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Couilloud : « Un vrai échec dans notre progression »

Par Julien PLAZANET
  • "Un vrai échec  dans notre progression"
    "Un vrai échec dans notre progression"
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La saison des Lyonnais s'est arrêtée sur un succès face à Agen mais surtout sur une neuvième place en finale et un raté dans cette course à la qualification. Les ambitions étaient grandes, le constat d'échec est lucide.  

Se dire que le match face à Agen était le dernier de la saison doit provoquer de la déception et de la frustration ?

Oui, et surtout de la frustration. Vu l’effectif que l’on a et au regard des ambitions du club, on est frustré d’avoir réalisé une telle saison et d’être à la neuvième place aujourd’hui. C’est évident que l’on a joué ce match avec de la frustration.

Dans la préparation de ce dernier match, il a fallu gérer la déception de la défaite rédhibitoire au Stade français. Est-ce qu’il était déjà l’heure de faire des bilans ?

Non, très clairement, le discours a été de finir correctement cette saison pour clôturer de la meilleure des manières cet épisode un peu douloureux. On voulait faire honneur au maillot parce que cela n’a pas été le cas tout au long de la saison. Après ce match, vient l’heure du bilan et on va avoir l’occasion d’essayer de trouver des solutions pour évoluer et pour ne pas que cette saison se reproduise.

Après plusieurs saisons de constante progression, on est sur un coup d’arrêt brutal pour le Lou ?

Oui. Je pense que la saison dernière avait déjà été difficile à encaisser. La Covid-19 nous a quand même coupés dans notre élan. On était plutôt bien positionné à l’arrêt de la compétition (deuxièmes, N.D.L.R.) et c’est vrai que l’on a déjà eu du mal à évacuer cette frustration de n’avoir pas pu terminer la saison précédente. En plus de ça, on n’a pas très bien entamé celle-là donc c’est vrai que c’est la première fois que l’on reste sur un vrai échec dans notre progression. C’est un coup d’arrêt, c’est particulier, mais je pense que c’était un passage important dans notre évolution. On va se servir de cette saison.

Au regard de l’UBB qui a su être dans la continuité, pourquoi ne pas avoir réussi au Lou ?

Je pense qu’il y a de nombreuses raisons à ça. Aujourd’hui je n’ai pas la réponse. Je pense que l’on a de bonnes questions à se poser à l’intersaison pour faire évoluer certaines choses. Je sais que c’est dans la tête du staff, dans la tête du manager de faire bouger des choses sur notre fonctionnement en général, sur notre structuration et sur notre organisation pour que l’on progresse encore plus. Peut-être qu’on s’est contenté du niveau que l’on avait atteint jusque-là et que l’on s’est dit que ce serait suffisant pour aller chercher des phases finales. Or le Top 14 est très relevé et l’on voit qu’il y a de nombreuses équipes en capacité d’atteindre ce top 6. Clairement, cette année, on n’a pas été au niveau.

De votre point de vue, Pierre Mignoni a-t-il essayé d’activer d’autres leviers, notamment dans les moments difficiles ?

C’est le mal de notre club et de notre équipe en général. On a toujours des périodes creuses et c’est vrai que l’on s’en remet souvent aux solutions que veut trouver notre manager. Il a essayé d’activer certains leviers en changeant de stratégie parfois, et ça a été compliqué. Je pense que cela a été délicat de gérer cette saison, et à tous les niveaux au sein du club. Oui, il a essayé de donner son maximum pour nous aider à atteindre ce top 6, mais clairement on n’était pas suffisamment bons d’un point de vue sportif pour aller chercher quelque chose cette année, en tout cas on ne mérite pas.

