Capitanat des Bleus : jusqu’où ira l’intérim ?

Dix ans après, le parallèle avec un certain Thierry Dusautoir était évidemment tentant. Question de poste, évidemment, de profil de joueur dur au mal et de leader par l’exemple, mais surtout de contexte... Le grand public l’a probablement oublié mais en 2009, celui qui incarna pendant six ans le rôle de capitaine des Bleus (tout en se voyant, tiens donc, disputer le brassard par Pascal Papé après une blessure en 2012-2013) s’était vu offrir pour la première fois de porter ses galons dans le contexte d’une tournée kamikaze aux antipodes, en « intérim » du titulaire (Lionel Nallet) absent sur blessure.

Pouvait-on ainsi imaginer pareil scenario en faveur du Gersois ? En toute sincérité, peut-être. Parce que Charles Ollivon manquera très certainement la prochaine tournée de novembre et le Tournoi 2022, et qu’à ce titre, il était tout sauf anodin de la part du staff de promouvoir Anthony Jelonch, plutôt que de jouer la facilité avec un Baptiste Couilloud, par exemple… Reste qu’à la différence de Dusautoir, le premier capitanat d’Anthony Jelonch ne s’est pas soldé par une victoire, mais bien par une défaite. Au terme d’un scenario improbable et imperdable, certes. Mais une défaite quand même, en conclusion d’une dernière action où le XV de France a singulièrement manqué de calme et de maîtrise, ce qu’un capitaine digne de ce nom prend toujours un peu pour lui…

Un 2^e test capital

Faut-il dès lors en conclure que Jelonch ne sera quoi qu’il arrive pas le capitaine du XV de France lors de la prochaine tournée de novembre, lui qui présente le désavantage notable de ne pas très bien s’exprimer en Anglais auprès des arbitres ? Certains ne manqueront pas de l’imaginer, oui. D’autant que le rôle de leader de cette tournée devait à l’origine être tenu par Gaël Fickou et que lors du dernier Tournoi, c’est sur le numéro 8 Greg Alldritt que s’était initialement porté le choix des coachs pour suppléer Charles Ollivon touché par le covid, avant que l’éclatement de la bulle sanitaire conduise au report de France-Ecosse.

Toutefois, mieux vaut ne rien gager trop rapidement… Parce que tout peut aller très vite en sport et qu’en cas d’un succès de prestige mardi face aux Wallabies, la candidature d’Anthony Jelonch prendrait d’autant plus d’épaisseur. Il semble en effet patent que, dans le contexte difficile d’une quatorzaine à l’autre bout du monde, le Gersois a réussi la gageure de mobiliser et fédérer une équipe faite de bric et de broc, au point de faire mieux que rivaliser avec l’Australie quand tous les observateurs de la planète lui prédisaient une déroute à plus de quarante points. Leader de combat au point d’être à la fois le joueur qui a le plus porté le ballon et le plus plaqué, Jelonch a en effet prouvé à tous les observateurs qu’il était de la trempe des joueurs sur qui l’on pouvait compter, à défaut d’être le meilleur communicant du monde.

Après tout, à ses débuts, Dusautoir lui-même n’était pas non plus très à l’aise derrière un micro... Autant dire qu’en cas de premier succès depuis 31 ans au pays des Wallabies, le destin du futur Toulousain pourrait bien connaître un sacré coup d’accélérateur, lui qui présente en outre aux yeux du staff l’avantage d’être l’un des plus vieux complice de son meilleur joueur, Antoine Dupont...