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Trois hommes en noir exilés au Japon

Par Jacques BROQUET
  • Les All Blacks durant le haka.
    Les All Blacks durant le haka. Dave Lintott / Icon Sport
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On a tendance à l’oublier, mais le Japon abrite actuellement plusieurs grands noms du rugby néo-zélandais. Beauden Barrett joue à Suntory Sungoliath, TJ Perenara est à NTT Red Hurricanes et Brodie Retallick porte le maillot des Kobelco Steelers. Ces trois monstres sacrés sont venus de concert parler à la presse de divers sujets avec un regard transpacifique. 

 Brodie Retallick (Nouvelle-Zélande, Kobelco Steelers)
Brodie Retallick (Nouvelle-Zélande, Kobelco Steelers) Icon Sport

Brodie Retallick - Deuxième ligne des Kobelco Steelers

« Mon retour n’est pas couru d’avance ! »

 
Exilé au Japon depuis la Coupe du monde 2019, Brodie Retallick joue pour les Kobelco Steelers, club entrainé par Wayne Smith, entraîneur adjoint de Steve Hansen quand les All Blacks ont remporté la Coupe du monde 2015. Son aventure s’est terminée en quart de finale.

Comment se passe votre séjour au Japon ?

C’est une expérience extraordinaire, surtout que je la vis avec ma famille. Je suis arrivé juste après la Coupe du monde et, du fait de la crise sanitaire, je n’ai pu jouer que cinq matchs l’an dernier. J’ai donc eu un break de six ou sept mois qui m’a fait beaucoup de bien au niveau physique mais aussi mental. J’ai pu bénéficier d’une longue pré-saison pour me préparer. Du coup je n’ai jamais été aussi en forme physiquement. Le corps est en parfait état et je suis bien mentalement. Pouvoir se plonger dans une autre culture est rafraîchissant. J’en profite d’ailleurs pour aider mes coéquipiers japonais au niveau de la technique individuelle et en leur donnant des conseils. L’environnement est très professionnel et les gars sont très sérieux.

Le niveau d’engagement physique en Top League n’est pas au même niveau que dans le Super Rugby. Est-ce que ceci va poser des problèmes à votre retour en Nouvelle Zélande et pour un éventuel rappel dans le groupe des All Blacks ?

C’est quelque chose de nouveau pour moi et, pour tout vous dire, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Le coté engagement physique au rugby est plus une question de mental que de force physique. Mais ceci reste un gros défi de savoir combien de temps il faut pour se réadapter. C’est une inconnue pour moi.

Quel est votre avenir ?

J’ai signé un contrat de deux saisons avec Kobelco Steelers. Ce contrat arrive à échéance à la fin de la Top League le 22 mai. J’ai signé un contrat de deux ans avec New Zealand Rugby qui me verra retrouver les Chiefs pour le prochain Super Rugby en 2022. Du fait des conditions de quarantaine en place, je ne pouvais pas partir au Super Rugby Trans-Tasman cette année.

Avez-vous gardé un œil sur le Super Rugby et le Rugby Championship ?

Oui tout à fait. Je suis d’abord heureux de voir que les Chiefs ont totalement inversé leur état de forme par rapport à l’an passé. Ils jouent un bon rugby, leur niveau technique est excellent, surtout au niveau des avants. Et les trois-quarts sont capables de créer le danger de partout. Je trouve le troisième ligne Jacobson excellent. Je suis fier de ce qu’ils accomplissent cette saison même si c’est dur pour les nerfs avec ces victoires à la dernière minute. J’ai aussi remarqué qu’il y avait des jeunes deuxième ligne qui émergeaient et que mon retour chez les All Blacks n’est pas couru d’avance. Quant aux Australiens, je trouve qu’ils progressent.

On assiste à une recrudescence de distribution de cartons rouges dans le Super Rugby. Est-ce que vous pensez que celà dénature le jeu ?

