Le Garrec : « Je suis arrivé pour gagner le Tournoi »

Comment vous sentez-vous après cette déception en demi-finale du Top 14 ?

Déçu pour le groupe. On a eu une année très longue et c’est dur de terminer sur ça. Ça marque un petit coup d’arrêt parce qu’après la défaite en Coupe d’Europe, on avait concentré tous nos objectifs sur le Top 14. On était sur une bonne dynamique en plus, mais on a joué contre une très grande équipe de La Rochelle. Dans ces matchs de phases finales, il n’y a pas beaucoup d’opportunités et ils ont été plus efficaces que nous.

Était-ce une surprise ?

Non, ce n’était pas surprenant de voir La Rochelle à ce niveau-là. Ils ont fait une finale de Coupe d’Europe cette année et ils ont quand même maîtrisé le championnat. Certaines personnes nous voyaient favoris au vu de notre dynamique mais les Rochelais ont été constants toute l’année. Ils ont été au rendez-vous.

Cette défaite va vous servir pour l’année prochaine ?

C’est sûr. L’année a été particulière pour tout le monde, on a joué deux coupes d’Europe, le Top 14 jusqu’en demi-finale. Ça a laissé des traces et il va être important de recharger les batteries cet été pour repartir sur une saison pleine.

Personnellement, vous rentrez en jeu durant les barrages, qu’est ce que ça fait de jouer un match de phases finales à 19 ans ?

C’est un rêve depuis tout petit. On regarde les matchs professionnels mais ceux où on vibre le plus ce sont ceux de phases finales. Alors pouvoir le vivre sur le terrain, c’est exceptionnel. J’ai essayé de faire abstraction du contexte pour jouer mon rugby et rester focalisé sur la performance. Mais déjà quelques jours avant le match, on se dit qu’on est dans le vrai. Ce sont des matchs spéciaux, plus engagés. J’aime bien ce genre de moments, ça montre le caractère des joueurs et ça les force à Donner le meilleur.

« C’est difficile d’oublier une demi-finale »

Vous êtes surpris d’avoir joué ce match alors que Teddy Iribaren était disponible ?

Oui, c’était une petite surprise. Mais j’ai travaillé toute l’année pour pouvoir jouer ce genre de matchs. Je savais que j’étais prêt et que, potentiellement, il y avait un choix fort à faire pour le staff. Mais j’avais déjà vécu des matchs avec beaucoup de pression cette saison, donc je pense que c’est pour ça que j’ai pu jouer ce barrage.

La confiance de ce staff est importante ?

Oui, j’ai eu la chance d’avoir la confiance du staff pour jouer ce match, mais aussi pour commencer à Toulouse et deux fois contre La Rochelle. J’ai eu l’occasion de m’exprimer sur des gros matchs à forts enjeux et fortes pressions. C’est dans ces matchs que j’ai tiré le plus de confiance et je le ressens aujourd’hui dans ma façon d’aborder des matchs, des situations. Ça m’a fait énormément progressé.

Vous êtes fier de ce que vous avez accompli cette année ?

J’étais plutôt content de ce que j’ai fait. Après je suis compétiteur, je veux toujours plus. J’ai joué les quarts, mais pas la demi-finale, alors je dois encore progresser. Je pense que j’ai vraiment découvert ce monde du très haut niveau. Il faut que je confirme encore.

Vous êtes désormais au pays de Galles avec les Bleuets, vous avez déjà basculé mentalement sur le Tournoi ?

C’est difficile d’oublier une demi-finale ça a laissé des traces. Ça faisait 13 mois qu’on préparait ça au club, donc c’est difficile de passer à autre chose en deux jours. Mais je suis très content d’être avec les U20 et je viens avec le même esprit qu’en club. Le Racing 92 m’a libéré après le match et je suis arrivé ce lundi au pays de Galles.

Il y a de la frustration que ce Tournoi soit déplacé et que vous ratiez du coup le début ?

