fait preuve d’une certaine régularité puisque l’on sortait de deux demi-finales de Coupe d’Europe les deux dernières saisons. En 2019, on perd contre le Leinster qui remportera en suivant la finale et idem à l’automne dernier face à Exeter. Grâce à l’ensemble des présidents de clubs français, nous avons eu une négociation avec l’EPCR en fin de saison dernière importante. L’an passé, au moment de l’arrêt des compétitions dû à la pandémie, le Stade s’est arrêté en septième position du Top 14 et je tiens à la distinction : pas classé septième ! Seule une modification demandée par l’ensemble du rugby français a fait que le Stade toulousain, mais aussi Montpellier et d’autres formations britanniques, s’est qualifié pour une formule de Champions Cup révisée avec huit qualifiés. Elle sera sera renouvelée la saison prochaine. Tout ça pour dire qu’une fois cette négociation menée et la solidarité dont a fait preuve le rugby pro français, il était hors de question de ne pas défendre nos chances à fond.

Mais à la mi-temps du match face au Munster, à Limerick, vous étiez encore loin de la finale de Londres. Est-ce cette rencontre qui a lancé votre aventure ?
 

Modestement, Toulouse cherche à bien figurer jusqu’au bout. Est-ce la mi-temps au Munster, alors qu’il reste trois matchs et demi, ou la 75e minute de la finale face à La Rochelle, tant cette finale a été serrée, je ne sais pas vous répondre… J’étais nourri par l’ambition de voir le Stade remporter cette magnifique compétition mais j’y ai cru qu’une fois que Monsieur Pearce a sifflé la fin de la rencontre face à La Rochelle.

La saison dernière, votre club avait payé un lourd tribut sportif au niveau des résultats, lors de l’absence des internationaux que ce soit durant le Mondial ou les 6 Nations. Or, cette saison, l’équipe s’en est mieux sortie et d’autres joueurs ont émergé. Votre groupe est-il plus fort, plus expérimenté que lors des deux dernières saisons ?
 

Tout d’abord, l’an passé, en période de Coupe du monde, il y a eu un nombre de matchs où nos internationaux n’étaient pas disponibles, plus la fatigue inhérente à la sortie d’une telle compétition. Ce sont des facteurs supplémentaires à gérer par rapport à une saison « classique ». Ce qui s’est passé cette année, et qui peut expliquer nos bons résultats, c’est que ce groupe a pu travailler ensemble depuis mai 2020. Nous en sommes donc à notre 53e semaine de travail. Certes, il y a eu des congés mais avec l’arrêt des compétitions et l’absence de tournée d’été, tous les joueurs étaient présents lors de la reprise, pour une fois, mis à part les blessés de longue date. Et cela change tout ! Ugo Mola et ses adjoints ont été très performants pour faire monter en gamme certains jeunes mais aussi dans la gestion des joueurs les plus expérimentés ou les plus sollicités. Avec quelques spécificités. Prenons l’exemple d’Antoine Dupont, qui est devenu un joueur iconique du club et du rugby français. Eh ! bien l’an passé pour le Stade toulousain, il a joué soixante minutes en Top 14 ! (52 minutes exactement, N.D.L.R.).Cela n’a rien à voir avec cette année, où malgré le fait qu’il soit devenu indispensable en équipe de France, on peut compter sur lui très régulièrement.

Mais c’est le cas des grosses écuries du Top 14 aussi comme le Racing, La Rochelle ou même Montpellier ?
 

Oui mais je voulais souligner que Toulouse n’a pas lâché un seul match cette année, grâce à la qualité de son effectif mais aussi cette bonne gestion. Que n’ai-je pas entendu de la composition d’équipe alignée face à Pau, lors d’un week-end de 6 Nations… Et pourtant, cette équipe dite de doublon a été plus performante que celle qui avait affronté la Section avec tous nos titulaires ! À Bayonne, même privé de certains, on y allait pour défendre crânement nos chances. Sauf que, parfois, on a le droit d’être moins performant, de perdre à Bayonne, à Toulon ou à Castres et Montpellier mais avec un sacré panache. On verra si la fin de la saison nous donne raison ou tort.

