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Top 14 - Ulupano Seuteni (Bordeaux-Bègles) fut Janus, François Trinh-Duc le revenant

  • Ulupano Seuteni et François Trinh-Duc unissent leurs talents et c’est tout Bordeaux-Bègles qui sourit : l’UBB conforte sa place dans le trio de tête. Photos Justine Hamon
    Ulupano Seuteni et François Trinh-Duc unissent leurs talents et c’est tout Bordeaux-Bègles qui sourit : l’UBB conforte sa place dans le trio de tête. Photos Justine Hamon Justine Hamon
Publié le Mis à jour
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Quelle dramaturgie ! Promu ouvreur, Ulupano Seuteni a souffert sur les spécificités du poste contre Clermont, puis François Trinh-Duc est entré en jeu et tout est revenu dans l’ordre !

Ce succès bonifié arraché à la 76e minute, les Bordelais sont allés le chercher loin. Ils l’ont sportivement mérité, mais ils ont dû assumer une dramaturgie particulièrement stressante… On plante le décor : Matthieu Jalibert absent, le staff avait choisi de placer Ulupano Seuteni à l’ouverture. Maxime Lucu également absent, l’équipe se trouvait donc privée de deux buteurs spécialistes.
Et il fut vite évident que Seuteni n’avait pas la capacité à assumer les tirs au but. Une première transformation manquée nous alerta (en coin, il est vrai, mais sa trajectoire fut totalement erratique). Puis l’international samoan manqua une pénalité sur les 22 face aux poteaux à la 25e. Quel frisson parcourut alors le stade !

Seuteni n’était visiblement pas assez serein pour assumer la conduite du jeu : « Oui, les Clermontois l’avaient ciblé en défense. Ils montaient fort sur lui, ils cherchaient à couper ses choix et l’obliger à prendre des décisions rapidement », reconnut Christophe Urios. « C’était assez facile de voir qu’il fallait changer quelque chose, non ? »

Mais paradoxe, le joueur mal à l’aise dans la conduite du jeu, semblait en pleine euphorie sur le plan de l’engagement et de l’esprit. C’est lui qui provoqua l’essai de Yann Lesgourgues sur une relance impériale d’un coup de pied adverse. Le match de « UJ » nous apparut limpide, il serait celui d’un Janus : brillant dans le jeu courant, laborieux dans les lancements. Seuteni le confirmera jusqu’au bout : c’est lui qui marqua le second essai, course plein axe, servi par Roumat (58e). Et c’est lui aussi qui nous impressionna par ses plaquages plein fer sur George Moala, réputé centre le plus puissant du Top 14. On ne peut qu’admirer l’abnégation du personnage. À une époque où l’on parle de mental à tout bout de champ, UJ ne s’est pas laissé déborder par les émotions. Les lacunes de son travail d’intérimaire, n’ont pas occulté sa capacité à pratiquer ses spécialités.

Seuteni, passage en 12 gagnant

À la 44e, Christophe Urios prit la décision que tout le monde attendait, il fit entrer François Trinh-Duc à l’ouverture, mais pas à la place de Seuteni. Celui-ci resta sur le terrain pour glisser au centre : « Son passage en 12, nous a amené de l’impact. Après ça, nous avons avancé systématiquement. » Les 36 dernières minutes furent presque entièrement contrôlées par l’UBB. Rarement, on aura vu un changement peser autant et aussi immédiatement sur une partie. Un premier ballon pour taper en touche, un premier ballon dans le jeu courant pour « claquer » un drop impeccable (45e). François Trinh-Duc avait lancé son match, et sa deuxième mi-temps serait un récital. Mais qui avait provoqué l’avancée décisive pour le placer dans un fauteuil ? Seuteni, imperturbable à toute émotion déplacée.

Ulupano Seuteni et François Trinh-Duc unissent leurs talents et c’est tout Bordeaux-Bègles qui sourit : l’UBB conforte sa place dans le trio de tête. Photos Justine Hamon
Ulupano Seuteni et François Trinh-Duc unissent leurs talents et c’est tout Bordeaux-Bègles qui sourit : l’UBB conforte sa place dans le trio de tête. Photos Justine Hamon Justine Hamon

De son côté, François Trinh-Duc avait forcément compris que cette moitié d’UBB-Clermont arrivait à point nommé pour lui, recruté comme doublure de luxe. « Il a fait son job, il connaît la musique, on n’a pas besoin de lui expliquer trois fois les choses. Sa communication, le fait de ne pas s’affoler et d’anticiper les annonces, a tout clarifié », reprenait Christophe Urios. Un offload sur le second essai, une passe au pied parfaite pour un essai refusé in extremis à Buros, deux touches magistralement trouvées : le bilan de FTD a frôlé la perfection. Après coup, il s’est expliqué d’un ton presque nonchalant, comme si n’importe qui aurait pu faire la même chose : « Il fallait tenir le ballon et les mettre sous pression. J’avais vu qu’en première mi-temps, nos avants avançaient. Mais on jouait un peu trop près à mon goût, alors on retombait sur les avants adverses eux aussi très combattants. Il fallait donc trouver un peu plus d’air en jouant un peu plus loin. » Selon lui, son drop-goal ne cachait aucune arrière-pensée : « C’est la physionomie de la partie qui a voulu ça. Dans des matchs très serrés, sous la pluie, on se sent comme en phase finale. Comme beaucoup d’équipes, on aime bien mener. Nous étions dans le doute il fallait reprendre le score pour se libérer. »

Il ne nourrit pas d’exigences démesurées non plus : « Matthieu est le numéro 1, il est pétri de talent. Il fait des matchs énormes. Dès le départ, l’idée était de jouer la carte de l’accompagnement, être complémentaire avec lui en fin de match. Et je prends énormément de plaisir. En fait, je me régale. » Le plus fort, c’est qu’il n’a pas eu le loisir de vraiment gamberger avant cet UBB-Clermont de tous les dangers.Il ne s’est que très peu entraîné en semaine, deux fois seulement, son épouse a accouché de son troisième enfant, un garçon.

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