Toulouse-La Rochelle : historique à plus d'un titre

Certaines finales marquent les mémoires de par leur déroulement : celles de 2002 et 2005 conclues en prolongations, celle de 2013 scellée par les deux drop-goals de Rémi Tales ou encore celle de 1993 émaillée du litige arbitrage entre Castres et Grenoble sont ainsi passées à la postérité. D’autres entrent dans la grande histoire avant même le coup d’envoi. L’affiche de ce samedi entre Toulouse et La Rochelle s’inscrit dans cette lignée.

Pour une mauvaise raison : son affluence dérisoire, limitée à 5000 spectateurs privilégiés, quand l’événement en avait rassemblé près de 100 000 au Camp Nou, en 2016. Mais aussi et surtout pour un tas de bonnes raisons. Pour la première fois, les deux finalistes de la Coupe d’Europe vont se retrouver en finale de leur championnat. Au début des années 2000, Toulouse et le Stade français s’étaient croisés sans jamais réaliser ce drôle de doublé. Outre-Manche, ni les clubs de Premiership ni ceux du feu Pro 12-14 n’ont jamais eu ce privilège. Ce Toulouse-La Rochelle se pose ainsi en "super finale" de la saison, toutes compétitions confondues sur l'Ancien continent. Le 25 juin 2021 marquera aussi les esprits car il restera, quoi qu’il arrive, le jour de la première finale de championnat élite du Stade rochelais. Un club vieux de 123 ans, tout de même, et réputé pour son fameux 100 % taux de remplissage. Pour l’heure, l’armoire à trophées de Marcel-Deflandre paraît des plus modestes avec deux Coupes de la Ligue, en 2002 et 2003, dont seuls les plus fervents supporters jaune et noir se rappellent l’existence. L’importance de l’échéance se trouve décuplée par tout ce vide et cette attente. 

25 ans après 1996, le premier vrai doublé ?

Quatre ans après l’élimination cruelle en demi-finale au Vélodrome de Marseille et deux ans après la finale de Challenge européen perdue contre Clermont, tout un peuple poussera derrière les siens pour le baptême à Saint-Denis. Si la confrontation en haut lieu ne marquait pas l’entrée du Stade rochelais dans la galerie des vainqueurs du championnat, en vingt-huitième position, elle consacrera l’avènement ultime du Stade toulousain. Jamais, dans le format complet d’une Coupe d’Europe, le club le plus titré de France n’a réalisé cet exploit. En 1996, il était parvenu à soulever les deux trophées dans la même année mais les finales étaient espacées de cinq mois et les Anglais n’étaient pas encore présents. De quoi relativiser la performance sans pour autant la minorer. Le maestro Guy Novès, en personne, avait décrit cet exploit comme “impossible”, en 2010 et en 2011, dans la mesure où les deux échéances se suivaient de près. Un mois et trois jours après avoir décroché leur cinquième étoile européenne, Ugo Mola et ses troupes sont désormais à quatre-vingts minutes d’atteindre un sommet à Saint-Denis.

Pour tout ça, cette lutte de haut vol est d’ores et déjà estampillée historique. Et il y a tout le reste, aussi. Avec Dupont, Kolbe, Kaino, Skelton, Leyds et autres Alldritt sur la pelouse, l’affiche a définitivement tout pour plaire et laisser une trace indélébile dans les annales et les souvenirs. Vivement vendredi !