On ne vous entend jamais râler à propos de la mise à disposition des internationaux et du handicap que cela peut causer à votre club…
 

C’est une position et une conviction. Bien sûr que nous sommes impactés par cette superposition des calendriers, comme d’autres clubs. Bien sûr que l’on poursuit nos objectifs pour être chaque année bien placé en Top 14 et en Coupe d’Europe. Mais je ne peux pas occulter le fait que le rugby français est à deux ans d’une Coupe du monde sur notre territoire ! Que nous avons des gamins, des joueurs qui ont envie de porter le maillot bleu, qui rêvent de cette Coupe du monde. Alors, se mettre systématiquement en opposition avec les intérêts fédéraux qui sont divergents dans une communication ne me paraît pas être efficace. Je préfère l’ouverture de la discussion entre les deux parties plutôt que de s’épancher dans la presse. Bien sûr qu’il y a opposition mais on doit la gérer par la discussion. Comment on arrive à demander aux entraîneurs de clubs que sont Ugo mais aussi Laurent Travers, Franck Azéma et les autres de se mettre à la place du sélectionneur Fabien Galthié mais aussi à lui de se mettre à leur place. On lui laisse pleinement la liberté de choix mais on lui demande aussi de regarder quels sont les compromis possibles. Par définition, nous sommes sur des intérêts divergents. L’attaque systématique, en ne défendant que le point de vue de mon club, ne me paraît pas être la meilleure solution. Très prétentieusement, j’essaie de faire valoir les prérogatives des clubs auprès de la FFR. Et croyez-moi, je me montre le plus déterminé possible mais dans un cadre précis.

Avez-vous été surpris par certains de vos jeunes joueurs comme Lebel ou Tolofua qui semblent avoir pris une nouvelle dimension  ?

Depuis la nuit des temps et depuis que j’ai mis un pied dans ce club, j’ai toujours vu des jeunes lancés dans le grand bain, soit en raison d’une blessure d’un titulaire ou à sa sélection et qui en profitent. Dès que la porte s’entrouvre, ils la prennent et c’est très bien. Mais les successeurs de Mathis Lebel ou de Selevasio Tolofua - et j’espère que cela perdurera longtemps - sortiront au moment de leur sélection chez les Bleus. C’est cette capacité de formation qu’il nous faut faire perdurer. Tout un club s’y attelle. Après, non je ne suis pas surpris par leur prestation car nous les avons vus évoluer dans leur formation. Notre ambition est de leur offrir du temps de jeu. Et c’est tout le chantier global de la formation. Car il n’y a plus ces compétitions, comme il y a trente ans, tels que les challenges Du Manoir ou Béguère, où les jeunes pouvaient s’aguerrir en équipe première. Le Top 14 ou la Coupe d’Europe ne le permettent que trop peu. Pourquoi ne pas favoriser les prêts en Pro D2 ou en Nationale afin de leur permettre de jouer ? Où alors revaloriser le championnat espoir ? L’idée c’est qu’ils soient disponibles pour leur club où les équipes de France de leur catégorie et cela passe, selon moi, par le jeu.

Toulouse est redevenu un modèle économique (avant la crise de la covid), et sportif (avec ce titre européen qui fait suite au Brennus en 2019) alors qu’il semblait avoir perdu ce leadership sur le rugby des clubs. Était-ce l’un de vos buts quand vous avez pris la présidence ?
 

Si ce club est redevenu performant au niveau sportif ces dernières années, c’est qu’il a traversé un passage compliqué mais en conservant son modèle économique. Nous avons gardé à peu près les mêmes éléments de structuration de son économie, de sa formation. Il y a des passages plus délicats que d’autres pour diverses raisons, que nous avons vécus. Il faut donc mettre beaucoup d’humilité dans la mission que nous menons au sein d’une institution extrêmement solide et cela, on le doit à nos prédécesseurs. Après, sur le constat que vous faites, bien sûr que nous sommes heureux et même fiers. Mais en ce début de semaine, j’ai écrit à mes prédécesseurs que pour inscrire une cinquième étoile sur le maillot, il a fallu qu’eux en gagnent quatre ! Nous sommes tous mis en avant à un moment donné mais on ne reste qu’un maillon d’une personne morale qui s’appelle le Stade toulousain. C’est facile en ce moment de se revendiquer de celle-ci, cela l’a été moins par le passé. Alors, aller chercher les lauriers, ce serait une grave erreur de ma part en termes d’humilité et d’objectivité.

