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Il y a vingt ans, Patou passait dans l'au-delà

Par Jérôme Prévot
  • Robert Paparemborde, au côté de Jean-Pierre Rives. Robert Paparemborde, au côté de Jean-Pierre Rives.
    Robert Paparemborde, au côté de Jean-Pierre Rives. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Il y a vingt ans, Patou passait dans l'au-delà Il n'avait que 52 ans quand il s'est éteint. Retour sur le pilier aux épaules tombantes converti ensuite aux arcanes du pouvoir.

Parfois, on se rend compte qu'un monument aura vécu moins longtemps que vous. Robert Paparemborde est décédé en 2001, voici vingt ans. Il fut le premier membre du pack de fer du Grand Chelem  1977 à partir pour l'au-delà. Il n'avait même pas 53 ans, terrassé par un cancer du pancréas. Jacques Fouroux avait eu des mots poignants à son sujet, sans savoir qu'il partirait lui aussi trop tôt, quatre ans après. Une  phrase d'un article nous est restée en mémoire :  « Il ne s'est pas réveillé du sommeil dans lequel il avait été plongé, seul remède contre la souffrance. »  Vingt ans après, il nous reste la leur de son regard matois, ses phrases efficaces et bien senties et son nom baroque, de ceux qui prédestinent un destin particulier. 

Robert Paparemborde, dit « Patou »  avait eu une double destinée, pilier international d'abord, pilier droit de la Section Paloise, passé à gauche une fois  pour l'exploit de 1979 face aux All Blacks. On disait toujours qu'il avait des épaules comme une bouteille de Perrier, et qu'il poussait en travers et qu'il rendait fou ses adversaires.  Il les dominait souvent mais il en payait parfois le prix à cette époque où les sanctions s'appliquaient sans l'aide des arbitres. Les gars de Lavelanet, de Narbonne en 74  notamment ne lui firent  pas de cadeaux. Cette particularité avait retardé ses débuts en équipe de France, les sélectionneurs avaient franchi le Rubicon en 1975 alors qu'il avait 27 ans. 

Mais Robert Paparemborde avait d'autres armes que la mêlée stricto sensu, il était aussi très adroit et très rapide sur les premiers mètres . Il était fort dans les relais, les « peel off » en fond de touche notamment (quel essai en 1983 contre l'Angleterre). Il marqua huit essais, record pour un pilier, dont deux pour ses deux premières capes en Afrique du Sud en 75. Il avait commencé sa carrière à Pau comme trois quarts centre après avoir tâté du judo et du hand-ball.

Le coup d'épaule de 91

L'autre carrière de Robert Paparemborde fut celle d'un homme d'influence. En 1983 , à 35 ans, il monte à Paris et devient le patron du Racing  renaissant. La période « show bizz » lui doit beaucoup. Depuis trois ans déjà, il fréquentait les arcanes du pouvoir (avant même sa retraite sportive). Lors du fameux scrutin explosif  de 1991 , il avait pris le relais de son pote Fouroux en tête des opposants.  Il s'était retrouvé au Comité Directeur,  pour donner un coup d'épaule décisif en faveur de Bernard Lapasset, élu président à la surprise à la surprise générale.

Le favori, Jean Fabre se retrouva victime ce jour-là d'un des plus beaux coups fourrés de l'Histoire des institutions. Patou y gagna une place de manageur du XV de France, mais il ne garda pas longtemps ce poste stratégique. Un an plus tard, il se fit lui-même débarquer par Lapasset pour avoir voulu la tête du jeune sélectionneur Pierre Berbizier après une défaite face aux Pumas à Nantes. Patou s'était montré un peu trop pressé pour prendre les commandes et  Lapasset pensait que Patou chercherait vite  à la dégommer pour lui piquer son poste.

Qui sait ce qu'il serait advenu s'il n'était pas mort si jeune ? On s'imagine les joutes auxquelles il se serait livré, les alliances, les manifestations de son talent manœuvrier.  Il aimait rappeler qu'il avait eu le bac en 1968, « très mauvaise promotion » plaisantait-il. Il était de la Vallée de Barétous, puis il avait été scolarisé à Laruns en Vallée d'Ossau. « J'ai eu une enfance de roman », confia-t-il au soir de sa brève existence. 

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