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Danty : « Ce sera plus intense que face aux Argentins »

Par Rugbyrama
  • Jonathan Danty s'attend une nouvelle fois à énormément de combat face à la Géorgie.
    Jonathan Danty s'attend une nouvelle fois à énormément de combat face à la Géorgie. Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Tenu en très haute estime par l’entraîneur de la défense des Bleus Shaun Edwards, considéré par les observateurs comme le meilleur Tricolore de la dernière tournée australienne, Jonathan Danty prend de plus en plus de place, en équipe de France...

Vous avez joué vingt-cinq minutes face aux Pumas. Quel sentiment ce match vous a-t-il laissé ?

Avant que je n’entre en jeu, je sentais de l’extérieur qu’il y avait beaucoup de tension, beaucoup d’agressivité. Ça s’est confirmé sur les premiers contacts : c’était âpre, dur, engagé. Les Pumas n’étaient pas là pour blaguer…

On sait les Argentins très provocateurs sur un terrain de rugby. Est-il difficile de garder ses nerfs, dans ces cas-là ?

On a essayé de rester calme, sans pour autant tendre l’autre joue. Dans les moments de chamaillerie, il faut aussi savoir s’affirmer, montrer qu’on n’est pas là pour se faire secouer… Si tu veux être respecté, il faut répondre aux provocations, aux poussettes…

Vous avez longtemps eu le sang chaud, sur les terrains. Avez-vous travaillé là-dessus ?

J’ai souvent été pénalisé pour des gestes d’énervement, par le passé. Aujourd’hui, j’ai 30 ans, je suis plus expérimenté et j’essaie simplement de ne plus tomber dans le piège. Je ne me laisse pas faire mais je reste dans la règle.

On vous suit.

Quand j’ai commencé chez les pros, la vidéo n’était pas encore partout. Parfois, ans les rucks, je voyais des choses assez surprenantes… Tout ça n’existe plus, aujourd’hui.

Pourquoi tombiez-vous dans le piège de la provoc, au juste ?

Je ne sais pas… Je suis pourtant d’un naturel cool, plutôt jovial… Je crois qu’avec la fatigue, je perdais simplement toute ma lucidité.

On se souvient par exemple du jour où Vincent Clerc, alors ailier du Stade toulousain, vous avait fait un croche-pied…

On y vient… Là, j’avais par exemple perdu ma lucidité et je m’étais vengé ! (rires) Il avait été chaud, ce match-là. Laurent Sempere (alors talonneur du Stade français, N.D.L.R.), qui revenait d’une grosse blessure aux cervicales, avait été plaqué très haut par un Toulousain et derrière ça, leur coach avait dit : « Bien joué, les gars ! On continue comme ça ! » Je n’avais pas du tout aimé. J’avais dérapé, peu après.

Comment vous êtes-vous senti face aux Pumas, à votre entrée en jeu ?

Pas trop mal. J’ai pris une pénalité pour une faute au sol et ça m’embête un peu. Quand tu joues vingt-cinq minutes, tu n’as pas le droit d’avoir du déchet.

En quoi consiste ce rôle de « finisseur », puisque c’est ainsi que l’appelle Fabien Galthié ?

Contre l’Argentine, les finisseurs avaient pour mission d’amener un gros impact physique. Les remplaçants font désormais partie du plan. On n’est plus là pour juste faire le nombre.

Il se raconte à Marcoussis que Shaun Edwards, l’entraîneur de la défense des Bleus, a eu un vrai coup de foudre pour vous. Est-ce vrai ?

Ah bon ? Il ne m’a pourtant pas l’air très sentimental ! (rires) Plus sérieusement, c’est vrai qu’on communique beaucoup tous les deux. Il s’est peut-être rendu compte que j’ai compris ce qu’il voulait mettre en place. Il doit voir que je ne suis pas trop mauvais, en défense…

Vous êtes régulièrement appelé en équipe de France, depuis deux ans. Qu’est-ce qui a changé, chez vous ?

Mon niveau de jeu a évolué. Je suis aussi devenu plus régulier dans mes performances. Plus jeune, j’avais des hauts et des bas. J’avais d’ailleurs beaucoup plus de bas que de hauts, quand on y repense…

Pourquoi étiez-vous irrégulier ? La faute à une mauvaise hygiène de vie ?

Non. J’ai vécu une période très délicate avec notre ancien entraîneur à Paris (le Sud-Africain Heyneke Meyer, N.D.L.R.). Sa vision du rugby ne me convenait pas. Je n’ai pas progressé pendant deux ans. Derrière ça, Gonzalo (Quesada) est revenu et m’a fait du bien. J’ai aussi pris conscience que je voulais vraiment disputer la Coupe du monde 2023 et qu’en ce sens, je devais évoluer, toucher mes limites…

Pourquoi n’étiez-vous pas épanoui, sous Heyneke Meyer ?