Et pour cette fin de saison, le Stade toulousain doit-il ou peut-il viser le doublé ? Où est-ce impossible comme certains l’affirmaient il y a quelques années ?
 

On rêve, je rêve du doublé ! Mais pourquoi pouvons-nous le faire ? Parce qu’à l’heure où je vous parle, le Stade est premier au classement du Top 14. L’équipe a réalisé une saison 2020-2021, indépendamment du titre européen, de belle facture, et donc la position du club est d’aller chercher si c’est possible, puisque mathématiquement nous sommes déjà qualifiés pour les barrages, une demi-finale directe pour éviter une rencontre supplémentaire. Et si jamais on y parvient, nous aurons alors de l’appétit, sans prendre en compte la saison européenne. Pour le moment, nous nous sommes bien comportés en Top 14. Et de ce fait, nous sommes l’un des favoris pour le titre. Pas le seul ! Le Racing 92 ou Clermont possèdent des arguments et bien évidemment La Rochelle avec qui nous jouons un mano a mano depuis des mois, sans compter Bordeaux qui a avancé caché du fait de ses matchs en retard. Oui, le doublé est un objectif, très ambitieux je le concède, mais je vous l’ai déjà dit quand le Stade toulousain prend part à une compétition, c’est pour la gagner. Il nous reste cinq ou quatre matchs et je le mets bien dans l’ordre pour le réussir. Mais avant, qualifions-nous pour les demi-finales !

Est-ce que l’un des objectifs de la fin de la saison, c’est aussi de réussir à communier avec votre public ?
 

Notre cinquième victoire en Coupe d’Europe n’a pas pu et ne peut pas vivre une vie « classique » d’après match. Nous en avons été conscients et je crois jouer le jeu avec les autorités, pour éviter une liesse populaire, qui est certainement l’élément qui nous manque le plus, ce partage avec notre public, surtout dans ces instants. Mais nous avons pris nos responsabilités. Et pourtant, avoir la chance de pouvoir remplir la place du Capitole est unique ! L’engouement que suscite un titre, ici à Toulouse, est quelque chose qui avait émerveillé Jérôme Kaino qui en a pourtant vécu des expériences victorieuses avec les Blacks ou avec ses équipes en Nouvelle-Zélande. On se l’est interdit et merci aux joueurs d’avoir été respectueux. Le lendemain de notre retour de Londres, Lille, sacré champion de France en football, se l’est permis… Je vous avouerai que cela a généré chez moi une certaine frustration mais je donne rendez-vous à nos supporters à la fin de la saison, une fois que l’on aura terminé notre parcours en championnat, et si possible le plus tard possible, et l’on fera quelque chose. Quoi ? On verra en fonction de la date. Mais pour l’heure, ce n’est pas le moment de se poser la question. Depuis mardi, les joueurs, le club, se sont remis au boulot, après quarante-huit heures de relâchement légitime. Tout le monde est focus sur le premier objectif et notre match de Clermont samedi soir qui peut s’avérer déterminant.

Vous vous êtes beaucoup investi dans les dernières élections de la LNR, notamment pour soutenir la candidature de René Bouscatel, au détriment de Vincent Merling. Pour quelles raisons ?
 

Je crois que le moment est venu que l’antagonisme entre les deux institutions (Fédération et Ligue) soit de l’histoire ancienne. J’ai beaucoup de respect envers Vincent Merling, d’estime sur le travail qu’il a accompli à La Rochelle. Son club est un club qui nous ressemble dans la forme économique, dans sa capacité à partager avec son territoire, dans ses relations avec ses supporters. Je salue le boulot réalisé. Chapeau ! Les parcours de La Rochelle, que ce soit en Champions Cup ou en Top 14, ne doivent rien au hasard. Mais je n’étais pas d’accord avec un certain nombre de thématiques qu’il défendait, lui et certains de ses soutiens, pendant la campagne. Il est temps - je suis peut-être utopique - d’avoir des relations apaisées avec la FFR plutôt que d’être constamment en guerre. On verra qui aura raison mais je suis certain qu’il faut en finir avec le rapport de force constant. Même s’il reste des points de divergences. Malheureusement, les clubs professionnels n’ont pas su parler d’une même voix. Lors de cette élection, il y a eu des équilibres très partagés. Il faut passer outre les vexations inhérentes à toute campagne électorale, que l’on peut comprendre.

