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Blacks à part, les Géorgiens sont là pour défier les Bleus

  • Le sélectionneur Fabien Galthié, au milieu de ses joueurs avant France - Argentine, veut profiter de ce match contre la Géorgie pour préparer le grand rendez-vous face aux All Blacks.
    Le sélectionneur Fabien Galthié, au milieu de ses joueurs avant France - Argentine, veut profiter de ce match contre la Géorgie pour préparer le grand rendez-vous face aux All Blacks. Midi Olympique - Patrick Derewiany - Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Dimanche, à Bordeaux, les Bleus disputeront leur deuxième test de l’automne face à la Géorgie. affiche moins sexy, placée entre les deux grands rendez-vous de la tournée, pour laquelle Fabien Galthié devrait aligner la plupart de ses cadres avant d’enfin défier la Nouvelle-Zélande six jours plus tard.

On ne change pas une équipe qui gagne. Enfin si, on devait justement changer une équipe qui gagne. Ou qui ne gagne pas d’ailleurs. Bref, le XV de France nous en ferait perdre le sens de la formule… L’explication réside dans la configuration toute particulière de cette tournée d’automne : derrière le premier rendez-vous contre l’Argentine, huit jours de préparation étaient au programme avant le deuxième test contre la Géorgie, puis seulement six avant l’ultime et tant attendu duel face à la Nouvelle-Zélande. Comme souvent, chacun avait réfléchi au scénario idéal du repas trois étoiles : on bouffe les Pumas pour l’entrée du menu, on change les assiettes et on range les plus belles dans l’armoire au moment de déguster le plat face aux Lelos, puis on les ressort pour savourer le dessert all black. Mais ça, c’était avant, quand il s’agissait de fantasmer le festin. Depuis, la victoire (on insiste comme Fabien Galthié sur le fait que les Bleus ont gagné !) au goût légèrement amer contre ces morts de faim d’Argentins a laissé place à trop d’incertitudes pour oser débarrasser toute la table.

Allez, on délaisse le tablier et on revient au vocabulaire rugbystique : depuis son grand écran façon cinéma, le sélectionneur avait promis à l’assistance de journalistes cloîtrés dans l’auditorium du Stade de France samedi dernier qu’ils ne tarderaient pas à connaître ses intentions pour la Géorgie, à savoir s’il ferait largement tourner son groupe ou pas. Il n’en sera rien, ou à la marge, l’ancien demi de mêlée alignant une composition proche de son équipe dite « type ».

En fait, depuis l’entame de son mandat, il existe toujours une bonne raison de ne pas trop chambouler son XV de départ. C’était l’absolue nécessité de cumuler les feuilles de match d’ici 2023 lors du Tournoi 2020. C’était ensuite le risque de casser les automatismes naissants lors de la tournée « (initialement) suicide » en juillet dernier en Australie, quand le staff a choisi de maintenir tous ses cadres pour les trois matchs face aux Wallabies en dix jours, au bout d’une interminable saison de quatorze mois. Cette fois, ce sera au nom du… manque d’automatismes. Le symbole est savoureux, d’aucuns en conviendront. En clair, il n’y a que les conventions FFR-LNR alambiquées ou le calendrier souvent absurde de ce sport qui peuvent détourner Galthié de sa feuille de route. Et cela répond, là encore, à une forme de logique.
 

« Jalimack », la saga de l’automne

Le dilemme était le suivant pour « Galtoche » : privilégier le développement de repères communs ou le besoin de fraîcheur avant de défier la meilleure équipe de la planète. Nul doute qu’il a dû s’arracher la crinière volontairement décoiffée durant une partie de son dimanche… Il a tranché. La priorité est aujourd’hui à offrir du temps de jeu, encore et encore, à ces talents tellement prometteurs, lesquels nous font autant rêver lorsqu’ils rivalisent avec les ténors de ce monde qu’ils nous frustrent quand ils laissent filer le moindre titre qui leur passe sous le nez. Primauté d’autant plus impérieuse que le sélectionneur, toujours inclassable à l’instant d’en faire un conservateur ou un révolutionnaire, a justement fait évoluer son XV de départ à la faveur de l’automne. Bon, il ne sert à rien d’énumérer toutes les nouveautés ou tous les ajustements alors, quoi qu’il arrive, qu’on passera des heures sur le tandem Jalibert-Ntamack.