J’ai toujours aimé le contact mais il faut éliminer les effets négatifs tels que les placages hauts ou les charges à l’épaule car ces actions peuvent être dangereuses pour la santé des joueurs. Je crois qu’un système de citations similaire au XIII pourrait être introduit pour éviter de voir les matchs trop déséquilibrés. D’ailleurs, la possibilité de faire entrer un remplaçant au bout de 20 minutes après un carton rouge est une bonne chose. Il n’en reste pas moins que ces actions illicites doivent être punies mais, il faut aussi comprendre qu’en match, il y a des situations de jeu qui sont inévitables.
 
Beauden Barrett (Nouvelle-Zélande - Suntory Sungoliath)
Beauden Barrett (Nouvelle-Zélande - Suntory Sungoliath) Icon Sport
 

Beauden Barrett - Arrière des Suntory Sungoliath

« Je ne suis pas le meilleur 15»

 
À la veille du début des phases finales de la Top League japonaise, Beauden Barrett, l’ouvreur de l’équipe phare de la Top League, les Suntory Sungoliath, a participé à une conférence de presse au cours de laquelle il a fait quelques révélations quand à son futur avec les All Blacks ou l’apport d’Eddie Jones. Depuis son équipe s’est inclinée en finale face aux Wildknights.

Vous avez pris la décision de passer une année sabbatique au Japon. Quelles sont vos impressions sur le rugby japonais tel que vous le vivez ?

Ce qui m’a impressionné ici, c’est le niveau de technique individuelle des joueurs et la vitesse de jeu. C’est un rugby très agréable à jouer et qui ne met pas trop de pression physique sur l’organisme. Les joueurs japonais sont particulièrement studieux et se donnent à fond aux entraînements. Du coup, il ne s’agit pas de se relâcher à l’entraînement. Pour cela, je serai prêt physiquement pour mon retour en Nouvelle-Zélande. Sur un plan plus personnel, cette expérience japonaise est un vrai bain de fraîcheur. J’ai la possibilité de passer plus de temps avec ma famille, il n’y a pas autant de demandes des sponsors et le jeu est très agréable. Bien sûr, les restrictions sont un peu contraignantes et limitent les sorties mais on a pu profiter pour s’imprégner de la culture locale.
 
Est-ce que le rugby néo-zélandais vous manque ?

J’adore le rugby pratiqué ici et la possibilité de jouer dans un environnement différent où il me faut apprendre à communiquer différemment. Mais je dois dire que c’est très dur de regarder mes coéquipiers jouer en Nouvelle-Zélande, dans le Super Rugby Aoteraoa. Mais je ne peux pas être dans deux endroits au même moment. Donc je me concentre sur mon club de Suntory surtout à l’approche des phases finales. À l’issue de la saison, fin mai, je retournerai en Nouvelle-Zélande où une quatorzaine m’attend. Puis il y aura deux à trois semaines de battement avant que les All Blacks se réunissent.

Parlons justement des All Blacks et de votre positionnement dans cette équipe...

J’ai endossé le maillot d’arrière pour servir l’équipe et le plan mis en place par les entraîneurs. Mais il est évident que je ne suis pas le meilleur en 15, surtout avec des joueurs comme Damo (Damian McKenzie, N.D.L.R.), Will (Jordan) ou Jordie (Barrett) qui sont tous brillants à ce poste en ce moment. Mais c’était le plan de jeu donc j’ai adhéré. J’apprécie beaucoup de jouer à l’ouverture pour Suntory. Cela m’a renforcé dans mon désir d’être encore meilleur au poste d’ouvreur pour amener plus sous le maillot des All Blacks.

On sait qu’Eddie Jones est très proche du club de Suntory. Quel est son rôle et conseille-t-il les joueurs ?

Il est très impliqué avec le club, surtout en début de saison. Il etait là en Janvier pour deux semaines et il est là en ce moment. Il passe beaucoup de temps avec les entraîneurs du club mais conduit aussi des séances d’entraînement avec les joueurs. Il donne beaucoup de conseils aux joueurs, que ce soit sur le terrain ou après les entraînements quand nous prenons nos repas. C’est quelqu’un qui amène beaucoup d’expérience et qui comprend le rugby. Il m’a d’ailleurs bien aidé en me donnant de précieux conseils.