Non, je pense même que c’est une bonne chose pour moi. Ça va me permettre de bien finir l’année et de ne pas finir sur cette demi-finale. Je vais pouvoir éliminer la frustration et de passer à autre chose avant d’aller en vacances. C’est important pour moi de vite basculer, prendre du plaisir et enchaîner les matchs. Parce que c’est toujours incroyable de représenter son pays.

Vous avez suivi la rencontre contre l’Angleterre ?

J’ai regardé tout le match. Le scénario est cruel parce qu’on fait une bonne première mi-temps et en deuxième mi-temps, on s’est relâché un peu. Ce sont des matchs de très haut niveau donc on est sanctionné tout de suite, surtout contre des équipes comme l’Angleterre qui sont bien organisées.

« J’aime avoir des responsabilités dans une équipe »

Le fait que cette équipe ne connaisse pas ces matchs à enjeux a joué dans cette performance ?

Le fait qu’il y ait ce covid, ça a marqué un petit coup d’arrêt pour les trois générations qui sont dans cette équipe actuellement. Après, tous les joueurs ont un grand talent, jouent des matchs à forts enjeux tous les week-ends, que ce soit en espoirs ou en Top 14. Même s’il y a moins d’expérience au niveau international, beaucoup de joueurs connaissent ces matchs. Le manque de repère collectif peut expliquer ce moment à vide mais moi je crois en cette équipe.

Le sacre est encore possible ?

Moi, je suis arrivé dans l’optique de gagner le Tournoi, parce que j’y crois. Je me suis dit que j’étais frustré d’avoir perdu la demi-finale, et qu’on allait gagner le Tournoi, peu importe le scénario. On a perdu un match mais on doit être capables de se relever et de montrer de belles choses. C’est un titre qu’on n’a pas eu depuis trois ans, il faut qu’on montre du caractère.

Vous êtes un des joueurs les plus expérimentés et un des co-capitaines, comment le vivez-vous ?

C’est quelque chose qui me plaît. J’aime avoir des responsabilités dans une équipe. D’autant plus que je passe d’une situation où dans mon club, je suis le petit jeune. Ici j’ai un peu plus d’expérience. J’aurais à cœur d’amener cette petite expérience et un peu de sérénité et d’énergie.

L’équipe a en plus perdu le capitaine du premier match, Joshua Brennan…

Oui. Dans ces moments-là, l’équipe a besoin de se resserrer sur elle-même, mais aussi sur certains joueurs, dont faisait partie Josh. C’est notre rôle d’assumer dans les moments un peu plus durs. Mais déjà, je vais parler à tout le monde dans la semaine, parce que moi aussi j’arrive dans un nouveau projet. J’ai besoin d’échanger parce qu’il y en a qui sont ensemble depuis maintenant un mois.

Vous avez la chance de déjà connaître le groupe…

Oui Matthias (Haddad) est un très bon ami, j’ai beaucoup joué avec la plupart d’entre eux. On a partagé des bons moments entre le Tournoi des 6 Nations 2018 et la tournée en Afrique du Sud. Je connais les mecs, et c’est pour ça que je dis qu’on a d’énormes qualités.

Lesquelles ?

On a des joueurs qui sont très rugby, qui vont vite, qui ont des qualités de duel. C’est l’ADN qu’on essaie d’avoir en équipe de France : être capable de jouer des coups, prendre des initiatives, tout en respectant le cadre. On a une équipe capable de faire ça, très mobile.

Personnellement, vous vous sentez prêts à jouer dès vendredi contre l’Italie ?

Ce sera une forte adaptation, mais c’est un défi de plus. Je pense que j’aurais l’occasion de m’exprimer en fin de match donc je vais faire le maximum. Mais j’ai déjà des repères avec l’équipe donc ça devrait être facile.

Ce qu’en pense Philippe Boher (sélectionneur des Bleuets) :

Il va nous apporter de l’expérience. C’est un leader de jeu, de groupe. Il sera un des capitaines de l’équipe. Il a eu un périple assez chaotique avant d’arriver avec nous. Pour l’instant, on n’attend pas de lui qu’il soit le messie. C’est un excellent joueur qui a un fort potentiel pour l’avenir, mais on va le rentrer dans le groupe en douceur. Ce serait idiot de le mettre en danger.