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Philippe Saint-André : « Deux bacs blancs avant les All Blacks »

  • Philippe Saint-André (Directeur du rugby de Montpellier et ancien sélectionneur) est confiant pour cette série de test.
    Philippe Saint-André (Directeur du rugby de Montpellier et ancien sélectionneur) est confiant pour cette série de test. Icon Sport - Icon Sport
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Philippe Saint-André (Directeur du rugby de Montpellier et ancien sélectionneur) est confiant pour cette série de test. L’équipe de France a l’occasion pour son ancien patron, de marquer très fort les esprits de tous à deux ans de sa Coupe du monde. 

Fabien Galthié a décidé pour le début de cette séquence internationale et le match face à l’Argentine, de procéder à quelques tests, notamment d’associer Jalibert et Ntamack. Il est à mi-mandat, est-ce encore l’heure de tenter des choses, où ne vaut-il pas mieux figer si ce n’est un groupe, au moins une épine dorsale ?

Tu veux toujours figer un groupe ou tout au moins l’ossature de ton équipe. Fabien aussi, et d’ailleurs si vous analysez ses compositions d’équipe, il conserve pas mal de ses cadres. Après il a choisi de faire passer Ntamack en 12, et de titulariser Jelonch en 8 mais la plupart de ses tauliers Baille, Marchand, Willemse, Cros, Fickou, Penaud qui sont en permanence convoqués sont là, sans compter Dupont… Même là, on voit qu’il fait confiance à son capitaine, car même blessé, Fabien a tenu que Charles Ollivon soit au début du rassemblement, que cela soit lui qui passe le témoin à Antoine Dupont. Le message au groupe est fort. C’est Ollivon le patron et quand il reviendra, il reprendra le brassard. Après, quand tu es sélectionneur, tu dois aussi tenir compte des hommes en forme. Jelonch a rendu énormément de services en dehors et sur le terrain en Australien et est resplendissant avec Toulouse, et le choix du duo Jalibert-Ntamack est facilité avec la blessure de Vakatawa.

Que pensez-vous de cette association de deux ouvreurs ?

Je n’ai pas souvenir que dans notre rugby, nous ayons déjà eu autant de « pépites » à ce poste en même temps. Car juste derrière eux, il y a aussi Hastoy ou encore les deux Toulonnais, Belleau et Carbonel qui ne sont pas loin. Je crois que c’était le bon moment de tenter cette association. Le calendrier des matchs le permet. Samedi on n’affronte pas d’entrée les Blacks, non, c’est l’Argentine puis la Géorgie, deux matchs de « préparation » avant le choc que tout le monde attend. Pour Jalibert et Ntamack, ils ont deux bacs blancs avant de passer véritablement leur baccalauréat sur le futur de ce duo ! Mais avec des joueurs de ce calibre, ce n’est pas prendre un risque.

Sur le capitanat par intérim, on aurait pu penser que Gaël Fickou, plus expérimenté, était le prétendant le plus naturel ?

Mais Antoine Dupont est un tel surdoué, que rien que par son jeu, c’est un formidable leader. On se plaignait de ne pas avoir depuis 15 ans, un joueur de classe mondiale qui émergeait, là si vous faites une sélection mondiale, vous cochez son nom en premier et les autres après. Lui donner le capitanat, responsabilité qu’il partage avec Marchand à Toulouse si je ne m’abuse, est cohérent. Fabien est un ancien demi de mêlée, comme Antoine. Il sait qu’à ce poste, tu es naturellement un patron. Je crois qu’il a voulu lui donner pleinement les clefs du camion. Cela aurait pu être Gaël, mais il va évoluer au centre et peut-être même en cours de match à l’aile. Je suis bien placé pour vous dire que pour aller parler à l’arbitre ou aux avants, surtout en fin de match, on est loin aux ailes (rires)…

Cette série de trois tests, est-elle importante sur le plan du résultat ou faut-il la prendre comme le début de la préparation pour le Mondial 2023 ?

Ce ne sont pas des matchs amicaux, alors le résultat est primordial, d’abord pour le classement World Rugby. Gagner, c’est obtenir de la confiance dans la victoire, surtout en sélection. Cela donne au groupe et à chaque regroupement un excellent état d’esprit pour travailler. En plus, sur ces trois tests qui s’annoncent, nos joueurs arrivent plein ballon ! La plupart n’ont pas été en Australie en juillet et ont bénéficié d’une longue intersaison, ont pu se préparer comme il faut avec une phase de récupération, puis préparation-développement. L’avenant de la convention FFR-LNR permet à Fabien de travailler à 42 joueurs, de les avoir quinze jours avant le premier match. Même le calendrier est favorable. Bon, il faut toujours se méfier des Argentins, mais ils sont vraiment dans le dur depuis 18 mois. Mais l’enchaînement des matchs peut te proposer une « finale » face à la Nouvelle-Zélande après deux victoires qui peuvent être faciles. Les Blacks se présentent tels des ogres, mais un succès face à eux serait un formidable signal pour cette équipe. Les tests de novembre sont toujours très importants, et encore plus aujourd’hui avec le retour du public. L’équipe de France doit performer. En tout cas, tous les voyants sont au vert.

Est-il trop tôt pour se projeter vers 2023 ?

Quand tu es entraîneur, qui plus est sélectionneur, ton travail est largement simplifié quand tu gagnes les matchs. Lui et son staff ont déjà procédé à une large revue d’effectif sur les deux premières années, parfois contraint et forcé, mais ils ont vu énormément de joueurs. On voit qu’ils ont leur épine dorsale en tête. D’ici à 2023, ils ne sont pas à l’abri de méformes ou de blessures sur ses joueurs cadres, mais il a pas mal dégrossi son groupe. Fabien ne le dira pas, mais dans sa tête, il veut gagner ses trois tests de novembre, car je le répète, ce serait un message exceptionnel envoyé au rugby mondial, mais aussi au public et au rugby français. Donc dans les prochaines semaines, il sera focalisé sur cet objectif, avec je pense s’il le peut, son équipe idéale contre la Nouvelle-Zélande. Quand tu es sélectionneur tu dois toujours avoir ce double défi ambivalent. Penser d’abord au présent, car l’équipe de France doit gagner ses matchs, mais aussi essayer d’avoir un coup d’avance et penser à des solutions pour la gestion d’une Coupe du monde.

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