Depuis presque trois semaines, on a tout dit, tout écrit, tout entendu et tout lu sur le sujet. Et vous savez quoi ? Il reste encore tant à dire et à écrire, comme vous avez pu vous en rendre compte en parcourant les deux pages précédentes… TF1 avait institutionnalisé la « saga de l’été », le staff des Bleus a inventé - bien malgré lui - celle de l’automne. C’est vrai, le duo a fait flop face aux Pumas, jusqu’à sacrifier « NTK » dès la 54e minute. Mais pas question pour autant de déclarer le « bébé de Laurent Labit » mort né. Les avis sur la question sont multiples, aussi nombreux qu’il y a d’observateurs ou de supporters. Galthié n’en a cure, et il a bien raison. Mais cela n’empêchera personne de livrer le sien.

Le « Jalimack » (promis, c’est la dernière fois qu’on utilise cet infâme diminutif) sera reconduit à Bordeaux. Avec la ferme intention qu’il apporte assez de garanties pour renverser les Blacks six jours plus tard. Et à ceux qui justifient leur opposition à cette association par un supposé échec de celle composée de George Ford et Owen Farrell en Angleterre, Galthié répondra sûrement qu’elle a permis le plus grand exploit des dix dernières années, quand le XV de la Rose a roulé sur la Nouvelle-Zélande en demi-finale du Mondial au Japon. Ni plus ni moins que ce qu’il demandera aux deux brillants ouvreurs français. Puis de rappeler que, si Eddie Jones n’est pas devenu champion du monde, cela tient davantage à sa mêlée détruite par les Springboks en finale qu’à une défaillance de ses deux métronomes.
 

Nos excuses aux Lelos

Et dire que la Géorgie n’a toujours pas été évoquée parmi ces lignes… Nos plus plates excuses aux Lelos, car il serait hors de propos de leur manquer d’un quelconque respect. Non pas par peur de ramasser un déblayage appuyé dont ils ont le secret, mais simplement parce qu’il serait indécent de les sous-estimer.

Pour autant, quand leur sélectionneur avoue lui-même qu’il serait prématuré pour cette sélection d’intégrer le Tournoi des 6 Nations, ça veut dire ce que ça veut dire : même à son meilleur niveau, et même si Bordeaux venait à ne pas servir un grand cru de Bleus dimanche, elle ne doit pas inquiéter l’équipe de France. Oui, le pack de William Servat et Karim Ghezal s’attend à être agressé au Matmut Atlantique. Oui, les attaquants de Laurent Labit verront monter sur eux des défenseurs qui joueront leur vie. Mais si l’impensable survenait néanmoins, il serait temps de rembourser les 80 000 billets vendus au Stade de France et de poliment prétexter un imprévu de dernière minute pour annuler la réception des All Blacks.

En revanche, si le plan se déroule sans accroc, Fabien Galthié n’aura plus qu’à plonger ses titulaires dans le formol - entendez les bains d’eau froide de Marcoussis - pour les espérer assez frais lors de la première fête de fin d’année. Nous revoilà déjà revenus sur les Blacks, que les membres du XV de France le veuillent ou non. Galthié avait lourdement insisté samedi dernier : « On se concentre d’abord sur la Géorgie. On parlera en temps voulu du troisième match. »

Devinez quoi ? Ses joueurs étaient sur la même longueur d’onde cette semaine, à l’instar de Cameron Woki : « On n’a pas parlé des All Blacks une seule fois. Tout le monde est focalisé sur la Géorgie. » Vraiment les gars ? Promis, juré, craché ? Fort heureusement, la FFR a imposé les visios en guise de conférence de presse à mi-distance pour éviter de recevoir les postillons dans la tronche. Même si, dans ce cas précis, pas sûr que les visages seraient bien humides.

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