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Racing 92 - Stade français : je t'aime, moi non plus

Par Guillaume CYPRIEN
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La folle remontée parisienne, qui a créé cette confrontation en barrage, a réactivé tous les leviers traditionnels de rivalité entre ces deux équipes. On se régale à l’avance.

Le caractère tout à fait exceptionnel du barrage de ce soir entre le Racing et le Stade français, tient à l’immense curiosité de ce que produira sur cette confrontation, le poids de son environnement psychologique. Alors que les Stadistes ont compté leurs Jiff à genou pour composer leur équipe, tandis que Laurent Travers et Mike Prendergast peaufinaient les derniers réglages de leur nouvelle ligne de trois-quarts, une aura entoure leur confrontation d’une irrationalité admirable, propre à ce derby calibré dans un drôle de drame. Le Racing a tellement à perdre, et le Stade français tellement à gagner. Les hommes de Laurent Travers, déjà deux fois séchés sur deux échecs européens dans cette année de tous les possibles, défendront leur saison contre des revenants hagards complètement surexcités.

Et puisque le ridicule s’est invité à la fête, le Racing serait vraiment bien farci de perdre chez lui contre ce voisin qui lui avait vendu son "meilleur joueur" aux fins d’alléger sa masse salariale, et non pour cibler ce totem sur quoi fonder une révolte. Le mot "galactique" est devenu le plus fréquemment utilisé du vestiaire parisien. Une ironie voudrait aussi que le jeune deuxième ligne Pierre-Henry Azagoh remporte ce match aux dépens de tous les Boris Palu du Plessis-Robinson, et que le Stade français, qui avait disparu des radars de la formation, se mette à gratter sa mandoline sur l’air de la promotion interne. Et tout cela pour un match qui ne devait pas avoir lieu ? Les dirigeants des deux clubs n’imaginaient pas la situation se produire lorsqu’ils se sont tapés dans les mains en ratifiant le transfert de Gaël Fickou. Ceux du Stade français n’auraient jamais lâché leur centre international à l’ennemi s’ils avaient estimé pouvoir disputer ces barrages.

Un barrage ou un derby ?

Dans le camp parisien, seul Laurent Sempéré professait à qui voulait l’entendre devant les médias à l’issue de la défaite subie à domicile contre Clermont, que le challenge de la qualification restait possible. Trois mois plus tard, exception faite de Toulouse, aucune équipe n’a fait mieux cette saison que cette série des six dernières victoires consécutives. Le Stade français n’en avait pas produit de telle depuis celle de 1998 jusqu’à son premier titre de l’ère moderne. Et la dernière fois qu’ils s’étaient qualifiés en 2015, les soldats roses avaient soulevé le Brennus. Ils vont refaire le coup, ou quoi ? Ils ont franchi les effets prolongés du Covid dans ce qui fut le premier cluster du rugby français, ou ceux des tweets racistes exhumés de Pablo Matera. Le management de Gonzalo Quesada et de son staff leur a fait franchir bien des obstacles. Ils vivent à leur aise sur le fil du rasoir depuis qu’ils sont lancés par ce 256e de finale remporté au mois d’avril contre Pau. Une mayonnaise d’un goût nouveau a pris dans le saladier magique de Jean-Bouin et la tension est montée d’un cran au Plessis-Robinson. Le programme semble plus ou moins écrit.

Laurent Travers expliquait en début de semaine "préparer un barrage, et non un derby". Ils disent tout le contraire, dans le vestiaire d’en face. D’une certaine manière, les uns veulent une confrontation, les autres, une grosse baston dans les rucks, en mêlée, en touche, en quête de munitions à fournir à Joris Segonds. Les qualités de cette équipe du Stade français sont apparues dans leurs évidences lors de cette fin de saison. Ses arguments sont indéniables. Mais l’impression laissée par le Racing depuis un mois situe les hommes de Laurent Travers dans une dimension plus imposante. Leur maîtrise offensive dégage un autre souffle. Il semble que pour l’absorber, ceux de Gonzalo Quesada devront imposer une dureté dans la partie, produire une belle histoire d’hommes, un truc de ferrailleurs. Dans l’a priori de cette configuration de match, les Parisiens peuvent se parer de la forme historique de leur esprit frondeur. C’est bien eux qui marchaient ensemble comme un seul homme contre la fusion en 2017. Et tandis que Jacky Lorenzetti pouvait sacrifier un Chabal pour maintenir un Berbizier, les joueurs parisiens ont souvent imposé le réflexe grégaire de l’éviction de leurs entraîneurs quand il leur a semblé nécessaire. Le Stade français a usé de onze équipes de responsables successifs depuis 2007. Le Racing, seulement trois.

A contrario de cet objet parisien non identifié, qui selon les époques, se gonfle ou se dégonfle, Jacky Lorenzetti a construit du sol au plafond une structure stable devenue une référence, et qui commence à produire des talents à la pelle. Le Racing n’est jamais parvenu à surclasser son rival en termes de résultats purs. Pour un titre glané à Barcelone en 2016, le Stade français ajoute un Challenge européen à son bouclier de 2015. C’est là une petite incongruité, tant la constance des parcours de cette équipe dirigée depuis huit ans par un même homme, a surclassé dans l’ensemble les soubresauts des aventures parisiennes. L’apparition du docteur Wild n’avait encore rien changé à cette situation, tant que le milliardaire s’entourait de compétences contradictoires. La rivalité toute nouvelle imposée par Thomas Lombard devrait rendre l’avenir plus contentieux. Dès à présent, après avoir soufflé au président du Racing une partie de son influence à la Ligue, le directeur général du Stade français remporta-t-il son premier match de phase finale à l’Arena ?

L’ancien centre international a complètement secoué son club depuis son arrivée il y a dix-huit mois. De l’éviction de Heineke Meyer au recrutement de Gonzalo Quesada, du choix de confier le maintien aux seuls Laurent Sempéré et Julien Arias jusqu’à l’affaire Gaël Fickou, en passant par celle de Jonathan Danty, les entreprises du représentant du milliardaire allemand sont apparues toujours assez incisives et déterminées. Il avait achevé sa carrière sportive au Racing-Métro un an avant le terme de son contrat en raison d’une anomalie cardiaque. Il se présente ici plein de souffle face à son ancien employeur, contraint de composer avec lui comme le fondateur de Foncia n’en a guère l’habitude, d’égal à égal avec un ancien employé. Tout un symbole dans ce match entre les supposés galactiques de tous bords, et les prétendus clochards célestes.

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