À l’automne vous aviez tiré fortement le signal d’alarme, évoquant une possible cessation de paiements mais il n’en a rien été. Où en est le rugby pro au niveau économique, et plus particulièrement le Stade toulousain ?


Sans aide de l’état, le rugby français - je l’ai dit et redis (j’ai même hérité du qualificatif de pleureuse de la part de Mourad Boudjellal) - était incapable de passer cette période sans public. Sans intervention, il y aurait eu de gros dégâts. Notre sport était dépendant, pour les clubs qui en ont, de leur actionnaire principal. Il y aurait eu des déficits d’exploitation abyssaux. De fait, le Stade toulousain, qui ne dépend pas d’un mécène, faut-il le rappeler, était et est encore dans une véritable difficulté. Nous avons obtenu une partie des compensations liées à ce manque du public. L’État doit d’ailleurs confirmer ces aides pour le premier semestre 2021. C’est entendu sur le principe mais le calcul doit encore être précisé et il est attendu par tous les clubs. Notre chantier, pour les clubs de Top 14 et Pro D2, c’est de retrouver une situation de normalité. Cela veut dire quoi ? La normalité, c’est d’accueillir du public. Va-t-il venir en nombre et force comme auparavant ? Tout le monde pense qu’il va y avoir une frénésie de consommation, donc de rugby, dans l’après covid. Pourquoi pas mais je tiens à rester prudent. Parce qu’il y a aussi une autre inconnue : la relation avec nos partenaires, qui ont aussi souffert. Vont-ils repartir avec nous ? Dans un club comme le Stade toulousain, cela représente près de 55 % des ressources.

Pour le coup, avec ce titre de champion d’Europe, cela doit être plus facile d’obtenir des garanties ?
 

Nous sommes sur une période plutôt séduisante mais au-delà de cette attractivité, dont on fait preuve, les entreprises auront-elles la capacité d’investir des budgets de partenariat ? La question se pose et je le comprends. Pour nous, cela dépendra, comme pour toute l’économie toulousaine, de la santé de l’aéronautique. C’est pour cela que je suis prudent. Nous avons pu « survivre » aux premières étapes de la crise et je remercie nos abonnés et nos partenaires qui, jusqu’alors, nous ont suivis. Sans eux et les aides étatiques, qui ont été nécessaires, nous avons pu terminer nos exercices comptables en souffrant mais en restant debout. Mais la rentrée prochaine, notre performance dans nos abonnements et la partie commerciale seront déterminantes. Si jamais cela repart avec du monde au stade, on pourra commencer à tourner la page mais un nouveau rebond de la maladie nous plongerait dans une très grande précarité.

Travaillez-vous sur un budget en baisse l’an prochain ?

On travaille sur des prévisionnels très prudents mais de principe, on ne peut pas partir dans une situation dans laquelle on n’a pas de public comme cette année. On se doit d’avoir de l’espoir, d’être un tant soit peu audacieux. Alors, non le budget n’est pas orienté à la baisse. Car notre modèle économique ne fonctionne qu’avec des entrées au stade. Cette année, nous avons vécu sous perfusion de l’État mais cela ne peut être que temporaire. On a vécu à crédit sur notre trésorerie mais on ne pourra pas le faire la saison prochaine.

D’autant plus qu’il va vous falloir verrouiller vos meilleurs jeunes dans les prochaines années. Le pacte de non-agression en matière de transfert, qui existe de fait cette année, n’aura plus cours une fois que l’économie aura redémarré...
 

Cette année, beaucoup de nos joueurs avaient des contrats à long terme, c’est cela qui nous a protégés. Mais je ne peux pas vous laisser dire que nos joueurs ne sont pas sollicités par d’autres clubs. C’est une certitude. Nous avons commencé à réfléchir sur l’après. à long terme aussi. Et pour cela, la saison 2021-2022 sera une période hyperimportante pour ce genre de décision. À la rentrée, nous serons en capacité de présenter un plan de marche pour les cinq ans à venir. Gérer un club, c’est gérer le quotidien mais aussi prévoir le futur.

Vous êtes redevenu attractif pour les joueurs, notamment les meilleurs français. On l’a vu avec le transfert de Jelonch en provenance de Castres, ou la volonté affichée du Lyonnais Barassi de vous rejoindre la saison prochaine ou celle d’après...
 

