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Piqueronies : « Il faut capitaliser sur ces émotions-là »

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Manager de la Section paloise arrivé le 1er mai au chevet de l’équipe, Sébastien piqueronies revient sur ce sprint final complètement fou qui a permis aux palois de Thomas Domingo, Geoffrey Lanne-Petit et Paul Tito d’arracher leur maintien en Top 14. 

À la fin du match, vous avez voulu vous mettre en retrait pour laisser la place à Thomas Domingo, Paul Tito et Geoffrey Lanne-Petit. Est-ce une façon de souligner que ce sont eux les grands artisans du maintien à vos yeux ?

C’était très important de rendre la monnaie de la pièce à ceux qui avaient œuvré bien avant mon arrivée. Ils ont eu à assumer cette lourde tâche avec passion, engagement et détermination. Ça me paraissait évident, dans un sport comme le nôtre. Je crois que tout le club voulait exposer ces hommes à la hauteur de leur engagement pendant toute cette saison. Eux, ils ont tenu le club pendant de longs mois et ils ont fait face malgré toutes les secousses. Je pense que c’est légitime qu’ils soient associés en premier à ce maintien.

Paul Tito a aussi annoncé son départ après le match…

Effectivement. C’était un départ chargé d’émotions. Paul nous avait prévenus depuis quelques jours. C’est son choix et on le respecte. C’est un choix familial et je ne peux que le comprendre, en étant père de trois filles. Être privé de ses enfants depuis quinze mois doit être tout simplement insupportable. On accepte et on félicite l’homme et l’entraîneur. On ne peut que souligner son engagement envers le club et être heureux pour lui, qu’il parte en ayant accompli sa mission. C’est une histoire humaine qui prend fin de la meilleure des façons et à la hauteur de son personnage.

Vous êtes arrivés dans un staff que vous n’aviez pas choisi. Thomas Domingo et Geoffrey Lanne-Petit seront-ils toujours à vos côtés la saison prochaine ?

Évidemment. Thomas et Geoffrey vont rester avec moi. Ce sont eux qui ont porté le projet depuis de long mois. Ils l’ont assumé avec énormément d’énergie depuis l’hiver. Ils ont été à la hauteur de leur mission. Ils ont été là pendant les moments difficiles. Le maintien est une énorme performance, il faut bien le souligner. C’est loin d’être anecdotique. Il est à la hauteur de la reconnaissance que l’on doit avoir envers eux. Évidemment, que le projet à moyen terme se construit avec eux.

Avez-vous vécu cette fin de soirée de samedi comme une délivrance ?

Bien sûr que c’était une délivrance. Ce championnat est difficile. C’est un marathon épuisant, parfois harassant. On se préparait à avoir un match à jouer le 12 juin, à devoir performer un match de plus. Mais là, on savoure le luxe d’avoir une semaine d’avance sur ce qui était programmé. On savoure le luxe de s’être libérés une semaine plus tôt. Délivrance, c’est le vrai mot.

Vous êtes arrivés le 1er mai et il a fallu parer au plus pressé. Comment s’est construite cette fin heureuse ?

Évidemment, on prend les raccourcis. On tire les ficelles les plus essentielles. On choisit certains secteurs que l’on essaie d’approfondir mais surtout on y croit fort. On essaie de donner confiance dans les choix entrepris. C’est la réussite de ce groupe, d’avoir confiance dans les options prises. Je suis énormément fier et hyper heureux de pouvoir appartenir à un groupe qui a eu confiance pour aller au bout de ses convictions. C’est très exaltant.

Des convictions fortes, comme cette relance depuis vos vingt-deux mètres dès la deuxième minute de jeu qui amène le premier essai de Tuimaba. Étiez-vous soulagé de voir vos joueurs prendre leur destin en main de la sorte ?

Je connais les garçons de plus en plus. Je connais de mieux en mieux leurs valeurs. Ça me conforte dans l’idée que l’on peut construire de belles choses, avec des garçons qui sont lucides sur leurs convictions et qui assument surtout leurs décisions. Évidemment, ça me remplit de certitudes quand je vois des joueurs qui décident, prennent leurs responsabilités et assument pleinement. Maintenant, on sait aussi que nous voulons progresser et nous avons l’humilité de savoir que nous sommes la douzième équipe du Top 14, aujourd’hui. Nous avons donc beaucoup de choses à parfaire et notre chemin de progression est encore grand, pour pouvoir se comparer aux équipes au-dessus. Nous en avons totalement conscience.

Lucas Rey parlait de l’unité du groupe, que les joueurs n’avaient pas parlé de leur plan de carrière pour rester concentrés sur le maintien. Cette cohésion était-elle nécessaire pour marquer l’essai du bonus à la 82e minute ?

Effectivement. Je crois que le scénario de la saison mais aussi le scénario du match, qui est un condensé du scénario de notre saison, démontrent les valeurs de notre groupe. On ne peut être qu’admiratif. Je crois véritablement que ce groupe a voulu créer une équipe, a voulu se retrouver sur une identité forte. C’est ce qui a fait que la pièce a fini par tomber du bon côté face à Montpellier. Ce groupe a connu beaucoup d’émotions tout au long de l’année, avec une saison difficile, mais les garçons ont eu envie de placer le groupe bien au-dessus des ego et des cas individuels. Au regard de la performance de samedi, c’est une certitude.

