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XV de France - Labit : « On doit changer de caractère et afficher nos ambitions »

Par Propos recueillis par Jeremy Fadat
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    XV de France - Labit : « On doit changer de caractère et afficher nos ambitions » DR - DR
Publié le Mis à jour
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Conscient de l’émulation qui va porter les Bleus grâce à la richesse actuelle du réservoir, Laurent Labit (entraineur du XV de France en charge de l'attaque) veut que les internationaux français assument désormais leur soif de titres.

Pourquoi « s’entraîner à entraîner » ?
C’est le cœur de notre métier et on n’est heureux que lorsqu’on est sur le terrain. En équipe nationale, il y a des périodes sans entraînement et ceci nous permet d’avoir une cohésion. Quand les joueurs arrivent avec nous, il faut que les choses se passent comme ils en ont l’habitude en club, sans hésitation ni approximation dans le fonctionnement.

Votre fonctionnement a-t-il évolué ?

On a apporté des corrections, pour s’améliorer, voir où on peut gagner un peu de temps sur certains secteurs de jeu, avec notamment l’évolution des règles. C’est un changement de philosophie par rapport à notre travail en club, où on a les joueurs toutes les semaines à disposition. On ne peut pas se permettre d’étaler dans la durée tout ce qu’on a à voir, de s’entraîner dix heures dans la semaine… On a deux heures et demie de terrain, dans lesquelles il faut tout mettre. On veut encore passer à la vitesse supérieure sur le jeu. Mais sans aller trop vite non plus car il faut garder des innovations pour 2023, ne pas trop se découvrir avant.

Avez-vous le sentiment de progresser ?

Ce qui nous fait progresser, c’est le niveau de nos joueurs et de nos adversaires, mais aussi les échanges avec les clubs. Avant, nous étions concurrents avec les managers et entraîneurs. On s’appréciait mais on ne parlait jamais de jeu. Là, nous ne sommes plus concurrents et ça fait du bien de se nourrir des discussions avec d’autres techniciens.

Sentez-vous les espoirs suscités par la tournée en Australie ?

Bien sûr. Entre les productions et les résultats, malgré une équipe très largement rajeunie, il y a des satisfactions sur le comportement, ce qui a créé un engouement en France. Ça fait partie de notre projet, à savoir fédérer et rassembler. On a trop souffert pendant des années du manque de soutien derrière le XV de France. Tout le monde parle de 2023 mais, qu’on soit encore là ou pas, il y aura aussi un après-2023. Le rugby français devra continuer à être performant. Certains joueurs venus en Australie ne seront pas là en novembre mais ont appris. Ils seront là en 2022, 2023 ou peut-être 2025. C’est aussi notre travail.

Le match contre la Nouvelle-Zélande, le 20 novembre prochain, est-il déjà dans les têtes ?

L’erreur serait de ne penser qu’aux Blacks, en oubliant l’Argentine qui nous a souvent posé des problèmes, ou la Géorgie qui est un pays émergent et vise une place dans le Tournoi à terme. On a perdu deux Tournois des 6 Nations car il fallait courir derrière le score lors du dernier match pour n’avoir pas fait ce qu’il fallait dans les quatre précédents.

Que vous inspirent les Argentins actuellement ?

Dans les valeurs, ils sont toujours présents. Pendant un an et demi, ils ont connu des difficultés, avec la disparition des Jaguares et avec des joueurs revenus en France. Ils ont eu du mal à relancer la machine mais ils ont quand même battu la Nouvelle-Zélande l’an passé. On les connaît, ce sont presque nos cousins. Affronter l’équipe de France, c’est toujours spécial pour eux.

Défier les All Blacks, est-ce aussi un sommet pour un entraîneur ?

