Test Match - Mais qui pourra arrêter Gabin Villière ?
Dans un match frustrant pour tout ailier normalement constitué, le Toulonnais, tout juste de retour de blessure, a eu un impact précieux.
Gabin Villière est décidément insaisissable. Sur et en dehors des terrains. Retenu dans la liste des quarante-deux le 18 octobre, forfait le lendemain en raison d’une blessure aux ischio-jambiers, prétendument absent pour le premier test et rappelé in extremis dimanche dernier par Fabien Galthié, l’ailier de 25 ans a été propulsé dans le XV de départ à la surprise générale. « Il était prêt. On sélectionne les joueurs s’ils sont à 100 %. C’est le cas », avait laconiquement commenté le sélectionneur à l’annonce de la composition, jeudi dernier.
Sa titularisation n’en était pas moins un choix fort de la part de l’encadrement. Et une preuve supplémentaire de son statut de nouveau cadre, du haut de ses six sélections. Samedi soir, le Toulonnais a pleinement justifié la confiance de ses entraîneurs en réalisant une nouvelle prestation aboutie. À 100 %, effectivement. Voire plus. Le plus marquant, avec le double international à VII et à XV, reste sa capacité à exister en toutes circonstances. En mode tout-terrain. Pour sa première au Stade de France, en novembre 2020, on l’avait vu signer un exploit solitaire depuis sa ligne de touche pour aller crucifier les Italiens dans un éclair digne des Penaud ou Thomas. Un an après, le Normand d’origine s’est démultiplié dans tous les registres, tel un troisième ligne, allant ferrailler dans les rucks, se proposer dans le cœur du jeu et gagner des duels dans les espaces les plus restreints. À l’arrivée, il comptabilise 65 mètres parcourus avec le ballon, cinq défenseurs battus, cinq passes après contact et trois plaquages. Le tout avec seulement huit munitions.
« Pour nous, c’est un exemple »
Ses statistiques disent tout de l’impact de son activité et de l’étendue de sa panoplie. De son état d’esprit, aussi, résolument volontaire et engagé. Qu’importe le scénario des parties ou la nature de l’adversaire, Gabin Villière sait toujours se rendre utile : « Lorsque l’on est ailier et que l’on ne touche pas les bons ballons dans les couloirs, c’est plus dur, expliquait-il samedi soir, dans l’après-match. Il faut essayer d’aller aider les avants, de proposer des choses et de se mettre au service de l’équipe. J’ai tenté d’apporter de l’avancée en deuxième mi-temps. Dans ces cas-là, ça ne sert à rien de rester cloîtré à l’aile à attendre le ballon face à des Argentins qui nous attendaient sur les extérieurs. » La seule fois où il a véritablement été décalé en bout de ligne, sur l’action amenant l’essai finalement refusé à Antoine Dupont, il a placé une accélération foudroyante pour servir avec à propos Gaël Fickou.
Mis à part un pointilleux arbitrage-vidéo ayant annihilé son effort, rien n’a pu arrêter Gabin Villière : ni son manque de rythme, après un petit mois sans compétition, ni l’agressivité des Pumas, acharnés sur chaque duel. Après son tour de force en Australie, en juillet dernier, plus rien ne nous surprend avec le Toulonnais. Le 13 juillet, six jours après avoir signé un doublé, il avait joué l’intégralité d’un match avec une « grosse entorse » à une cheville, dès la 8e minute du deuxième test : « Gabin Villière a su faire preuve de courage et de dureté mentale, avait félicité Fabien Galthié. Nous n’avons pas les mots, quand on voit sa blessure et son match de 80 minutes. La façon dont il s’est relevé et ce qu’il a fait dans la partie… Pour nous, c’est un exemple ! »
Dans la lignée, sa septième apparition en Bleu a conforté sa position et sa réputation. En amateur de défis, il sera prochainement servi : dans une douzaine de jours, pour fêter le premier anniversaire du début de sa carrière internationale, il aura l’honneur de se confronter aux All Blacks. Un challenge à la mesure du Normand dont la progression ne semble avoir ni limite ni plafond.
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