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Le monstre de l'Atlantique

Par Simon Valzer
  • Le monstre de l'Atlantique
    Le monstre de l'Atlantique Patrick Derewiany - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Sûr de la force de son pack malgré l’échec en finale de Champions Cup, le Stade rochelais a concassé les avants du Racing et muselé ses galactiques pour s’offrir sa première finale de Top 14 de son histoire. Un succès qui confirme la force de caractère des Rochelais, qui ont su se relever en un temps record. 

On les avait laissés sur la pelouse de Twickenham lessivés. Mâchés physiquement, et surtout marqués mentalement. On revoit encore un Grégory Alldritt inconsolable au coup de sifflet final, ses rêves de titre européen brisés. On se souvient d’un Will Skelton à la mine basse, ou encore d’un Victor Vito au regard noir des mauvais jours. Tout cela, c’était hier ou presque. C’était il y a un mois. En ce 22 mai dernier, les Rochelais étaient passés à côté de leur rêve européen. Et au vu de la débauche d’énergie mentale et physique qu’ils avaient concédée, on se demandait comment ils allaient se relever de cet échec. Grégory Alldritt : « Ce fut très dur de perdre cette finale. Les deux jours qui l’ont suivie ont été douloureux. Nous étions marqués mentalement, mais ces quelques jours de repos dont nous avons disposé pendant les barrages nous ont fait le plus grand bien. » Même écho du côté du capitaine Romain Sazy : « Le staff a bien agencé cette semaine « off » pour nous régénérer. Si nous n’avions dû passer par les barrages, on se serait tiré une balle dans le pied, après cette saison si longue et très contraignante. » La clé de leur succès est donc peut-être là : dans la large victoire face à Pau (51-27), et le point de bonus ramené de Clermont (25-20). Six points qui les ont propulsés directement en demi-finale.

Il restait toutefois une question : les Rochelais allaient-ils garder le même plan de jeu que celui employé face à Toulouse ? Elle méritait d’être posée. Car pour cette demi-finale à Lille, le Stade rochelais se voyait (encore) privé de joueurs essentiels dans son dispositif : Levani Botia (suspendu), Pierre Bourgarit et Geoffrey Doumayrou, blessés. Cela commençait à faire beaucoup, surtout pour affronter un Racing qui avait signé une démonstration de force face au Stade français la semaine précédente. D’autant qu’avec les absences de Jérémy Sinzelle et Pierre Aguillon, l’entraîneur Ronan O’Gara devait bricoler pour composer son milieu de terrain, alignant Jules Favre (certes centre de formation) à un poste qu’il n’avait occupé qu’une seule fois dans la saison (lire page 15)…

Un jeu de massacre

Alors, qu’est-ce qu’on fait coachs ? On ne change rien. Voilà ce qu’ont répondu de concert Jono Gibbes et Ronan O’Gara, sûrs des forces de leur équipe. Et cette fois, cela a payé. Comme à Twickenham, les adversaires des Rochelais ont souffert mille morts. On les a vus traîner au sol, se faire soigner, aller et venir entre le banc pour compenser les nombreuses blessures. Venus à bout des deux talonneurs franciliens Teddy Baubigny et Kévin le Guen, les Maritimes ont forcé le demi de mêlée Teddy Iribaren à lancer en touche. Un vrai jeu de massacre, au bout duquel les Rochelais sont cette fois allés au bout. Un constat d’abord posé par le troisième ligne centre Greg Alldritt : « Nous n’avons pas douté. Le staff est sûr de lui, de sa stratégie », puis confirmé par l’entraîneur adjoint des trois-quarts, Sébastien Boboul : « L’idée principale était de mettre beaucoup d’engagement et d’agressivité pour contrer cette équipe du Racing. Et comme on le sait tous, le rugby ça commence devant. Dès lors, nous avons vu que des solutions apparaissaient, notamment en première mi-temps. La seconde fut plus difficile, mais nous nous sommes appuyés sur notre défense qui fonctionne plutôt bien depuis le début de saison. »

Ils se sont affranchis de Vito

Cette victoire en demie porte en elle un autre symbole de cette nouvelle force qui anime les Rochelais : ils n’ont plus besoin de tel ou tel facteur X pour s’imposer. On force à peine le trait, mais il fut un temps où Victor Vito ou Levani Botia étaient les catalyseurs de la performance collective du Stade rochelais. Et si ces hommes étaient dans un jour sans, le rendement de l’équipe s’en trouvait fortement pénalisé. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Chacun a pris ses responsabilités, les avants n’attendent plus sur la performance de l’un ou de l’autre pour sonner la charge. À ce titre, la performance du flanker Wiaan Liebenberg est un excellent exemple : même s’il n’a pas autant porté le ballon que les colosses Atonio, Skelton ou Alldritt, le Sud-africain a, sans bruit mais non sans une redoutable efficacité, contribué à la vaste opération de démolition des Rochelais.
Au moment de conclure, on se souviendra d’une promesse. Celle, un brin prémonitoire, que nous avait fait Grégory Alldritt, au soir de la défaite contre le Stade toulousain à Twickenham : « On sera là jusqu’au bout, jusqu’au 25 juin. » Le numéro huit du XV de France a tenu parole, tout comme son équipe. On se demandait comment les Maritimes se relèveraient de cet échec. On connaît désormais la réponse. On a retrouvé le monstre de l’Atlantique. Et seul un titre de champion de France pourra rassasier celui-ci.

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