Yannick Le Borgne (président du XV Gaulois à Singapour) : « Le support de Bpifrance nous rassure et nous motive »

Par Midi Olympique
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    Yannick Le Borgne (président du XV Gaulois à Singapour) : « Le support de Bpifrance nous rassure et nous motive » BPI France / Midi Olympique
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Pourquoi votre club peut-il être considéré comme un club de Meneurs ? Qu’est-ce qui le rend à la fois unique et innovant ?

Notre club est jeune, nous venons de fêter nos dix ans. Quand nous avons démarré l’aventure du XV Gaulois à Singapour nous nous étions dit qu’il fallait plus de clubs dans le championnat pour le rendre plus intéressant, plus compétitif. On voulait apporter notre pierre à l’édifice et participer à l’expansion du rugby en construisant un projet depuis l’origine.

Nous avons aussi voulu créer un club qui avait une vision un peu différente de ce qui existait déjà. Nous sommes marqués par une forte dominante française dans un monde rugbystique qui reste très britannique encore aujourd’hui. L’ADN rugbystique du club est par essence unique pour Singapour, le « french flair » et la camaraderie à la française. Il a fallu montrer notre présence sur et en dehors des terrains. En ce sens nous n’avons pas attendu que les choses changent, nous avons pris nos responsabilités et nous nous sommes lancés sans savoir si ça marcherait. Nous avons réussi à fédérer autour du club pour que ça prenne. Nous avons monté un tournoi annuel auquel participe la plupart des équipes de Singapour, des catégories de jeunes aux catégories vétérans. C’est un bel outil marketing pour montrer de quoi nous sommes capables.

Nous sommes aussi le second club à l’échelle locale à avoir fait une levée de fonds sous l’égide de la fédération singapourienne de rugby et du ministère des sports. C’est une formidable chance pour consolider nos finances et pouvoir regarder plus loin. En échange, nous avons des obligations vis-à-vis de la fédération. Nous devons travailler à développer nos infrastructures rugbystiques en interne : des coachs, des arbitres, nos joueurs, développer aussi le rugby féminin et le rugby à VII avec pour objectif ambitieux pour le rugby singapourien de pouvoir envoyer un jour une équipe aux Jeux Olympiques.

Notre objectif rêvé serait de réussir à fédérer un maximum de partenaires autour de notre projet et de créer une sorte de « maison du rugby à Singapour », un lieu pour favoriser la pratique de notre sport, l’apprentissage aux jeunes et y développer un ensemble d’activités sociales autour. Les intéressés sont les bienvenus ! Il nous faudra certainement trouver des alliances avec d’autres clubs. Si nous y parvenons, nous aurons réalisé quelque chose d’unique. Nous sortons très lentement de la crise sanitaire, le rugby a fonctionné au ralenti depuis mars 2020. Nous espérons pouvoir bientôt nous entraîner normalement à nouveau et rejouer au plus vite en 2022. On va devoir redoubler d’efforts pour mener à bien un certain nombre de projets qui sont en veille depuis dix-huit mois.

En quoi votre club est un acteur essentiel sur les plans économique, social et sociétal au sein de votre territoire ?

Nous évoluons à un niveau encore amateur. Par conséquent notre impact sur le plan économique reste assez limité. Singapour reste une plaque tournante commerciale et financière entre l’Asie et le reste du monde. Il y a donc toujours des opportunités. Nous essayons au mieux d’aider nos joueurs professionnellement en nous appuyant sur notre réseau de partenaires et d’anciens. Bpifrance nous donne accès a un nombre important d’entreprises qui sont actives dans la région et recrutent régulièrement. On espère que des joueurs en France seront motivés par l’aventure d’une expatriation. Nous apportons aussi notre soutien à l’économie locale lors de nos tournées dans différents pays en Asie. Enfin si notre développement se confirme il nous faudra créer un poste à temps partiel ou même à temps plein pour supporter les activités du club.

