Urios, Mola et les bons mots

  • Christophe Urios, le coach des Girondins.
    Christophe Urios, le coach des Girondins. Icon Sport - Icon Sport
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L'édito du vendredi par Léo Faure... Un mec de la rédaction s’agace un poil, le week-end dernier. « Alors, on la met où dans le journal, cette semaine, la photo de Christophe Urios ? » Étrange question. Et puis, après tout, il y avait effectivement dans le journal un sujet qui traitait de la dernière ligne de force du coach bordelais, expert en communication. Désolé, cher collègue : pour illustrer un papier sur Christophe Urios, on va étonnamment mettre une photo de… Christophe Urios.

Le Bordelais est ce qu’on appelle, dans le jargon, un bon client. Il maîtrise comme peu de personnes les mécaniques de la communication, ajoute la mimique au verbe et sait taper parfois juste et fort, parfois juste et dosé. Mais toujours juste.

Cette semaine, vous remarquerez qu’il n’y a pas de photo de Christophe Urios dans le journal. Pourtant, il y aurait eu matière à. En conférence de presse, mardi, le coach des Girondins a encore été excellent. Au sujet des Toulousains, qu’ils disaient « pas imbattables » trois jours plus tôt, il confirme toujours être à la recherche de la clé. Mais s’en rapprocher. Avec une métaphore téléphonique aux oignons : « C’est comme quand vous perdez votre téléphone, vous le faites sonner, vous l’entendez mais vous ne savez pas trop où il est. On est un peu là, aujourd’hui. » Tout est dit, en peu de mots. Le véritable talent des orateurs qui en ont (du talent) : toujours justes, efficaces, jamais expansifs.

Il en est ensuite venu au sujet de son homologue Toulousain, Ugo Mola, avec lequel il entretient une relation où le terme de « rivalité » est franchement euphémique. Rien ne semblait les rapprocher, a priori. Leur destin croisé à Castres a fait le reste de la détestation.

Les deux hommes sont antagoniques en tout. Urios est un terrien, ancré dans une ruralité que beaucoup revendiquent sans rien y comprendre. Lui est de là, vraiment de là. Un tonton flingueur, sourire qui tombe, voix rauque, col relevé et saillie incisive à la Lino Ventura.

Ugo Mola serait plutôt « Bebel » Belmondo, belle gueule et belle gouaille. Dans un registre exactement opposé, il est aussi un bon client. Justement parce qu’il comprend autant les desseins de communication, qu’il atteint par d’autres chemins. Plus citadin, pas moins subtil et pertinent. Tête haute, chemise blanche portée ajustée, phrasé affirmé. Moins théâtral, tout aussi cinglant.

De tout ça naît une belle rivalité. C’est excessif, pour un sujet sportif ? C’est surtout une drôle d’aubaine. Le sport ne vibre que par ses rivalités de légende. Mohamed Ali et Joe Frazier, Ayrton Senna et Alain Prost, Ivan Lendl et John McEnroe. Interdiction formelle d’être neutre. Il fallait choisir son camp.

À leur (plus) petite échelle, Mola et Urios empruntent à ces schémas. S’ils s’opposent, c’est que tout les oppose. S’ils s’opposent, c’est aussi que les deux gagnent, avec des recettes diamétralement opposées.

Les deux derniers entraîneurs champions de France se retrouvent, samedi, pour une quatrième confrontation directe cette saison. La plus importante. En choisir un ? Ce n’est ni le lieu, ni le débat. De notre siège d’observateur, que le meilleur gagne. Et vivement le prochain épisode.

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