À l’image de Matt Philip, sorti à la pause avant de revenir, qui a livré un grand match alors qu’il va repartir en Australie…

Il a fait un match dantesque. Nous avions décidé de le coacher à la mi-temps pour qu’il puisse rentrer vingt minutes après dans le money time. On l’attendait pour finir. C’est le plan qui se passe parfaitement, comme on l’imagine dans les livres, sauf que le rugby ne se passe généralement pas comme dans les livres. Mais ça s’est réalisé samedi soir. Je suis donc très heureux pour Matt et pour tout le groupe qui l’a porté derrière la ligne. C’est un vrai symbole de la force collective de notre équipe sur ce match.

En parlant de symbole, difficile de ne pas évoquer Antoine Hastoy, revenu pour les deux derniers matchs et qui est resté tout le match sur la pelouse. Comment avez-vous pris la décision de ne pas faire entrer Elton Jantjies, champion du monde en titre ?

On connaît tous la valeur d’Elton. On sait aussi tous ce qu’il a pu apporter à la Section en quelques semaines. On sait ce qu’on lui doit dans ce maintien, car que ce soit sûr ou en dehors du terrain, Elton a été précieux, voire indispensable. Après voilà, la confiance a été donnée à Antoine. On sait tous vis-à-vis du projet club ce que l’on doit entourer et accompagner Antoine. Mon avis est assez clair. Je veux le conforter pour l’amener à progresser. On sait, lui et moi, que nous avons des axes de progression. Ils ne sont pas nombreux mais certains sont bien identifiés. On sait que l’on doit progresser rapidement sur quelques points pour hisser le niveau d’Antoine et le niveau de la Section pour voir plus haut rapidement. Il est évident qu’Antoine est un joueur d’avenir, qui représente la culture identitaire du club donc il est certain que l’on veut construire dessus. C’était donc naturel et évident. C’est un joueur de talent, précis et précieux. Un joueur que la Section doit faire progresser pour l’amener encore plus haut. Si le niveau d’Antoine s’élève, le niveau de la Section va forcément s’élever.

Sentez-vous des regrets auprès des joueurs et du staff car l’équipe a été capable de magnifiquement jouer par moments ?

Oui, nous sommes capables de faire de très beaux mouvements, d’être parfois très précis et d’évoluer sur un bon rythme. Maintenant, notre défi est de devenir une équipe efficace. Nous avons envie de devenir une équipe dure et rude, mais surtout d’être une équipe efficace. On ne peut pas se satisfaire uniquement de l’élégance. Ça va être le leitmotiv de l’intersaison. Aujourd’hui, on déploie énormément d’énergie, en étant très valeureux. Nous avons un socle génial sur le plan de l’enthousiasme, de l’état d’esprit, de l’envie, mais notre sport est aussi un sport de précision. Il est assez clinique et je pense que l’on doit progresser sur des moments pour être efficients et s’offrir des points gratuits ou en tout cas en étant économes. C’est l’axe de progression prioritaire.

Vous deviez arriver lors de l’intersaison avec une mission à long terme. Cette arrivée précipitée, avec une mission à très court terme, vous a-t-elle fait évoluer sur votre projet ?

Non, c’est une expérience en accéléré. Je prends la vie comme un laboratoire d’expériences. C’est une richesse d’avoir pu vivre ces cinq semaines à ce rythme-là. Maintenant, j’espère en tirer de l’expérience et de l’expertise suffisantes pour mieux décider à l’avenir. Donc je pense que c’est un avantage. Un avantage fort même. Mais ma mission est claire : elle est de construire une ambition pour le club, de l’aider à grandir avec beaucoup d’humilité. Nous savons très bien d’où nous partons, c’est-à-dire de la douzième place. On la mérite, elle est factuelle, elle est claire. À nous d’entreprendre un énorme travail structurel, fonctionnel et organisationnel pour pouvoir se comparer à meilleurs dans les années à venir. C’est un travail à entreprendre avec beaucoup d’humilité mais aussi avec une grande détermination.

Peut-on dire que votre mission réelle, en tout cas initiale, débute ce lundi ?

Oui exactement. Bien sûr, tout a commencé bien en amont mais ce nouveau travail va se matérialiser dès ce lundi à 8 heures. Il va bien sûr y avoir des vacances car le staff et le squad ont besoin de s’aérer mais on va bien avancer sur nos missions avec des choses précises. Il va y avoir une réorganisation du mode de fonctionnement, du semainier, de l’organisation technique ainsi que du projet de jeu.

La joie de ce dimanche que vous partagez tous ensemble peut-elle être la base de ce nouveau projet ?

Il faut capitaliser sur ces émotions-là et être fiers du travail entrepris. Je crois que les garçons ont subi différentes émotions. Je vois que les garçons ont envie de rester ensemble depuis hier. Ils sont heureux et fiers de rester ensemble. J’espère que ça viendra nourrir les ambitions prochaines.

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