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Thomas Castaignède (Ancien trois-quart du XV de France) au sujet de l'association Jalibert - Ntamack : « Ce n’est pas un pari, c’est une évidence »

  • Castaignède au sujet de l'association Jalibert - Ntamack : « Ce n’est pas un pari, c’est une évidence »
    Castaignède au sujet de l'association Jalibert - Ntamack : « Ce n’est pas un pari, c’est une évidence » Icon Sport
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Il a, au gré de ses 54 sélections, joué à l’ouverture comme au centre. Il était donc la personne idoine pour décrypter cette association.

Quel est votre avis sur le pari du 5/8e que pourrait tenter le XV de France en associant Matthieu Jalibert à Romain Ntamack, décalé au centre ?

Pour moi ce n’est pas un pari, c’est une évidence. Quand on a deux attaquants de ce calibre-là, on les associe tant il me paraît difficile d’en laisser un sur la touche. Après, il reste la question des positions. Personnellement, j’aurais opté pour Ntamack en 10 et Jalibert en 15. Il n’en reste pas moins que Ntamack en 12 pourra rassurer Jalibert sur pas mal de choses. Ce dernier est un joueur époustouflant, avec un coup de reins absolument magique, mais Romain pourra le contenir dans ses pulsions offensives. En résumé, je trouve que Romain sait mieux contrôler un match, tandis que Matthieu sait le faire exploser, il sait renverser la table.

Cette tendance ne serait-elle pas favorisée par les nouvelles règles dont le 50 : 22 qui demande d’avoir de plus en plus de joueurs précis au pied ?

Tout à fait. C’est une très bonne règle et je crois que l’on en est qu’au début des changements qu’elle va apporter. Cela conforte le rôle du deuxième ouvreur : un joueur un peu plus en retrait, qui aura la lucidité de changer une décision d’attaque si cela est nécessaire et qui a l’habileté technique au pied pour le faire. Voyant cela, les adversaires vont devoir reculer ou dégarnir leur premier rideau pour renforcer le fond du terrain. Après, il faut aussi rappeler que Ntamack et Jalibert sont capables de faire la différence sur la ligne. Malheureusement, ce sera au détriment de l’un d’eux, car j’imagine que Romain préférerait jouer à l’ouverture…

C’est-à-dire ?

Romain Ntamack prend forcément plus de risques en se déplaçant au centre, parce qu’il va être jugé sur un poste auquel il évolue peu, et il y a toujours des repères à acquérir. Après, le staff fera aussi ses choix en fonction des conditions de jeu, et choisir s’ils les associent ou pas.

Certaines rencontres y seront plus propices que d’autres ?

Leur association est très intéressante pour affronter les All Blacks en novembre, car sur le plan tactique car elle crée beaucoup d’incertitude. Mais dans un match avec des conditions dantesques, avec de la pluie, du vent et un ballon glissant, cette association devra possiblement être revue car je doute que l’on en tire la quintessence, car il sera très difficile de déplacer le ballon.

Et sur le plan humain, pensez-vous que cette association sera facile à gérer par le staff ?

À partir du moment où l’on gagne, tout va toujours mieux ! Il faut donc commencer par gagner des rencontres. Ce qui est sûr, c’est que cette association donne envie de regarder le match…

Et si l’équipe de France perd ?

Quoi qu’il arrive, il y a deux matchs avant d’affronter les All Blacks : si l’on ne bat ni l’Argentine ni la Géorgie, il faudra se poser des questions puisque les Néo-Zélandais leur sont encore supérieurs. Ces deux matchs vont permettre de tester cette association, de voir comment elle fonctionne. En tout cas, tout le monde attendra de voir ce qu’elle donne face aux Blacks pour savoir où se situe cette équipe de France.

Cette association dépendra-t-elle des résultats du XV de France ?

Depuis le début de son mandat, je trouve Fabien Galthié plutôt résilient dans ses idées, qui sont souvent judicieuses. Ce qui, de l’extérieur, peut nous paraître surprenant ne l’est pas en interne, car les joueurs se reconnaissent dans le projet de jeu. Les individualités devront se mettre au service du collectif.

Vous avez évolué aux deux postes : y a-t-il vraiment une grande différence entre ceux-ci ?

Quand tu joues ouvreur, tu as l’impression d’être au volant d’une voiture. Et il vaut mieux être pilote que passager ! C’est donc toujours agréable d’être aux commandes. Depuis leurs plus jeunes âges, Romain Ntamack et Matthieu Jalibert ont l’habitude d’être des dominants dans leurs équipes, les joueurs vers qui on se tourne quand il faut prendre une décision ou tenter une pénalité. Et les voilà en concurrence pour le même poste, donc autant les associer. J’ai moi-même appris aux côtés de ce genre de joueurs. J’ai toujours joué ouvreur en jeune, mais quand je suis arrivé dans le rugby de haut niveau j’ai glissé à côté du meilleur joueur avec qui j’ai jamais joué : Christophe Deylaud. J’ai appris de lui, mais également de Philippe Rougé-Thomas et de Rob Andrew, que l’on affrontait avec les Reichel du Stade toulousain toutes les semaines. Je me suis développé, j’ai joué ouvreur, puis quelqu’un de plus mûr est arrivé et je suis retourné au centre.

À quoi sert un deuxième ouvreur sur le pré ?

Cela permet d’avoir une lecture du jeu bien meilleure. Le poste d’ouvreur demande de contrôler beaucoup de choses, et le fait de compter quelqu’un qui connaît très bien le poste à ses côtés aide à lire les situations, à faire des choix. Avoir deux joueurs capables d’orienter le jeu, c’est un plus dans une équipe. Dans le passé, Toulon a été remarquable quand Jonny Wilkinson et Matt Giteau étaient associés en 10-12. Giteau était toute la magie du rugby, et Jonny était toute sa rigueur. À mon avis, ce fut la meilleure association de toutes. L’équipe d’Angleterre a aussi été excellente en associant Wilkinson et Catt.

Quid de la paire anglaise Ford-Farrell ?

Cette association n’a pas été un succès. J’estime que déplacer Farrell au centre était une erreur car il a une capacité à contrôler le jeu que Ford ne possède pas. Cette association n’était pas une évidence : c’est l’un ou l’autre. Farrell était dominant à son poste de demi d’ouverture et on l’a sorti de ce rôle parce que Ford ne peut pas jouer au centre. Et je trouve que Farrell n’a pas les mêmes qualités athlétiques que Romain Ntamack : certes, il est robuste sur l’homme en défense, mais n’est pas assez rapide ou vif comme lui, ni comme Matthieu Jalibert. Donc en plus, Ford et Farrell ne sont pas interchangeables comme peuvent l’être Jalibert et Ntamack.

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