Aubin Hueber (Ancien demi de mêlée international) : « Couilloud ne sera pas loin de Dupont »

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Aubin Hueber, ancien demi de mêlée international et entraîneur des équipes de France de jeunes revient sur la charnière Carbonel - Couilloud. 

L’association Couilloud-Carbonel vous semble-t-elle logique ?

Ce sont les plus expérimentés à leurs postes, donc oui. Couilloud a déjà été titulaire, il est dans le groupe depuis un moment. Louis est également là depuis le début. Il est donc légitime qu’ils débutent. Dans la hiérarchie, c’était leur tour.

Comment doivent-ils se répartir les missions ?

Je suis persuadé qu’ils sont très complémentaires. Baptiste a une très belle passe, il éjecte très vite et Louis va aimer ça pour lancer son jeu. Baptiste, c’est vraiment un 9 complet. Il est capable de démarrer autour, il va vite, il provoque. Il peut aussi prendre à sa charge le jeu au pied de pression. Il ne fait pas que de l’éjection et je crois que cela va servir Louis, qui pourrait se concentrer sur ce qu’il préfère et dans lequel il excelle : l’animation du jeu offensif. Comme Jalibert, Carbonel est un attaquant, proche de la ligne d’avantage. Ntamack, par exemple, joue un peu plus en retrait pour organiser le jeu.

Face à l’Australie, avec un temps de préparation réduit, on peut s’attendre à des structures de jeu simplifiées autour de l’essentiel : occupation, défi physique et défense. Problématique, pour ces profils ?

Surtout pour Louis. C’est un joueur d’instinct, d’attaque. Ce nouveau défi doit le faire grandir. Le rugby est fait de passes mais aussi d’occupation et de gain du terrain. Au très haut niveau, il faut savoir tout faire et Louis ne peut pas être qu’un attaquant.

Vous les avez entraînés dans les sélections de jeunes : étaient-ils naturellement prédisposés ?

Baptiste fait partie de la dernière génération du pôle France. Je l’ai connu là-bas. Il était extrêmement bosseur. Il commençait ses études à 8 h, donc on se donnait rendez-vous tôt le matin, parfois à 5 h 30 ou 6 h, pour bosser. C’était sa démarche, la demande venait de lui. Ce n’est pas courant, si jeune, de réclamer du travail à de tels horaires. Mais c’est un mec intelligent, "câblé" comme on dit.

Et Louis Carbonel ?

C’était différent. Louis est exceptionnel par son jeu. Il était sûrement moins bosseur mais il avait un don, très jeune. Vraiment, c’est un surdoué. On le voyait avec les U20 : dès qu’il prenait le jeu à son compte, toute l’équipe avançait. C’est aussi vrai avec Toulon. Maintenant, au très haut niveau, il va se confronter à une autre réalité. Si vous ne bossez pas assez, les autres vous doublent.

Comprenez-vous leurs difficultés à s’installer chez les Bleus, autour desquels ils tournent pourtant depuis plusieurs années ?

Il faut prendre en compte la génération et la concurrence, à ces postes de 9 et 10. En 9, elle est immense. Et dites-vous que Le Garrec va arriver… En 10, avec Ntamack, Jalibert et Hastoy qui va se mêler à la lutte, c’est aussi très dense.

Que manque-t-il à Carbonel, par rapport à Jalibert ou Ntamack ?

La régularité. Louis peut avoir des fulgurances mais il n’est pas assez constant. Les autres pèsent sur le jeu pendant les 80 minutes d’un match, et toute la saison. L’écart se fait là.

Couilloud perd-il trop d’énergie dans ses rôles à responsabilité ?

Demi de mêlée, c’est un poste naturellement stratégique. Il faut être bien concentré sur son rôle personnel mais aussi animer l’équipe. Si, en plus, vous êtes le capitaine, cela fait une troisième charge à supporter. Le costume était-il un peu grand ? Il a tout pour l’assumer mais je crois qu’on le lui a donné un peu trop tôt. Il aurait pu prendre le temps de grandir un peu. Ce n’est que mon avis. Pierre (Mignoni) a voulu le responsabiliser tôt. Il faut le respecter. Cela payera sûrement à moyen terme mais dans l’immédiat, je trouve que cela fait beaucoup.

Au poste de 9, la concurrence avec Dupont est-elle incontestable ?

Vu les prestations de Dupont, il paraît évidemment dur de lui prendre la place. Mais avant que Dupont émerge de façon aussi spectaculaire, Couilloud était au match. S’il déplore moins de blessures et qu’il retrouve un bon niveau avec Lyon, il ne sera pas loin de Dupont.

Vraiment ?

Antoine a une puissance physique hors catégorie. Il est exceptionnel quand il est dans l’action, mais Couilloud est plus cornac. Il a une influence plus cérébrale, sur la gestion de son équipe et de la stratégie. Derrière un paquet qui recule, par exemple, Couilloud sera moins en difficulté. Il trouvera plus facilement des adaptations tactiques.

Un joueur peut-il se contenter d’un rôle de suppléant, pour le bien du groupe, ou doit-il absolument ambitionner de "manger" le numéro 1 ?

La concurrence est un élément important. Elle fait avancer tout le monde. Couilloud doit ambitionner de devenir le numéro 1. Il doit se donner tous les moyens d’y arriver mais en respect des règles de vie du groupe. Ensuite, c’est le terrain qui parle.

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