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Leaders en faillite

Par Arnaud Beurdeley
  • Grégory Alldritt est passé complètement à côté de sa finale. Photo M. O. - D. P.
    Grégory Alldritt est passé complètement à côté de sa finale. Photo M. O. - D. P. M. O. - D. P. - D. P.
Publié le Mis à jour
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Si l’on a pas reconnu le Stade rochelais, si brillant cette saison, au cours de cette finale, c’est principalement en raison de la faillite de ses leaders dans le jeu mais aussi en l’absence de plan B.

« Faire les meilleures quatre-vingts minutes de la saison. » C’était le souhait de Jono Gibbes avant cet ultime rendez-vous au Stade de France. Un vœu resté pieu pour cet épilogue d’une saison éreintante. Le Stade rochelais est passé complètement à côté de sa finale. La raison principale ? La faillite de ses leaders. En tête de liste, le capitaine Romain Sazy, au club depuis 2010, n’a pas su amener la sérénité nécessaire à son groupe qui connaissait sa première finale de Top 14. Les Maritimes sont apparus fébriles, frileux et inconséquents. Et ce dès le début de la rencontre. L’adjoint de Gibbes, Ronan O’Gara, en a convenu. « Nous n’avons pas été pris par l’émotion mais tu ne peux pas gagner une finale si tes leaders ne sont pas performants, a regretté le technicien irlandais. Pour faire progresser le groupe, j’aimerais savoir pourquoi tu fais vingt-six ou vingt-sept bons matchs et que maintenant, tout est à la poubelle. »

West a encore failli au pied

La métaphore est à la hauteur de la déception. Tout n’est pas à jeter, évidemment. Mais pour continuer l’entreprise de construction et progresser, O’Gara, successeur de Gibbes au poste de manager pour la saison prochaine, devra trouver des réponses à son interrogation. Pourquoi Grégory Alldritt, un des fers de lance du pack rochelais, a montré son plus mauvais visage à l’instant le plus important ? Habituellement dominant dans les collisions, le troisième ligne centre de l’équipe de France a évolué bien en dessous de son niveau habituel. Jamais il n’a permis à son équipe de jouer dans l’avancée. Même constat pour Will Skelton, le tank des Maritimes, si impressionnant tout au long de cette saison et surtout en demi-finale contre le Racing, a enchaîné les maladresses et n’a pas eu l’impact physique nécessaire à une telle rencontre. Ces joueurs-là étaient-ils rincés par une année de treize mois dans les pattes ? Se poser la question, c’est déjà un peu y répondre. Ronan O’Gara a construit depuis deux ans une équipe à l’image de ses convictions, proche de celles du Munster qui lui valurent tant de succès. Un jeu fondé, de façon un peu caricaturale, sur la destruction de l’adversaire, au sens propre comme au sens figuré. Or, sans ce préalable, point de succès.

Mais le plus frappant dans cette défaillance des cadres, c’est l’absence de relais. La charnière ? Toute internationale néo-zélandaise qu’elle est, elle s’est révélée décevante, très loin du niveau attendu. Certes, Tawera Kerr-Barlow a bien tenté d’animer sa zone, jouant notamment superbement un côté fermé avec Arthur Retière mais ratant complètement son deux contre un face à Lebel (19e), mais il n’a pas pesé tel Antoine Dupond côté toulousain. Et que dire de Ihaia West ? Jouer une finale avec un buteur aussi peu fiable (un sur trois), c’est l’assurance de rester dans l’histoire de ces finalistes dont on finit par oublier le nom.

Pas de relais donc mais pas de plan B non plus. Jamais les Rochelais n’ont cherché à modifier leur stratégie en cours de match. Ils sont restés figés sur leurs certitudes, ils sont morts avec leurs convictions. « Sur les quarante premières minutes, on ne peut pas faire pire, a pesté le capitaine Romain Sazy. On ne va pas se cacher derrière des excuses : notre match n’a pas été bon. C’est sans doute l’un des pires de notre saison. » Au plus mauvais moment.

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