On s’apprête à retrouver une compétition entre provinces australiennes et néo-zélandaises, Y a-t-il un appétit chez les joueurs pour une telle compétition ?

Tout à fait. Je suis heureux que cette compétition ait pu avoir lieu. Pour en avoir parlé avec d’autres, je peux vous dire que tous les joueurs attendaient ça avec impatience. J’ai pu regarder les équipes australiennes et elles produisent du spectacle. À cause du Covid, on ne peut plus aller en Afrique du Sud et l’accès à l’Australie est très restreint. Heureusement les gouvernements des deux pays ont trouvé le moyen de permettre les déplacements entre les deux pays ce qui permet de retrouver ces rivalités Trans-Tasman. L’ajout futur d’autres équipes va faire du bien, et j’espère qu’une équipe japonaise pourra un jour rejoindre ce tournoi.
 
TJ Perenara (Nouvelle-Zélande, NTT Docomo Red Hurricanes)
TJ Perenara (Nouvelle-Zélande, NTT Docomo Red Hurricanes) Icon Sport
 

TJ Perenara - Demi de mêlée de NTT Docomo Red Hurricanes

« Oui, le XIII m’a intéressé »

 
Le demi de mêlée All Blacks, TJ Perenara, vient de finir les phases finales de la Japanese Top League avec le club de NTT Docomo Red Hurricanes. Il a été finalement éliminé en quart de finale. Il a rencontré la presse internationale pour parler de son futur à une époque où on évoquait un passage à XIII. Mais depuis, il a finalement resigné pour les Hurricanes.

Avez-vous sérieusement considéré un éventuel passage à XIII ?

Oui j’étais intéressé. C’était un challenge mais j’avais déjà joué, dans ma jeunesse, au XIII. Le poste de talonneur me conviendrait très bien. J’ai d’ailleurs eu des discussions avec plusieurs personnes sur le rôle du numéro 9 à XIII et les qualités que ce joueur doit apporter. On me dit que physiquement c’est très dur avec beaucoup de plaquages à effectuer mais je pense que physiquement j’aurais tenu le coup. Le principal défi aurait été d’arriver en cours de saison dans une équipe déjà en place et d’établir les relations avec les autres joueurs.

Parlons du Super Rugby Aoteraoa où votre ancienne équipe, les Hurricanes a vécu une saison difficile. Les suivez-vous toujours ?

Oui bien sûr. J’ai éprouvé beaucoup de peine pour les Hurricanes. J’étais resté très proche du club. J’étais en contact régulier avec beaucoup d’entre eux pour les soutenir et leur montrer que je suis là pour eux. Je sais qu’ils ont travaillé dur et que c’est difficile de perdre des matchs qu’ils auraient dû gagner. La situation n’est pas très différente de celle des Chiefs de l’an passé. Ils produisaient du jeu mais n’arrivaient pas à gagner.

Qu’a-t-il manqué aux Hurricanes pour gagner ces matchs ?

Il n’est pas toujours facile de donner la recette miracle. Les Chiefs avaient Damian McKenzie (rires). Je crois qu’il y avait dans cette équipe un problème de discipline dans les fins de match. Souvent, dans ces situations, les décisions à 50-50 se retournent contre vous. Il est important de croire en soi et de continuer à progresser. Sur un plan positif, le fait de perdre tout en fin de match, veut aussi dire que les Hurricanes sont compétitifs pendant pratiquement tout le match.

Roger Tuivasa-Sheck, une des vedettes treizistes a signé à XV. Comment jugez-vous son arrivée et son désir de postuler pour un maillot des All Blacks ?

C’est un excellent joueur et donc une bonne chose qu’il ait signé à XV. Son arrivée va avoir un gros impact. C’est un athlète exceptionnel et il ne peut qu’amener une plus-value au rugby néo-zélandais.

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