Vous avez traîné du doute toute la saison…

Je ne sais pas si le mot "doute" est le bon. Il nous a manqué pleins de petites choses sur le terrain et en dehors pour nous permettre d’y arriver. Je ne pense pas que ce soit la faute de quelqu’un en particulier, ou juste du fonctionnement de notre équipe. Il y a plein de petits détails qui ont fait que c’était difficile pour nous de pouvoir être à la hauteur de notre ambition cette saison. On va tirer un bilan un peu plus poussé cette semaine et on va essayer d’évacuer cette frustration pendant l’intersaison pour repartir du bon pied.

Sentez-vous un groupe usé sur le plan mental, qui a le besoin de couper pour retrouver de la fraîcheur ?

Forcément car on a vécu une saison difficile et je pense que ça l’est encore plus quand ça ne va pas dans ton sens. Je pense qu’on est tous usé. Ça a été le cas pour toutes les équipes, mais le fait de ne pas pouvoir couper les jours "off" et d’être obligé de venir au stade se faire tester, de ne pas réellement pouvoir partir en vacances, ça a été compliqué à gérer. Mine de rien, ça nous a impacté mentalement. C’est évident qu’on est tous usé et je pense que la trêve va faire du bien.

La Covid-19 ne vous a pas épargné avec des cas à des moments clés, on pense notamment à la préparation d’avant-saison.

Que ce soit la Covid-19 ou les blessures, il y a eu beaucoup de difficultés à gérer pour pouvoir parfois aligner une équipe. C’est vrai que ça a été délicat mais malgré tout, ça a été la même chose pour toutes les équipes et peut-être qu’on n’a pas eu de chance tout simplement. On a été impacté plusieurs fois, ça nous a foutu le bordel mais bon à la fois on aurait dû être en capacité de s’adapter un peu plus vite. On a tous été dans le même bateau. Il n’y a pas eu une équipe plus avantagée que les autres. On ne peut pas forcément se cacher derrière ce genre d’excuses. On était tous logé à la même enseigne.

Vous évoquez les blessures, et celle de Mathieu Bastareaud fin décembre à Brive a été un premier tournant.

Bien évidemment. C’est l’un des facteurs qui a joué dans les difficultés que l’on a rencontrées cette année. Ça a été le cas aussi la saison dernière. Après le départ de Mathieu aux États-Unis, on s’était retrouvé un peu plus en difficulté pour la fin et ça a été la même chose cette saison. Disons que Mathieu, il apporte cette assurance et cette confiance au groupe, que peu de joueurs sont capables d’amener. Il a de l’expérience, il a été le capitaine de l’équipe de France à plusieurs reprises, il a gagné à plusieurs reprises, et il a un leadership assez naturel. C’est un joueur qui nous a énormément manqué sur cette deuxième partie de saison et c’est évident que son absence a joué un rôle dans ce qu’il s’est passé ensuite.

Et l’équipe s’est peut-être un peu trop reposée sur les exploits individuels de Josua Tuisova ?

C’est vrai que l’on a la chance d’avoir un joueur comme "Josh" et je pense qu’on l’a bien utilisé. Mais, clairement, le rugby ça se joue à 15. Il n’est pas capable de nous faire gagner tous les matchs à lui tout seul. Forcément, il nous a beaucoup aidé. On a peut-être parfois trop compté sur lui et il faudra encore une fois que l’on se serve de ça comme d’une leçon pour évoluer. "Josh" sera là la saison prochaine, j’espère qu’on aura le retour de "Basta". Ce sont des éléments importants de notre groupe et il faut qu’on les utilise à bon escient pour que l’on continue à progresser.

Un autre facteur, c’est la non-réussite des buteurs, avec le plus faible pourcentage de réussite du championnat. Si vous n’êtes pas directement concerné, bien buter va de pair avec la confiance.

Ce n’est pas faux. C’est vrai que c’est un marqueur important pour voir si les joueurs sont en confiance et d’autant plus que je ne doute aucunement de la qualité de nos buteurs. C’est donc encore plus frustrant. Effectivement, je pense que c’est un vrai marqueur qui prouve à quel point on a parfois douté cette saison.

