Agen, le grand péril

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L'édito du vendredi par Léo Faure... Il n’y a jamais à se réjouir du malheur des autres. Et ni à rire, ni à sourire de ce qui se trame depuis trop longtemps pour le SUA, ses hommes et ses femmes qui œuvrent au quotidien. Les afflictions d’Agen sont immenses, ces derniers temps, et semblent s’éterniser dans un gouffre sans fond.

Le dernier épisode d’un infini feuilleton dramatique a donc vu, ce mardi, Christophe Deylaud se retirer d’un club qu’il avait rejoint en sauveur seulement douze jours plus tôt. Et ce n’est pas tant la défaite contre Narbonne qui aura tout fait exploser dans un tel empressement : quand on vient de perdre 34 matchs de suite, la 35e défaite ne saurait franchement être celle de trop. Quand bien même elle fut à domicile, face à un promu.

C’est donc une histoire de personnes et d’initiatives individuelles qui aura tôt fait imploser un staff sans cap, ni cadre, ni véritable hiérarchie lisible. Christophe Deylaud, à propos duquel on ne saurait douter une seule seconde de son affection pour le SUA au regard de ses états de service, voulait recruter un joueur. Sans en référer à Régis Sonnes. Ce qui a mis le feu aux poudres.

Deylaud a claqué la porte. Régis Sonnes, lui, a été suspendu de ses fonctions par le club. Une manière pour le président Fonteneau de choisir son camp pour mieux plaider, en suivant, auprès de Deylaud pour qu’il revienne sur sa décision. Encore raté. Et c’était bien mal connaître le Toulousain : si Deylaud a une qualité, c’est bien celle de la force de ses convictions. Et de la fermeté de ses décisions, jusqu’à l’entêtement. Sa porte est définitivement fermée ? Tout porte à le croire.

Voilà donc le navire SUA sans capitaine à sa barre, confié à l’intérim des assistants Ortiz-Mirande au moment de se rendre chez Vannes, l’autre "malade" de ce Pro D2. Agen semble définitivement pris au piège des incohérences de sa gestion. Écarter Christophe Laussucq si rapidement de ses fonctions, il y a un an, semblait déjà prématuré. Maintenir si longtemps Régis Sonnes, clairement en échec, ne semblait pas plus avisé. Faire revenir Christophe Deylaud sans le coiffer de la casquette du patron avait encore de quoi interroger.

Qu’on soit au clair : une telle descente aux enfers ne saurait être l’affaire d’une seule strate hiérarchique. À ce niveau de débâcle, tout le monde tient sa part de responsabilités. Les staffs successifs, bien sûr. Mais cela ne saurait dédouaner des joueurs apathiques, à l’orgueil plat, incapables d’écrire une histoire qui ne leur serait pas fournie clé en mains.

Au milieu de ce marasme historique, ou plutôt au sommet, tout pointe pourtant du doigt un homme désormais plus isolé que jamais : le président, responsable avant tous les autres, puisqu’il est premier décideur. Le garant de l’autorité et des caps à fixer, que ce soit sur le sportif ou le structurel, où tout semble flotter depuis trop longtemps au SUA.

Jeff Fonteneau a repris le club en 2018 en investissant de sa poche, ce qui ne pourra jamais lui être soustrait. Le reste, en revanche, ressemble à une succession de désillusions et de mauvais choix, où les décisions positives pour son club, au long de trois années de présidence, se comptent sur les doigts d’une main.

Fonteneau, pugnace dans son envie de réussir, résiste dans l’ouragan et pourrait même y retourner d’un investissement personnel, pour aider son club. Là encore, on préférera toujours cela à un président mécène et qui plie les gaules aux premières difficultés. En revanche, il n’a absolument plus le droit à l’erreur. Il lui faudra absolument viser juste, ne plus se tromper dans le choix de ses hommes, de leurs missions et de leurs combats. L’urgence est celle de la survie d’un monument du rugby français dans le monde professionnel.

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