Comment Macron a motivé les Bleu(e)s

Par Emmanuel Massicard
  • Après avoir rencontré le XV de France féminin, Emmanuel Macron est venu échanger avec les Bleus d’Antoine Dupont dont il fêta l’anniversaire. Photos Julien Poupart et E. M.
    Après avoir rencontré le XV de France féminin, Emmanuel Macron est venu échanger avec les Bleus d’Antoine Dupont dont il fêta l’anniversaire. Photos Julien Poupart et E. M.
Publié le
Partager :

Lundi dernier, Emmanuel Macron a rendu une longue visite aux équipes de France. Nous y étions... Témoigne direct, sans filtre.

La dernière fois que le président Emmanuel Macron, élu en 2017, avait rendu visite au XV de France dans ses murs du CNR, la sélection s’apprêtait à s’envoler pour le Mondial japonais. Lundi midi, la nouvelle visite présidentielle aux joueuses et joueurs des XV de France, à quelques jours des affrontements face à la Nouvelle-Zélande, s’est inscrite dans une forme de tradition. Sauf qu’Emmanuel Macron n’a pas fait que passer pour la photo.

Accompagné de son épouse, Brigitte, il a d’abord rencontré les féminines de la capitaine Gaëlle Hermet. Là, il a soufflé aux rugbywomen qui l’invitaient à venir les voir en Nouvelle-Zélande : "Cela ne dépend pas de moi… (rires) Mais promis, je viendrai vous voir pendant le Tournoi. C’est le bon timing."

Marcoussis sous cloche

Depuis les premières heures du matin, les lieux avaient été pris d’assaut par les services de sécurité : aucune livraison, entrées sur le site au compte-gouttes. Un drôle de ballet s’était formé entre officiers de police, démineurs (il faut avoir vécu l’expérience de se retrouver aux toilettes avec, autour, les chiens qui font la visite de sécurité), infirmière en charge des tests PCR, employés du CNR, préfet, dirigeants FFR et autres joueurs ou entraîneurs en survêtement. Même pour eux, ce ne fut pas toujours facile de retrouver son chemin, ses habitudes.

Passé le salut fait aux féminines, Emmanuel Macron s’était ensuite attablé une demi-heure avec les partenaires d’Antoine Dupont, dont il fêta d’ailleurs l’anniversaire. Puis, il retrouvait les Bleus dans leur salle de vie pour un échange "direct, impressionnant de simplicité et d’authenticité", jaugeait un proche des Bleus, impressionné. Pour avoir assisté à l’échange, on peut confirmer.

Emmanuel Macron honorait là une promesse faite le 14 décembre 2020, au soir du tirage de la Coupe du monde, pour participer à une conférence inspirante si chère à Fabien Galthié (François Gabart, Thomas Coville, Guy Savoy, Max Guazzini et, mercredi, Jean Dujardin ont tous rencontré les Bleus). L’idée ? Partager une expérience, apporter le témoignage d’un parcours, des facteurs clé d’un succès, des erreurs et, pour cette fois, du combat qu’induit l’arène politique. "Oui, c’est un vrai combat", posait d’emblée le président assis face aux joueurs.

Galthié : "Je ne sais pas si l’on mesure le cadeau…"

Aux murs de la salle s’affichait une vision : "Objectifs champions". à côté, la fameuse flèche du temps qui guide le parcours des Bleus, avec les matchs et leurs résultats, les actions phares et les performances des hommes. Parmi les Bleus, le président français insistait sur les mots. Cohérence, d’abord. "Tout ce que l’on fait se construit en amont. Pour moi, ce fut bien avant le combat pour la présidentielle." Point de rupture, ensuite : "Si j’étais resté dans ma zone de confort, je ne serais pas là. Il faut prendre des risques, faire bouger les choses."

Plus loin, il partageait à propos de son engagement : "Ne jamais être l’otage des schémas établis, du passé et ne pas vivre dans le regard des autres. Moi, je n’ai jamais cherché à savoir ce que les gens pensaient de moi mais plutôt ce que je devais faire […] On peut se tromper mais jamais reproduire les mêmes erreurs […] Pour gagner une compétition comme 2023, il faut se nourrir de l’expérience mais être disponible aux conditions qui sont devant vous. Car le contexte est toujours radicalement différent." Pendant quarante minutes, le président jonglait avec les questions de Ghezal, Simon, Alldritt ou Jalibert à propos de l’avenir. Le message était construit autour du collectif, de la planification, de l’objectif et de la générosité. "Cette notion est essentielle ; on la doit à ceux qui viennent nous voir et qui nous donnent du temps. C’est une question éthique, humaine et d’élégance."

Fabien Galthié concluait ainsi l’échange : "Je ne sais pas si l’on mesure le cadeau que vous nous faites. Chacun prendra sans doute beaucoup de ce moment que vous nous avez donné." Et le président d’ajouter : "Bâtissez l’évidence, continuez à grandir individuellement […] Je ne pense pas que l’on puisse gagner quelque grande compétition que ce soit si l’on se ment à soi-même, si l’on oublie d’où l’on vient et les valeurs qui nous ont forgées. Enfin, n’oubliez jamais que vous portez les couleurs d’un très grand pays. Ce pays qui nous dépasse, les couleurs qui sont les nôtres et le collectif que vous représentez, c’est aussi ce qui doit vous conduire à vous transcender. C’est cette part d’idéal qui, à un moment, doit vous porter."

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?