Quand on se projette, qu’est-ce qui permet de rester positif ?

Quand on voit l’effectif et le recrutement qui a été fait, on a de nombreux motifs d’espoirs. Sur le papier, l’équipe est ultra-compétitive et on ne peut pas dire que l’on n’a pas les joueurs pour batailler avec le plus haut niveau français et européen. C’est une évidence. Après, au-delà de ça, on est suffisamment mature pour nous remettre en question et déterminer les points qui doivent évoluer. On est passé à côté sur certains matchs et ça nous fait défaut à la fin mais on est capable de rivaliser avec toutes les équipes. Je ne suis pas inquiet pour l’avenir. Il va falloir sérieusement que l’on ait envie d’aller titiller les équipes du haut de tableau, tout simplement.

Ces certains matchs, ce sont les défaites à domicile contre Castres et Pau…

C’est le constat que l’on a fait. Ce ne sont pas les défaites à Castres et au Stade français qui font perdre la saison mais bien celles à la maison face à Pau et Castres, et celle à Brive. Elles coûtent cher. Ce sont des points qui manquent et qui nous auraient fait énormément de bien. On peut s’en mordre les doigts.

Pierre Mignoni a souvent dit que ce groupe pouvait être inarrêtable le jour où il aura pleinement conscience de ses capacités. C’est fort !

On a su le montrer sur certains matchs. Après on n’a clairement pas eu la régularité qui nous aurait permis de jouer la phase finale. Quand on veut être là, on est là. On a un effectif qui, quand même, sur le papier, est très complet et très beau donc il y a de quoi faire.

En réaction à ces propos, vous n’avez pas senti un staff parfois blasé ?

Non. Je sais à quel point ça a été difficile de trouver des solutions à un moment donné. C’était compliqué à gérer pour le staff et pour les joueurs également. Ils se remettent en question régulièrement, j’imagine que c’était frustrant pour eux aussi.

En tant que cocapitaine, comment avez-vous vécu cette saison qui a sûrement été la plus dure sur le plan personnel ?

Avec du recul, cela a été bénéfique pour moi dans mon développement. Les leaders ont de temps en temps besoin d’être mis face aux échecs qu’ils ont en quelque sorte créé. Je pense que ça peut être intéressant pour moi, dans mon développement et dans ma formation. Évidemment je suis très frustré de la saison que l’on vient de passer, et je suis usé aussi de ce que j’ai vécu parce qu’on a essayé d’activer de nombreux leviers pour trouver des solutions. Mais voilà, force est de constater que cette saison ça ne voulait pas et qu’il y avait trop de choses qui ne nous ont pas permis d’aller au bout.

Cela a joué sur vos performances ?

(il coupe) Je vous le dis avant même que vous terminiez votre question… Honnêtement, quand on est dans un navire un peu bancal c’est compliqué à gérer. Cela impacte forcément tes performances sportives parce que quand tu as beaucoup de choses à gérer, extra-sportives aussi, on se perd un peu dans les objectifs les plus importants. Maintenant que j’ai fait cette expérience, je sais que pour moi l’important c’est d’être bon sur le terrain et que le reste, c’est annexe et que ce n’est pas à moi de gérer. Cela me servira de leçon. Je sais qu’à l’avenir, mon rôle, mon activité principale, c’est d’être bon sur le terrain.

On va repartir sur une nouvelle page, peut-être sur une nouvelle organisation, mais avec les mêmes ambitions évidemment ?

Non, plus ambitieux encore ! Cette année on n’a pas été suffisamment ambitieux pour être au niveau. On est au moins dix à douze clubs à vouloir jouer la phase qualificative. Si on n’a pas un peu plus d’ambition que les autres, c’est compliqué de rivaliser. J’ai hâte d’être à la saison prochaine pour voir ce que l’avenir nous réserve et de quoi on va être capable.

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