Dès que je touchais le ballon, il voulait que je le garde. Il m’a parlé des premiers centres sud-africains, de Jean De Villiers, de leur style de jeu direct… De Villiers, je l’avais pourtant vu faire des dizaines de passes… Bref… Passons….

Le Stade français a tout fait pour vous garder. Pourquoi avez-vous décidé de quitter la capitale ?

J’avais donné ma parole à La Rochelle et quand Paris s’est manifesté, il était donc trop tard. Je n’ai aucun regret là-dessus. Ma situation, je l’ai choisie.

Vous êtes pourtant un vrai « titi » parisien. La capitale ne vous manque-t-elle pas ?

J’ai découvert à La Rochelle une ville qui bouge. Ce qui me faisait peur, en revanche, c’était le premier jour d’entraînement. À mes yeux, c’était comme une rentrée des classes. Je n’avais jamais vécu ça puisqu’à Paris, c’est moi qui intégrais les autres… Le jour où j’ai débarqué, j’avais vraiment la boule au ventre.

Que faites-vous sur vos jours « off », en Charente-Maritimes ?

Un jour, j’ai été pêché la bonite et la daurade au large, avec Jules (Plisson, N.D.L.R.). Ça mordait avant qu’on arrive… Ça mordait quand on est parti… Mais quand on y était, c’était plutôt calme, hein…

Mince…

Je vais néanmoins passer le permis bateau dans quelques semaines. Je m’adapte à mon nouvel environnement même si à la base, je ne suis pas très « aquatique »…

Quid de la pression populaire ? Est-elle vraiment plus importante en province qu’à Paris ?

J’avais un peu peur de ça, pour être honnête. Mais les gens sont gentils, pas du tout rentre-dedans comme ils peuvent l’être dans d’autres régions de France. Là-bas, c’est un clin d’œil au marché, un sourire au feu rouge… Et puis, la ville tourne tout entière autour du Stade rochelais. C’est un truc de fou.

Pensez-vous que Ronan O’Gara osera un jour vous associer à Levani Botia, ou est-ce trop dangereux ?

L’hiver arrive. Il va y songer, nécessairement… Mais je ne sais pas à qui ça ferait le plus peur : à notre public ou nos adversaires ?

À vos ailiers, peut-être…

Ouais, voilà ! (rires)

Cela a pris du temps mais à l’automne 2021, les gens ont enfin arrêté de vous comparer à Mathieu Bastareaud.

En même temps, il a changé de poste… Je n’ai jamais été d’accord avec cette comparaison. « Basta », il est beaucoup plus costaud que moi. Pour avoir joué contre lui, je peux vous dire qu’il fait vraiment très mal.

Et vous ?

J’essaie de faire jouer les autres et ces dernières saisons, je me découvre même un jeu au pied. […] La comparaison avec « Basta » était facile, trop facile : on était tous les deux Guadeloupéens, on jouait trois-quarts centre et physiquement, il y avait une certaine ressemblance.

Quand avez-vous commencé à travailler votre jeu au pied, au juste ?

Au départ, je le faisais pour déconner. Petit à petit, j’ai compris que c’était un atout maître pour un trois-quarts centre. Même Ma’a Nonu jouait au pied, quand le jeu l’exigeait ! […] Mon but, c’est d’élargir ma palette technique. Mon plaisir, c’est d’entendre que je ne suis bon qu’à rentrer dans la gueule des mecs et le jour du match, trouver une belle touche…

Pouvez-vous développer ?

Plus jeune, je voyais les espaces mais techniquement, je n’étais pas capable de jouer au pied ou faire la passe sautée adéquate. Avec le temps, j’ai appris à le faire. Je suis aujourd’hui capable de voir les espaces et surtout, de les jouer.
Avez-vous atteint votre meilleur niveau ?
Clairement pas. J’espère encore surprendre…

Que savez-vous de la Géorgie ?

Ils font d’abord taper leurs avants pour gagner la ligne d’avantage avant de lâcher leurs trois-quarts. Derrière, ils ont d’ailleurs quelques très bons joueurs. L’ailier du Lou (Davit Niniashvili) en fait partie.

À quoi vous attendez-vous ?

Ce match sera plus intense encore que celui face aux Argentins. J’ai bien peur qu’à Bordeaux, les premiers temps de jeu piquent un peu…

Et les All Blacks, alors ? Les avez-vous déjà affrontés ?

Oui, une fois. En 2017, on avait disputé un match face aux réservistes néo-zélandais, à Lyon. On avait perdu de peu (28-23). Dans notre équipe, il y avait Sekou Macalou, Gabriel Lacroix, Henry Chavancy… Chez eux, il y avait Ngani Laumape, Ardie Savea, Richie Mo’unga… On retrouvera d’ailleurs beaucoup de ces mecs-là dans quelques jours, au Stade de France.

Et le Haka, alors ?

Ça motive…
 

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