Abonnés

La belle histoire des Ribeyrolles

Par Midi-Olympique
  • Une jolie histoire de famille entre le papa et la fille. Photo ASM Romagnat
    Une jolie histoire de famille entre le papa et la fille. Photo ASM Romagnat
Publié le
Partager :

C’est la belle histoire de ce week-end, l’entraîneur Fabrice Ribeyrolles remporte le titre de champion de France féminin avec sa fille sur le pré, le jour de la fête des pères. Ça c’est du cadeau !

Rares doivent être les émotions plus intenses que celle qui s’est emparée de la famille Ribeyrolles ce dimanche. L’émotion était déjà immense pour toutes les Auvergnates tant personne ne les imaginaient championnes. Imaginez maintenant Fabrice, qui, au coup de sifflet final, explose de joie en envahissant la pelouse avec son banc. Avant de voir ce petit bout de femme traverser tout le terrain pour lui sauter dans les bras pour une longue et intense étreinte afin de lui dire : « Bonne fête papa ! » Cette femme, c’est Margaux sa fille, évidemment. Si l’histoire du jour et le clin d’œil sont magnifiques, ils accouchent d’une histoire où le rugby a lié leurs destins. « Si j’en suis au rugby féminin aujourd’hui, c’est grâce à elle, raconte le père. Au début je n’y croyais pas, je ne voulais pas qu’elle en fasse. J’étais c... Et puis elle a commencé, je les ai accompagnées, et j’ai vu le plaisir et l’engagement qu’elles mettaient sur le terrain. »

Et le voilà à la tête de Romagnat pour assurer la succession d’Annick Hayraud. « Ce n’est pas toujours évident, mais en ce qui la concerne sur l’aspect sportif, je ne prends jamais de décision seul. Si Margaux joue, c’est que le staff approuve", poursuit-il. "Au début, j’avais un peu d’appréhension, vis-à-vis de mes partenaires, répond Margaux. J’ai joué avec la plupart des filles en minime et en cadette, donc elles m’ont connu avant mon père et elles sont tops avec nous. »

La voix du père rassurante

Doublure de Jessy Trémoulière, la jeune femme, libérée par l’Ephad où elle devait travailler dimanche, est prise d’angoisse à la mi-temps. « Il faut dire que moi je débarque là-dedans, j’ai complètement arrêté le rugby l’an passé pour la médecine, et je me retrouve là, je voyais l’intensité des filles et je ne savais pas si j’en étais capable. »

Alors quand elle confie sa peur à son coach à la mi-temps, c’est la voix du père qui la rassure. « Finalement quand elle rentre, elle fait du super boulot en défense, comme les autres, et puis on s’impose , déclare plein d’émotion le père avant que la fille ne conclut : Je sais qu’il est très fier de moi, mais moi je suis tout aussi heureuse de voir à quel point il se régale au rugby féminin. » La belle histoire des Ribeyrolles n’a certainement pas fini de s‘écrire. 

xxxx
xxxx

Un plan sans accroc

Il y a quinze jours, la capitaine de l’ASM Romagnat Léa Gabriagues déclarait à nos confrères de la Montagne : « On va surprendre tout le monde. » Elle ne croyait pas si bien dire. « On a fini par nous surprendre nous-mêmes, reprend-elle. En milieu de saison, on savait qu’on était dans les clous pour jouer les phases finales. À partir de là, sur un match, un exploit c’est possible, donc la finale devenait un objectif, mais remporter le championnat, pour nous ça tenait presque du miracle. » La troisième ligne et capitaine, toujours sur son petit nuage, était si surprise de son triomphe qu’elle en avait oublié que c’était à elle que revenait la première levée du bouclier. À l’image de sa capitaine, le projet Romagnat revient de loin, des profondeurs de la deuxième division, insufflé par son entraîneur. « Quand Fabrice Ribeyrolles arrive et qu’il nous a dit qu’il voulait monter en première division, on l’a pris pour un taré. Alors vous vous imaginez bien que le fait de se retrouver là aujourd’hui… »

Elle revient sur le récit d’un braquage, au scénario prédit à l’avance, où elles n’ont finalement rien volé. « Dans notre préparation d’avant-match, le staff nous avait prédit l’enfer pour cette finale contre Blagnac à Blagnac. Et quand cet énorme orage s’abat sur le terrain à l’échauffement, que la pluie nous empêchait presque de nous voir Fabrice Ribeyrolles nous rassemble et nous dit : « Voilà les filles, bienvenue en enfer. » On était préparées au pire, et ce fut un premier déclic. Pour les plus anciennes ça nous a rappelé la finale de deuxième division en 2016 qu’on avait remportées dans les mêmes conditions. Les plus jeunes ne comprenaient pas mais moi, à ce moment-là, je sentais qu’on allait gagner. »

Une confiance qui fait la différence

Dans un match engagé mais aux conditions difficiles, les deux équipes atteignent la pause sur un score nul et vierge. L’entraîneur confirme que de son côté tout se passe à merveille. « À la mi-temps, on est en bonne posture, on a résisté à la pression de l’événement, et à l’engouement des tribunes. En empêchant Blagnac de marquer, on leur met le doute sur le terrain et en tribune. À partir de là, j’ai dit aux filles que le plus important c’était de marquer rapidement. » Et devinez quoi, deux minutes de jeu plus tard, Élise Pignot inscrit le premier essai de la rencontre et permet à Romagnat de faire la course en tête et d’intensifier le doute chez leurs adversaires. « C’est le top pour un entraîneur quand tout se passe comme vous l’annonciez, les filles avaient complètement confiance », affirme Fabrice Ribeyrolles avant de poursuivre : « Pour le bien du rugby féminin, j’aurais préféré que cette finale soit une véritable promotion pour ce jeu, avec plus de passes et de spectacle. Nous avons besoin de plus de partenaires et de moyens, mais bon c’était une finale, et au vu des conditions, c’était du combat et du jeu au pied. »

À la sirène, les Jaunardes comptent cinq points d’avance, mais les deux équipes se retrouvent dans la même situation qui les a qualifiées la semaine suivante. Blagnac doit conclure le match par un essai, Romagnat doit défendre sa ligne, quand elle se fait pilonner depuis presque dix minutes dans une ambiance irrespirable. Au final, c’est cette fameuse confiance qui fera la différence, Romagnat ne manquera aucun plaquage quand Blagnac finit par tomber le dernier ballon. Depuis le début de la semaine, par tradition, le bouclier a souffert, elles ont même essayé de surfer dessus lundi soir, tant la fête de la musique fut arrosée (dans les deux sens du terme). Les festivités réduisent en intensité, ses dames au sommet de leur sport, doivent continuer de travailler pour vivre, pour combien de temps encore cette situation durera-t-elle ?

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?