Comme un détail

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L'édito du vendredi par Léo Faure... C’est une musique de rengaine, un couplet redondant ou plutôt son refrain, qui revient à intervalles réguliers et vous marque en tête pour ne plus en sortir. On s’y attend, on l’attend et invariablement, il revient : le sport de haut niveau se joue sur des détails.

Ce sont les joueurs qui le martèlent. Chaque match, chaque week-end, le Top 14 se joue sur des détails, puisque c’est le haut niveau. Imaginez un peu la Coupe d’Europe ? C’est le très haut niveau, qui se joue donc sur des détails de détails. Les phases finales, c’est l’apogée du détail. Et puisqu’au dessus, il reste encore un étage à la fusée « rugby » : au niveau international, le top du top, c’est le détail qui tue. Il a effectivement « tué » les Bleus, ce mercredi à Brisbane en ouverture d’une tournée improbable sous tous ses angles.

Le XV de France a émerveillé, pendant vingt-cinq minutes. Comme avant chaque match, on s’était dit que Gabin Villière n’était pas le plus gracile des ailiers français, ni le plus rapide, ni le plus costaud, ni le plus doué. Comme après chaque match, on en est revenu à cette évidence : il n’a ni la foulée équine de Damian Penaud, ni celle féline de Teddy Thomas mais, factuellement, il est le plus sûr en défense et le plus efficace en attaque. Ça fait beaucoup. Et ça fait de lui le meilleur ailier de France. Qu’importe l’esthétisme.

Villière, par ses deux essais, avait donné quinze points d’avance aux Bleus. Une marge sérieuse, confortable à gérer. Encore faut-il la gérer. Mais les Bleus ont ensuite souffert, plié, résisté en défense sans plus rien à se mettre sous la dent en attaque. Jusqu’à se retrouver à portée de tir, dans les ultimes minutes (21-20). Jusqu’à rompre, dans les ultimes secondes. La faute a un sacré détail. Au regard de sa physionomie totale, englobant les quatre-vingts minutes, cet Australie-France est certainement revenu à la meilleure équipe sur le terrain. Au regard des dernières secondes, la défaite apparaît immensément cruelle.

Comment diable perdre un match qui vous tendait à ce point les bras ? En la matière, les Bleus ont du savoir-faire. Ils avaient laissé filer le bonus et le gain de leur premier Tournoi, en 2020 face à l’Angleterre, par l’entremise d’un improbable dégagement en touche d’Antoine Dupont qui avait anticipé la sirène d’une poignée de secondes. Ils avaient abandonné la victoire à Twickenham (Coupe d’automne des nations) et celle face à l’écosse (Tournoi 2021) par le biais de bévues similaires.

Ce mercredi en Australie, ils ont donc cafouillé une dernière touche qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Ils ont balancé une fois, puis deux fois, un ballon qui leur était revenu dans les mains comme par miracle. Ils ont finalement offert à l’Australie une dernière munition et une dernière pénalité. Trop facile. Tout, pourtant, aurait prêté à se réjouir de ce match.

Les performances de quelques suppléants propulsés cadres (Jelonch, Danty, Vincent), l’abnégation défensive qui marque de son sceau les équipes qu’on adore aimer. Et ce résultat, si hypothétique au regard du contexte. 31 ans que la France n’avait plus gagné en Australie. Mercredi, elle aurait pu le faire. Elle aurait dû le faire. Avant de paniquer franchement. En sport de haut niveau, la lucidité vaut tous les talents du monde. Et ce n’est pas un détail.

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