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L’Usap, le sang et l’or

Par Émilien Vicens.
  • Mathieu Acebes, Melvyn Jaminet  ou Tom écochard, en mode champions  de France, samedi soir.
    Mathieu Acebes, Melvyn Jaminet ou Tom écochard, en mode champions de France, samedi soir. Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany - Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany
  • Mathieu Acebes, Melvyn Jaminet  ou Tom écochard, en mode champions  de France, samedi soir.   Mathieu Acebes, Melvyn Jaminet  ou Tom écochard, en mode champions  de France, samedi soir.
    Mathieu Acebes, Melvyn Jaminet ou Tom écochard, en mode champions de France, samedi soir. Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany
  • Mathieu Acebes, Melvyn Jaminet  ou Tom écochard, en mode champions  de France, samedi soir.   Mathieu Acebes, Melvyn Jaminet  ou Tom écochard, en mode champions  de France, samedi soir.
    Mathieu Acebes, Melvyn Jaminet ou Tom écochard, en mode champions de France, samedi soir. Photos Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Perpignan est parvenu à renaître de ses cendres. malgré une relégation douloureuse en 2019 et le rêve d’une remontée envolé la saison dernière, les sang et or n’ont rien lâché pour ramener l’usap dans l’élite. porté par tout un peuple, le club catalan retrouvera le top 14, dans quelques mois.

Sempre endavant mai morirem ! (*« Toujours en avant, jamais nous ne mourrons »). La devise catalane n’avait jamais aussi bien été incarnée par l’Usap. Sept ans après une relégation historique en Pro D2, vécue comme un cataclysme, trois ans après être passé du rêve au cauchemar au lendemain d’une première remontée tant attendue et pourtant si mal appréhendée et gérée…

Le club catalan n’a plus à prouver, aujourd’hui, sa capacité à franchir tous les obstacles, à se relever de toutes les tempêtes ainsi que sa faculté à renaître de ses cendres. Encore. Toujours. Rien ne peut arrêter la volonté de tout un club, de toute une région, de tout un peuple. Il suffisait de voir les centaines de Catalans ayant fait le déplacement à Montpellier, ce samedi, alors que la majorité d’entre eux n’avait pas été élue parmi les mille chanceux présents en tribunes. Il suffisait de ressentir la rage de ces derniers lors de l’arrivée du bus sang et or, une heure et demie avant le match le plus important de la saison. Il suffisait de lire la détermination dans le regard des 23 joueurs perpignanais durant quatre-vingts minutes. Il suffisait de contempler, enfin, le bonheur, l’ivresse et l’amour de tous ceux-là réunis, au coup de sifflet final, lors d’une communion sincère et profonde sur le parvis du GGL Stadium, quand Mathieu Acebes, Alban Roussel et Tom Écochard ont forcé la sécurité pour tendre le bouclier à des supporters qui n’avaient déjà plus de voix.

Comme si toute la frustration d’un an et demi de règles et de protocoles sanitaires, conjuguée à trois saisons de souffrance et d’attente, avaient été évacuées en un seul match. Et quel match ! Une finale maîtrisée quasiment de bout en bout et où, au fil des tampons distillés par le capitaine sang et or, les Biarrots ont très vite compris qu’ils ne pourraient rien arriver à cette Usap-là. Insubmersible.
 

L'@usapofficiel remporte le championnat de PRO D2 et remonte en TOP 14 !!! \ud83c\udf7e#USAPBO #USAPBOPB #FinalePROD2 pic.twitter.com/JW2jqldlHP

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) June 5, 2021

 

Patrick Arlettaz : « Je suis immensément fier d’eux »

Ambition à peine cachée par Christian Lanta et le staff perpignanais, l’été dernier à quelques semaines du coup d’envoi de l’exercice 2020-2021, la quête du titre et d’un retour en Top 14 n’a jamais quitté les esprits. Les Catalans l’avaient annoncé, ils étaient en mission. Qu’il s’agisse de la défaite inaugurale sur la pelouse du BOPB (21-12) ou du faux pas à la maison face au voisin biterrois (10-16), rien, ni personne finalement n’était en capacité de contrecarrer les plans de Melvyn Jaminet, Genesis Mamea Lemalu et consorts.

Comme un plan qui s’est déroulé presque sans accroc. Ces garçons-là avaient un objectif, un cap à atteindre, un horizon bien défini, gardant la même trajectoire coûte que coûte, qu’importent les efforts et les sacrifices, qu’importe le Covid, qu’importe la qualité de certains adversaires, qu’importent les forces vives perdues en route.

Très ému, exténué, comme s’il venait enfin de relâcher la pression, Patrick Arlettaz s’est livré à cœur ouvert, samedi. Une première bière, bue à la va-vite dans le vestiaire quelques minutes plus tôt, a suffi à désinhiber la pudeur du manager catalan. Lequel s’est lancé dans une véritable déclaration.

