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Toulouse se battra jusqu'à son dernier souffle

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Publié le Mis à jour
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Treize mois jour pour jour après avoir entamé cette interminable saison, les Toulousains vont la finir par un immense défi.  bout de forces et de munitions, à eux de trouver l’énergie pour s’offrir un vingt-et-unième Bouclier de Brennus et un doublé historique.


C’était le 25 mai 2020. Une éternité déjà. Treize mois, jour pour jour, avant cette finale de Top 14, les joueurs du Stade toulousain — alors que le Covid avait entraîné l’arrêt des compétitions début mars — retournaient enfin à Ernest-Wallon. C’était pour une batterie d’examens médicaux préalable à la reprise de l’entraînement. "Cela reste une saison incroyablement longue, confiait Ugo Mola à la veille de la demi-finale contre Bordeaux-Bègles. C’est un luxe d’avoir bénéficié d’un week-end libre après cinq-sept semaines d’entraînement." Cinq-huit maintenant. Le manager faisait référence au barrage évité grâce à la première place finale en championnat. Même si ce fut décisif, elle n’a pas suffi à apporter toute la fraîcheur nécessaire à une troupe qui a souffert en deuxième mi-temps contre l’UBB. Quoi de plus normal…

Ce vendredi, le champion d’Europe disputera son trente-septième match depuis mi-août, le plus gros total pour un club français. En plus des Champions Cup 2020 et 2021, d’un Top 14 à rallonge, les Bleus - Toulouse est le plus gros pourvoyeur d’internationaux - ont aussi enchaîné fin du Tournoi des 6 Nations 2020, Coupe d’Automne des Nations et Tournoi 2021. Mola ne veut pas se plaindre : "L’épisode Covid a été marquant pour tous mais on a eu la chance de bosser, de jouer, de s’exposer, de voyager."

Romain Ntamack en convenait pourtant lundi : "ça commence à être dur. L’effectif est touché par plusieurs grosses blessures, la marge de manœuvre réduite à certains postes." Lui a rempli encore plus les rangs de l’infirmerie après son impressionnant K.O. "On a eu onze opérations, une douzaine de fractures, ce n’est pas anodin, note Mola. Il y a des mecs qui ont eu des gros pépins ou qui ont arrêté leur carrière sur blessure (Yoann Huget, N.D.L.R.)." Mais son ouvreur international de promettre : "Cette finale se gagnera sur le mental."

La quête suprême d’énergie

Tous s’accordent à Ernest-Wallon : cette équipe sait mieux que personne trouver des ressources insoupçonnées. Elle est à bout de souffle, prétendre l’inverse serait un mensonge, mais elle peut compter sur la polyvalence de ses membres, le talent de sa relève et un fol enthousiasme. Cette forme d’insouciance, pointée par les plus vieux, qui portent les Stadistes, jusqu’à être cultivée.

Vendredi dernier, les trois-quarts avaient ainsi joué leur vie sur une partie de foot entre jeunes et anciens lors du traditionnel entraînement du capitaine au stade Pierre-Mauroy de Lille, avant de se lancer dans un concours de bombes dans la piscine de leur hôtel en fin de journée. "Je le dis constamment mais on tombe parfois sur des groupes à part, apprécie Mola. Celui-là est incroyable, il a l’appétit de jouer au rugby, une énergie dingue aussi. Il faut qu’on en trouve encore afin de lui donner les clés pour gagner contre les Rochelais. Je ne sais pas si on en aura assez, surtout quand on voit leur demie, mais on va se préparer, essayer d’avoir un bon Stade toulousain, peu importe qui sera sur le terrain."

Thomas Ramos dépannera en 10 et, face aux absences et incertitudes de dernière minute, il y aura forcément du bricolage en deuxième ligne. Soit. C’est de toute façon le thème des derniers jours, axés sur la récupération vu que le dernier champion de France - malgré sa position de leader à la fin de la phase régulière - bénéficiait de vingt-quatre de moins que son adversaire pour préparer l’événement. "Je ne veux pas faire du Guy (Novès), qui était spécialiste en la matière, mais à ce moment-là de la compétition, c’est beaucoup", sourit Mola.

Ses joueurs ont simplement visité les salles de massage ou de cryothérapie jusqu’à mercredi matin, date du seul vrai entraînement programmé. Lequel ne fut même pas effectué à une haute intensité pourtant si chère au staff… "Nous étions obligés de réduire la voilure et de miser sur des vidéos, explique l’entraîneur de la défense Laurent Thuéry. On savait depuis la finale de Coupe d’Europe que les semaines seraient beaucoup plus légères. Le but est de ne pas perdre d’énergie inutilement en passant trop de temps sur le terrain. On voulait aller la chercher partout où on pouvait en trouver."

Son troisième ligne Selevasio Tolofua confirme : "Beaucoup sont très fatigués mais ça reste une finale, et il y a tellement d’excitation… Ne vous inquiétez pas, je me rends bien compte que la saison arrive à son terme. Mais il y a du monde qui aimerait être à notre place. On veut encore profiter de chaque moment." Il faudra un ultime effort, sûrement le plus éprouvant mais assurément le plus majestueux de tous. La gloire d’un doublé historique se paie à ce prix cette année. Au bout d’une usure nerveuse si dure à évaluer après des centaines de cotons-tiges dans le nez et autant de coups de stress d’un report. Les corps sont meurtris, les têtes rincées.

Mais l’euphorie promet d’être à la hauteur de la douleur si les Toulousains se mettent sur leur "21" ce vendredi soir pour magnifier une saison quoi qu’il arrive remarquable, avant de couper pour six salvatrices semaines. "Le deal, depuis le début, est de donner des vacances comme jamais les joueurs n’en ont eu, annonce Mola. Avant, il faut juste se pointer à Paris et y faire quelque chose de bien." De grand plutôt. De très grand.

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