Cela fait partie du cercle vertueux et de la dynamique que l’on a mise en place. Et puis, nos joueurs actuels sont parfois nos meilleurs ambassadeurs. Vous me parlez d’Anthony Jelonch. Il est indéniable que son ami d’enfance Antoine Dupont a joué un rôle dans ce transfert. Le Stade toulousain est peut-être redevenu attractif mais cela doit s’entretenir car l’équilibre est fragile. Il faut faire les bons choix car les autres ne dorment pas non plus. Il y a aussi un équilibre financier à tenir. On se doit de rester sous la barre fixée par le salary cap. C’est d’ailleurs le cas actuellement par le Stade toulousain. On a donc une petite marge de manœuvre.

Le duo que vous formez avec Ugo Mola peut-il s’inscrire dans la durée comme Bouscatel-Novès, des années 1990-2010 ?
 

Vous sortez deux noms mais il y a aussi un directoire qui est redoutablement efficace et qui travaille dans l’ombre, un conseil de surveillance acquis à la réflexion de l’avenir du club. Je crois beaucoup à la stabilité. Oui avec Ugo, nous sommes complémentaires et il existe une vraie affinité entre nous. Mais n’oubliez surtout pas Jérôme Cazalbou, qui a un rôle prépondérant au club, y compris dans ma relation avec Ugo. On peut se dire les choses, de façon non politiquement correcte mais de manière franche. Il existe une loyauté dans nos rapports. Parfois, nous ne sommes pas d’accord mais chacun écoute les arguments des autres. Et quand une décision est prise, tout le monde va dans le même sens. Après, je finirai en disant que je ne suis pas éternel et que dans dix ans, je peux vous assurer que je ne serai plus président du Stade toulousain. Je n’ai pas mon plan dans la tête mais pour le bien du club, il va falloir que quelqu’un prenne le relais. Qu’il soit plus jeune, plus fort, plus vif.

Bernard Laporte aurait aimé vous compter sur sa liste lors de sa réélection et il se murmure qu’il voit en vous son possible successeur. Pourriez-vous vous engager à la FFR ou à la LNR, dans un rôle de président ?
 

Dans vos colonnes, il y a trois ans, j’avais déjà exprimé que je n’étais ni l’homme de Paul Goze, ni celui de Bernard Laporte. Je n’ai pas changé. Est-ce que j’ai d’autres ambitions que celle de diriger le Stade toulousain ? La réponse est non, je vous le garantis. Le travail que j’ai entrepris dans ce club, quand bien même il peut être symbolisé par ce titre européen, n’est pas terminé car nous sommes loin encore de s’être mis à l’abri, d’avoir tout consolidé. Cela se passe très bien mais la mission n’est pas terminée. Il est donc hors de question de penser à autre chose. Et puis, je ne suis pas formaté pour ce genre de choses. J’ai l’humilité de dire que je commence à comprendre et à intégrer certains réflexes qui existent dans les institutions. Et puis, je n’ai pas d’appétence pour ce genre de choses. La démarche publique m’intéresse pour mon club mais pas pour la Ligue ou la Fédération pour le moment. Je marche aussi par passion et après le Stade toulousain, le monde du vin ou de la tauromachie m’attirent plus ou encore mon agence de communication… Je n’ai pas d’ambition personnelle de me mettre dans le premier fauteuil. J’ai besoin d’être certain que je peux amener quelque chose et que j’aurai la lucidité, le savoir-faire et la compétence pour le faire. Je crois l’avoir pour mon club.

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Les commentaires (2)
rugbypass Il y a 2 années Le 28/05/2021 à 07:34

Prétentieusement à plusieurs puis humilité , D Lacroix manie le paradoxe. J'aurais souhaité que tout ne soit pas que modeste (?) auto-promotion mais qu'il y ait une ou deux questions sur la finale.
Après le carton rouge de Botia , un jaune aurait été un moindre mal pour Akhi mais le cou n'est évidemment pas au dessus des épaules pour Luke Pearce pas plus qu'une mêlée enfoncée à la dernière minute et le ballon rendu à Toulouse...

SFKazak Il y a 2 années Le 27/05/2021 à 21:06

Il me semble malgré l'excellente saison du Stade Toulousain, une impasse a été faite à Toulon...