C’est certain. Je ressens de l’excitation. Quand tu prépares un match contre eux, avant même de chercher des solutions, tu es d’abord fan de tout ce qu’ils font. Après, tu arrêtes et tu te dis : « Bon, je ne vais pas faire que les bader (sic), je vais essayer de trouver des points faibles ». Pour un joueur ou un entraîneur, c’est le rendez-vous d’une carrière. Mais, si on attend le 20 novembre pour savoir où on en est, ce sera déjà trop tard.

L’objectif de la saison est-il de garnir enfin le palmarès ?

Cela fait partie de la maturité collective qu’on recherche. En 2023, on n’aura pas le même nombre de sélections ou la même moyenne d’âge que d’autres nations favorites. Cela passera par des résultats.On a dit aux joueurs qu’on doit changer de caractère, afficher nos ambitions pour ne pas avoir honte de dire qu’on veut gagner. On doit se donner les moyens de remporter le Tournoi.

Changer de caractère, vous dites ?

Oui, on ne veut pas se contenter d’un « c’est bien ce qu’on fait, on n’a perdu que six matchs, dont cinq défaites en fin de rencontre ». C’est bien, mais ça ne suffit pas. Aujourd’hui, on a les joueurs, la méthode de travail, les compétences en club et en sélection pour aller chercher des trophées. Les joueurs sont les premiers acteurs. Les internationaux doivent être des locomotives dans leurs équipes, s’habituer à gagner, à remporter des titres. On a encore besoin de basculer à ce niveau-là.

Surtout avec la richesse du réservoir et une telle concurrence…

Pour nous, c’est de l’émulation. Nos concurrents sont les Anglais, les All Blacks ou les Sud-Africains. Avoir deux ou trois joueurs de niveau mondial par poste servira à tout le monde. Il faut savoir le gérer mais il y a beaucoup de matchs, certains seront même rapprochés en Coupe du monde, et on peut aussi faire jouer ces garçons ensemble.

Voir Arthur Vincent à l’aile ou Damian Penaud au centre vous donne-t-il des idées ?

C’est très bien et ce n’est pas une surprise, car on échange là-dessus avec les managers. Patrick Arlettaz, à Perpignan, m’a par exemple confié qu’il ne s’interdisait pas de faire jouer Melvyn Jaminet à l’ouverture. C’est une bonne nouvelle pour nous, vu que nos meneurs de jeu sont le 10 et le 15.Arthur Vincent a déjà joué à l’aile avec nous en cours de match. Damian Penaud a travaillé au centre avec nous et il a été prévu de l’y placer en cours de match aussi. On a beaucoup de garçons dans ce profil et c’est un avantage : Gaël Fickou peut jouer à l’aile, Matthieu Jalibert à l’arrière, Romain Ntamack en 12, Virimi Vakatawa à l’aile, Thomas Ramos à l’ouverture, Antoine Dupont peut également décaler en 10. Regardez les Blacks, ils n’hésitent pas à changer les joueurs de postes !

La question se posera sur l’ouvreur titulaire entre Romain Ntamack et Matthieu Jalibert. Quel regard portez-vous sur leur début de saison ?

Je suis satisfait de les voir meneur et leader de leur équipe, chacun dans son rôle. Les deux excellent et c’est intéressant dans notre recherche d’émulation sur ce poste. Louis Carbonel est là aussi, Antoine Hastoy a vu ce qu’il fallait au niveau international, Joris Segonds aussi. Cela pousse tous les 10 vers le haut. Et, je l’ai dit, ils peuvent également évoluer à d’autres postes.

En l’absence de Charles Ollivon, avez-vous avancé sur le choix du capitaine ?

On en a parlé. Charles est notre capitaine, même en son absence, et le restera. Il a toujours répondu à nos attentes. Fabien (Galthié) l’a vu à Toulon, a passé un moment avec lui. Pour novembre, plusieurs joueurs peuvent avoir cette responsabilité. On possède de nombreux leaders et cette situation va en faire monter d’autres en gamme. C’est la réflexion du sélectionneur, c’est normal, mais on échange sur le sujet. Pour l’instant, la décision n’a pas été arrêtée.

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