La Rochelle se rapproche des demies

 « Le contrat est rempli ! », lâche-t-il, un brin soulagé. Comme pour mettre un point d’honneur à refermer une semaine ô combien « particulière », ponctuée par une victoire certes bonifiée mais loin d’être totalement maîtrisée. Et pour cause, hier soir, à l’issue du succès des Rochelais contre la Section Paloise (51-27), le capitaine Sazy n’a pas masqué l’amertume laissée par la défaite européenne, le samedi précédent, contre Toulouse.

« C’est la première fois que je vis une semaine une comme ça, concède le deuxième ligne. C’était vraiment bizarre. Beaucoup de frustration, beaucoup de temps pour évacuer. Se remettre dans le bain était très délicat. Basculer dès lundi aurait été compliqué. On a mis du temps, joueurs comme staff, à engager la démarche dans la semaine. Tant mieux, ça prouve qu’on est frustrés et qu’on est des compétiteurs. Si tu acceptes de perdre en finale et que le dimanche, tout va bien, tu as vite rebasculer sur le Top 14 [il souffle], je crois que tu n’as pas trop compris. Je pense que le timing était juste. On a su tourner la page au bout moment. »

Le bonus au bout du suspense

« On avait hâte de pouvoir rejouer et évacuer cette désillusion, abonde le pilier gauche Reda Wardi, titulaire pour la 18^e fois en 24 sorties en championnat. La défaite de la semaine dernière nous a beaucoup blessé. L’objectif était déjà de faire un bon match, de se remettre la tête à l’endroit. On a essayé de faire preuve de résilience tout le match. Ce groupe ne veut rien lâcher. » A l’image de ce sursaut d’orgueil, pour récupérer un point de bonus égaré à deux reprises, sur un septième et ultime essai signé Darren Sweetnam à l’approche de la sirène finale (77^e).

Pour façonner cette quinzième victoire consécutive face à Pau dans son jardin de Deflandre, où la Section n’a plus levé les bras depuis 1998, le Stade Rochelais s’est appuyé sur 9 des 15 titulaires alignés une semaine plus tôt à Twickenham. « En début de semaine, tous les leaders sont venus nous voir pour dire : « on veut jouer, on veut jouer », raconte Grégory Patat. Il fallait vraiment évacuer cette défaite en Champions Cup. Mourir si près du but, c’est toujours frustrant. Il y avait des aigreurs, des relents, un gout de métal dans la bouche toute la semaine, il y a eu de la qualité à certains moments à l’entraînement mais on ne sentait pas un niveau assez consistant. Les gars ont fait un sacré job. Il faut les féliciter car ce n’était pas facile. »

« Le plus dur est passé »

Si l’équipe maritime n’est pas encore assurée d’accéder directement au dernier carré du Top 14 – un point de bonus ramené de Clermont, samedi prochain, garantirait toutefois son billet – l’entraîneur des avants estime que « le plus dur est passé ». Car La Rochelle s’est remise en selle sans véritablement régner. « On avait du mal à bouger, du mal à circuler, souligne Patat. On n’a pas vu le meilleur Stade Rochelais, on a échappé beaucoup de ballons, les zones de ruck n’étaient pas claires, on a encaissé je ne sais combien de points… » 27, dont quatre essais.

Jamais jusqu’ici, en effet, les jaune et noir n’avaient vu leurs adversaires aplatir à plus de trois reprises dans l’en-but de Deflandre, cette saison. « On leur en donne deux ou trois », grimace le technicien au regard notamment de sorties de camp mal assurées. Mais l’essentiel, pour l’heure, est ailleurs. Grégory Patat insiste : « Il fallait faire le job, il fallait gagner ces cinq points pour basculer sur cette fin de championnat. Maintenant on a un super objectif qui est ce bouclier de Brennus. » Et il serait bien plus qu’un lot de consolation.