Dupont : dans les pas de Chabal

  • Antoine Dupont est en train de devenir l'image du rugby français à l'international.
    Antoine Dupont est en train de devenir l'image du rugby français à l'international. Icon Sport
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Depuis Sébastien Chabal, le rugby français se désespère de trouver une nouvelle tête d’affiche. Le talentueux demi de mêlée du XV de France et du Stade toulousain pourrait bien être cette perle rare. Décryptage.

Longtemps, Bernard Laporte n’a eu de cesse de se plaindre d’une absence totale de star dans le rugby français. Au premier jour de sa victoire à l’élection présidentielle de la FFR en 2016, Bernie déclarait : « Aujourd’hui, les gens parlent encore de Chabal et Michalak mais on ne parle pas des joueurs de l’équipe de France actuelle. » Et d’ajouter avec sa verve légendaire : « N’importe lequel d’entre eux pourrait remonter l’avenue des Champs-Élysées sans être reconnu une seule fois. » C’est un fait : le rugby français a longtemps brillé par son incapacité à faire émerger des joueurs au rang de stars capables, par la seule grâce de leurs apparitions, de faire la promotion de leur discipline. Pour un sport, dont la Coupe du monde se revendique comme le troisième événement mondial, voilà un bug majeur. Le rugby tricolore ne possède pas son Cristiano Ronaldo ni son Lionel Messi. Il n’a pas son Roger Federer, il cherche son Usain Bolt.

Mais peut-être a-t-il trouvé avec Antoine Dupont le début d’un embryon de réponse à cette anomalie. « Super-Dupont », non content de rafler tous les titres avec le Stade toulousain, truste cette année les trophées individuels : prix EPCR du joueur européen de l’année, meilleur joueur du Top 14, meilleur international français, est devenu le joueur préféré des Français selon un sondage Odoxa réalisé pour Winamax et RTL en mars dernier. À croire qu’il est en passe de devenir la perle rare et d’extraire le rugby de son microcosme. Son visage devient d’ailleurs plus familier. Les médias généralistes commencent à s’intéresser à lui. En mai dernier, il a par exemple été l’invité de Quotidien, l’émission du groupe TF1, présentée par Yann Barthès et diffusée sur TMC. Et la perspective d’une Coupe du monde organisée en France dans deux ans laisse augurer de belles promesses.

 

Éviter le piège de la surexposition

Souvenez-vous. Lors de la dernière édition organisée dans l’hexagone en 2007, TF1, diffuseur de la compétition, avait sorti l’artillerie lourde pour populariser l’événement. D’aucuns pensent même que sans le travail colossal fourni par la première chaîne européenne, la « Chabalmania » n’aurait jamais vu le jour. Parce que pour corroborer les propos de Bernard Laporte, Chabal est le dernier joueur français de rugby à avoir conquis le cœur de la fameuse ménagère de moins de 50 ans. On ne compte plus les marques qui se sont intéressées à « Caveman », ni les programmes TV grand public l’ayant attiré dans leurs filets. Dupont est sans doute de la même veine.

Mais si l’ancien troisième ligne est moins connu pour son rugby que pour sa barbe, Dupont offre aux marques une tout autre légitimité par ses performances et son palmarès. Elles sont nombreuses déjà à avoir contractualisé avec le Toulousain (Adidas, Serge Blanco, Fitness Boutique, Gédimat, Land Rover, Orange, Fantasy Rugby World, Sika). « D’autres s’intéressent de près à lui et tentent de le séduire. « Nous avons beaucoup de demandes, confirme Thierry Cazedevals, son agent. D’ici trois à six mois, nous allons avoir des choix à opérer. » Pour cela, Dupont bénéficie des conseils de deux sociétés qui travaillent « en bonne intelligence », dixit celui qui l’a découvert à l’âge de 17 ans : la filiale de CSM en charge du Marketing et Bros Agency. Cette agence parisienne a sous son aile des grands noms du sport : Blaise Matuidi, Presnel Kimpembe, Boris Diaw, Tony Yoka…

Évidemment, le risque de la surexposition existe. Chabal, en son temps, avait été épinglé par Pierre-Michel Bonnot, ancien confrère de l’Equipe à la plume acérée. « Si une déroute comme celle d’hier, avait-il écrit après une défaite face à l’Angleterre, permet de remettre enfin un Sébastien Chabal à sa vraie place, ni en deuxième ligne, ni en troisième ligne, ni même sur le banc mais sur les panneaux de pub à l’arrière des abribus, elle n’aura pas été totalement inutile. » « Ce sera notre boulot de le protéger de ça, reprend Thierry Cazedevals. Nous allons limiter les opérations médiatiques et publicitaires. Antoine sait mieux que personne que la priorité, c’est le terrain.

Et puis, l’avantage d’Antoine, c’est que c’est un extraterrestre sur le terrain. Personne ne remet en cause ni sa présence, ni son talent. C’est un atout pour lui mais aussi pour le rugby. Ce sport doit réussir à tirer profit des bons résultats du XV de France actuels, de la bonne image de ses joueurs et de ceux qui attirent la lumière. » Parce qu’Antoine Dupont n’est pas seul dans cette quête. Son partenaire Romain Ntamack se situe dans la même lignée. Lui aussi séduit les marques et le grand public, avec l’avantage d’avoir un nom déjà identifié. Mais pour l’heure, c’est bien Antoine Dupont qui coche toutes les cases pour devenir la nouvelle tête d’affiche du rugby français.
 

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