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Jérôme Thion : « Ces garçons savent se remettre en question »

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Publié le Mis à jour
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L’Ancien deuxième ligne international tricolore est arrivé au rugby sur le tard après avoir connu le centre de formation de l’élan béarnais à pau, le club de l’élite du basket français.

Avant la rencontre face à l’Argentine, Fabien Galthié a souligné les parcours atypiques de certains des joueurs composant le XV de France tels Thibaud Flament, Gabin Villière ou encore Mohamed Haouas, laissant penser que c’était une force pour son groupe. Partagez-vous, de par votre parcours atypique, ce sentiment ?

La beauté de ce sport, c’est que les joueurs viennent de tous les milieux et de toutes les cultures. Si l’on prend les exemples que vous citez, ces joueurs se sont construits dans la difficulté. Ils ont forcément développé une capacité d’adaptation plus forte. Thibaud Flament ou Gabin Villière n’ont pas connu le cursus classique. L’un a voyagé pour apprendre, l’autre a été recalé de tous les centres de formation. Mais les deux ont été confrontés à une réalité peut-être plus difficile que celle d’un gamin qui a suivi le cursus classique d’un centre de formation. Mohamed Haouas, dans un registre différent, a aussi un parcours de vie qui l’a endurci. Melvyn Jaminet est repassé par le rugby amateur avant de percer. Je crois donc que ces garçons ont une vision différente de notre sport, une approche aussi originale, qui leur permet sûrement d’être plus forts et de mieux faire face à l’adversité. Ils savent se remettre en question.

Vous retrouvez-vous dans leur parcours ?

Lorsque j’étais au centre de formation de l’Elan Béarnais au basket, Freddy Hufnagel m’avait incité à faire des essais à la Section paloise. J’avais été faire un entraînement mais ça ne s’était pas très bien passé. Les entraîneurs de l’époque m’avaient clairement fait comprendre que je n’étais pas invité. Des anecdotes de la sorte, j’en ai vécu quelques unes. Forcément, ça forge encore un peu plus le caractère. Heureusement, j’ai eu la chance de rencontrer un éducateur au Racing qui a cru en moi. Si je ne croise pas Dominique Rose, peut-être que je ne fais pas cette carrière. Si je ne rencontre pas Olivier Saïsset à l’Usap, c’est pareil. Lui, lorsque je l’ai rencontré, j’ai compris tout ce qu’il allait m’apporter. J’ai adhéré à son discours à 1000 %. Et je crois que ces garçons qui sont aujourd’hui en équipe de France ont probablement aussi eu des rencontres qui leur ont permis de croire en eux. Et tant mieux.

Au regard de votre parcours, étiez-vous considéré comme un ovni dans le milieu du rugby français à votre époque ?

De 15 ans à 19 ans, je suis pensionnaire du centre de formation de l’élan béarnais. En suivant, je joue dans un club de basket de la région parisienne en Nationale3, jusqu’au moment où un copain me dit de venir essayer le rugby. Et c’est là que je me retrouve à jouer avec les Reichel du Racing un peu en cachette de mon club de basket. à la fin de la saison 1997/1998, le dilemme se pose : soit je signe en Pro B à Bondy, soit je me lance dans le rugby, un sport dont je n’ai pas les codes, dont je ne connais pas toutes les règles. Mais Christophe Mombet, manager du Racing, insiste. Et je me lance. Donc, pour répondre à votre question, on peut effectivement me considérer comme un ovni dans le milieu du rugby. Mon premier vrai contrat professionnel, je le signe avec Clermont en 1999 mais je ne joue pas beaucoup. Finalement, je pars à Perpignan en 2001 où je commence vraiment à m’imposer. Et deux ans plus tard, je me retrouve titulaire pour toute la Coupe du monde 2003.

Cette ascension rend-t-elle plus fort ?

Attention, je n’ai pas eu un parcours linéaire. Tout n’a pas été simple. Je me souviens de Tim Lane lors de ma deuxième saison à Clermont me disant que je n’ai absolument pas le niveau pour jouer en Top 16. Si je ne rencontre pas Olivier Saïsset qui me fait confiance et qui me fait prendre conscience que je peux éventuellement faire quelque chose dans ce sport, je ne serai pas arrivé là où je suis allé. En 2001, alors que Clermont ne veut plus de moi, je suis loin d’imaginer que deux ans plus tard, je vais jouer une finale de Coupe d’Europe avec l’Usap et une demi-finale de Coupe du monde. Si on m’avait dit ça, ça m’aurait bien fait marrer (rires). Je pense donc effectivement qu’un parcours semé d’embûches renforce la détermination.

De par votre parcours, vous sentiez-vous un peu différent des autres joueurs en équipe de France ?

Dans l’approche que je pouvais avoir du rugby, oui. Mais pas dans l’approche du professionnalisme. à l’époque, le rugby est aux prémices de la professionnalisation. Or, moi je sors d’un sport, le basket, déjà professionnel depuis 20 ans à l’époque. J’avais été formaté pour être pro, mais pas en rugby. J’avais donc des carences techniques, des carences culturelles, mais j’avais les codes, je savais quels étaient les sacrifices à faire pour réussir. Et comme j’étais tombé fou amoureux du rugby, j’ai tout donné, malgré les obstacles.

Êtes-vous étonné que Fabien Galthié s’attache autant à composer son groupe avec des joueurs aux parcours de vie ou sportifs atypiques ?

Chaque personne évolue. Il y a quelques années, lorsque Fabien était manager de club, peut-être avait-il quelques difficultés dans la relation humaine. Mais, d’abord, il s’est entouré de nombreux entraîneurs très compétents dans son staff, des entraîneurs qui ont de l’empathie. Peut-être n’aurait-il pas eu ce discours à cet époque. Mais Fabien a, je pense, pris conscience de la richesse de ces joueurs-là.

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