Non pas celle d’un entraîneur qui adule ses joueurs, mais bien celle d’un homme qui aime ses hommes, presque autant que ses propres enfants : « Le titre de 2018, c’était le titre d’adolescents portés par un enthousiasme exacerbé. Celui-ci, c’est le titre de mecs qui ont décidé d’aller quelque part ensemble et qui y sont parvenus. C’est beaucoup d’émotions. C’est beaucoup de travail. Deux années très difficiles. ça fait deux ans qu’on était tous tourné vers ce match-là. Il y avait beaucoup de pression. De la pression pour nos supporters, pour lesquels nous sommes un peu le fer de lance de leurs espoirs. Aujourd’hui, ils sont tous fiers, l’Usap va rejouer en Top 14. Mais on avait aussi beaucoup de pression par rapport à tout ce qu’on avait construit de notre côté, tous les efforts, les sacrifices. Ils n’ont pas pris de vacances, ils n’ont jamais eu de joies excessives après les victoires. Jamais ils ne se sont emballés. Ils étaient obnubilés par ce qu’il s’est passé aujourd’hui (samedi). Et ce qu’ils ont fait, c’est énorme. Sincèrement. Je leur ai dit avant le match que j’étais fier d’eux, qu’ils pouvaient être fiers d’eux, aussi. Il était temps qu’ils se présentent à la France entière, avec ce maillot-là, avec ce drapeau-là, que tout le monde voit un peu qui ils étaient vraiment, comment ils avaient grandi et comment ils étaient venus chercher ce titre. Dans ce sport, on ne vous donne jamais rien. C’est pour ça qu’il est beau. Ces joueurs, ils sont allés tout prendre, sans arrêt. ça, c’est magnifique. Je suis immensément fier d’eux, c’est beau. Désolé. »

Que rajouter, après ça ? Tellement de choses, en fait. Parti de lui-même, en mai 2014, Patrick Arlettaz est l’un des rares à avoir assumé jusqu’au bout, avec classe, sa part de responsabilité dans la descente du club à l’étage inférieur. Rappelé deux ans plus tard, au moment où Perpignan était avant-dernier de Pro D2, l’ancien trois-quarts centre a façonné une nouvelle Usap. Sans cesse perfectible depuis 2016, certes.

Malgré de nouvelles erreurs, aussi, la saison 2018-2019 en étant la preuve. Mais cette équipe a retrouvé un ADN, un caractère et un sacré cran. Lesquels ont pris tout leur sens à la 50e minute de cette finale, lorsque Mathieu Acebes et les Catalans n’ont pas écouté les consignes de leur banc sur une pénalité, préférant planter un deuxième essai. Le tournant du match, assurément. « Ils ne m’écoutent pas, ils ont raison. Ce sont eux sur le terrain. Ils l’ont bien fait en demi-finale, magnifiquement bien. Et puis là, ils m’ont dit : ‘‘On va se le faire, nous. Si tu veux bien, mets-toi sur le côté, assieds-toi, regarde’’. » Respect.
 

Mathieu Acebes : « Si nous maintenons l’usap en top 14, la mission sera terminée »

Et maintenant ? Le plus dur reste à faire pour ce groupe sang et or. Accéder à l’élite du rugby français est une chose, s’y maintenir en est une autre. Aussi soudé soit-il, le collectif sang et or sera face à un défi nettement plus difficile et périlleux, dans quelques mois. Le fossé entre le Pro D2 et le Top 14 se veut de plus en plus grand et dangereux, les Roussillonnais n’en sont que trop avertis.

« On s’en fout, là, ce soir. Sincèrement, on est tous au courant de la difficulté extrême, comment le Top 14 est impitoyable, dur. On le sait tous. On sait qu’on n’aura pas 25 millions de budget la saison prochaine, ce n’est pas un scoop. On a encore espoir qu’avec du travail, de l’abnégation, de la sueur, du sang, des larmes… On peut peut-être y arriver. Il y a suffisamment de questions à se poser pour l’année prochaine. Pour l’heure, on va profiter et savourer », insistait Patrick Arlettaz.
Pourtant, samedi, le vestiaire usapiste se voulait résolument plus mesuré qu’en 2018. De la joie et du bonheur, bien sûr. Mais le sens des responsabilités, surtout, dicté par Mathieu Acebes.

« Pour être honnête, c’est la moitié de la mission qui est accomplie pour moi. Quand on est monté il y a trois ans, la mission était de maintenir le club. Je connais le Top 14, je sais ce qu’il va se passer là-haut. Bien sûr qu’on va profiter, mais on va avoir un peu plus d’humilité qu’en 2018. On va être très content de partager ça avec le peuple catalan mais, pour ma part, je vais avoir pas mal de souvenirs dans la tête. J’en ai encore beaucoup au fond de moi, pour l’année que l’on a vécue en Top 14. Je veux montrer autre chose de ce club. Si nous maintenons l’Usap en Top 14, la mission sera terminée. »

À bientôt 34 ans, le capitaine de l’Usap a une dette envers le club, envers ses coéquipiers, son public et envers lui-même. Animé par cette volonté de ne plus revivre une saison aussi cauchemardesque que celle subie il y a trois ans, l’international français à 7 ne raccrochera pas les crampons sans avoir ancré Perpignan parmi les quatorze meilleurs clubs de l’hexagone. « J’ai dit à mes coéquipiers qu’on ne refera pas les mêmes erreurs qu’il y a trois ans. On va profiter mais, en revanche, je leur ai dit de garder dans un coin de la tête ce qu’il va se passer en haut. Je pense que nous sommes d’autant plus prêts. On ne se trompera pas, ni les joueurs, ni le staff. Il faudra être ultra-efficace en Top 14. Il faut une défense de fer, il faut être stratégiquement bien plus fort et il ne faut pas s’enflammer non plus. En 2018, je pense que nous avons manqué d’humilité. Dans la vie, quand tu manques un peu d’humilité, tu te fais rattraper. » Dans les discours mais surtout dans les actes.

Il ne fait presque pas de doute que le Top 14 découvrira, d’ici septembre prochain, une tout autre formation que celle que l’élite a connue précédemment. Plus mature, plus humble, plus complète. Plus prête, tout simplement… Sans même évoquer le nom des recrues qui viendront renforcer son effectif pour le plus haut niveau, cette Usap-là paraît déjà plus forte. Elle qui n’est jamais aussi redoutable que lorsqu’elle revient de loin.

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