Sur le plan social, nous fonctionnons un peu comme une grande famille. Beaucoup de nos membres qui se sont retrouvés un peu isolés pendant les différentes périodes de confinement ont pu trouver du soutien auprès d’autres membres du club. Le club prend très au sérieux la santé mentale de ses sportifs et c’est une cause pour laquelle nous militons à l’échelle locale auprès des autres clubs et de la fédération. Notre coach numéro un, l’Anglais Andy Martin s’est fait le porte-drapeau de ce sujet très important. Par ailleurs le club envoie aussi régulièrement des volontaires pour aider à la distribution de repas gratuits dans les logements sociaux de Singapour.

Sur le plan sociétal, nous embrassons complètement la cause écologique mais sans aucune connotation politique. C’est une cause très chère à notre trésorier Aurélien Cognon et notre capitaine David Trial. Nous voulons prendre notre part de responsabilité et agir. Nous participons régulièrement au nettoyage des plages de Singapour. Nous encourageons le recyclage des vêtements et équipements de sport qui ont fait leur temps. Nous sommes aussi en discussion pour obtenir le label « Fair play for planet », formidable initiative de l’ancien international français Julien Pierre.

Comment souhaitez-vous faire grandir votre club dans le futur ? Quelle est votre vision d’avenir ?

Nous sommes un club de rugby et notre développement va de pair avec les évolutions de notre sport. Le touch rugby a pris une place importante à Singapour et c’est logiquement que nous avons aussi démarré cette section au sein du club. L‘engouement va continuer à attirer plus de joueurs et de joueuses.

Par ailleurs, les Jeux Olympiques ont montré que le rugby à VII était un format qui correspondait bien à notre époque avec du spectacle. Ça va vite, c’est divertissant. On a aussi vu la formidable progression du rugby féminin. Nous sommes des amoureux du rugby à XV mais nous allons aussi accompagner spécifiquement des joueurs pour se préparer pour des compétitions à VII. Singapour est une étape du circuit mondial à VII et la fédération encourage les clubs à aller dans ce sens pour grossir le rang des joueurs potentiellement sélectionnables pour l’équipe nationale à VII.

Enfin nous espérons attirer plus de féminines. Nous avons déjà plusieurs équipes de touch. On espère pouvoir démarrer une section à XV bientôt. Et pour les mêmes raisons que citées précédemment le rugby féminin à VII fait aussi partie de la liste des projets à faire avancer.

La vision du club reste donc la même. Nous voulons continuer à développer notre club afin d’améliorer notre infrastructure pour la pratique du rugby pour le plus grand nombre. Il faut garder en tête que la vision du club doit être au service de notre sport. Les dix premières années on ne partait de rien donc toute réussite était un bonus en quelque sorte. La prochaine décennie il va falloir construire sur le formidable travail qui a été fait sous la direction de notre ancien président Jean-Cyrille Du Roizel. Il va falloir gagner un titre dans le championnat pour prouver que nous avons fait les bons choix. Il faut pour cela renforcer nos capacités de formation et de coaching. Il va falloir créer des passerelles entre les catégories jeunes et nos équipes seniors, soit en signant des partenariats avec des acteurs locaux soit encore une fois en démarrant notre école de rugby nous-même. En cela le support de Bpifrance nous fait énormément de bien. Nous avons accès à un réseau de professionnels du sport. Ça nous motive, ça nous rassure et ça va nous aider à avancer plus vite.

Enfin, quelle est votre propre définition d’un meneur ?

Un meneur n’existe que s’il a des gens avec lui par définition. Le côté fédérateur est essentiel. À mon humble opinion, le meneur c’est aussi celui qui est capable de se projeter et de trouver la meilleure vision possible pour le projet auquel il participe. C’est surtout celui qui va se battre pour rassembler les éléments nécessaires afin d’atteindre les objectifs. C’est enfin celui qui s’assure que le bateau garde le cap malgré les vents contraires comme c’est le cas actuellement avec la crise sanitaire.

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