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Cette fois c'est sûr, la France est redevenue une grande puissance mondiale !

  • Les Bleus ont longtemps communié avec leurs supporters après le coup de sifflet final.
    Les Bleus ont longtemps communié avec leurs supporters après le coup de sifflet final. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Samedi soir, le XV de France n'a pas seulement passé quarante points à la Nouvelle-Zélande : il a amorcé une formidable campagne de promotion pour le rugby et s'est repositionné comme la nouvelle super puissance du circuit. On peut mourir tranquille, après avoir vu ça...

Le Stade de France est une enceinte dite « sociofuge ». Entendez par là que le SDF a l'immense qualité, en cas d'incident, de pouvoir se vider de ses 80 000 habitants en moins de sept minutes. Comment expliquer, dès lors, que les tribunes étaient encore ras-la-gueule une demie heure après le coup de sifflet final ? Pourquoi personne, samedi soir, ne souhaitait donc quitter un stade habituellement peu salué pour sa chaleur ? Il faut croire que les 79 041 spectateurs de ce France - Nouvelle-Zélande, irrésolus à se séparer de leurs Bleus, ont simplement voulu prolonger le moment, repousser le retour à la réalité, arracher quelques minutes de soleil en plus à ces garçons attachants, talentueux, dominateurs et surpuissants. Il paraît qu'on n'avait jamais vu un truc pareil, à Saint-Denis. Il paraît que rarement, avant ce match sublime, le SDF n'avait été si fervent envers sa république et à l'inverse, aussi hostile à l'ennemi. En conférence de presse, le sélectionneur néo-zélandais Ian Foster, de toutes les campagnes noires depuis près de dix ans, avouait d'ailleurs n'avoir jamais connu « telle atmosphère dans un stade ».

Il va de soi que l'ambiance iréelle de Saint-Denis a fait perdre pied aux Tout Noir, élevés pour la plupart dans le confort feutré des stades à moitié vides du Super Rugby. Il est aussi évident qu'à Saint-Denis, le brasier originel s'est peu à peu transformé en incendie parce qu'il s'est mis au diapason d'un match magnifique, l'un des plus beaux de ces dix dernières années. A ce sujet, vous nous direz probablement que le fond historiquement jaune de cette feuille de chou ne fait pas de nous des gens très objectifs ; mais on se demande bien, à la lumière de cette rencontre à sept essais et soixante-cinq points, quel autre sport que le rugby peut procurer de telles émotions, accoucher d'un spectacle à ce point tissé d'élégance, de légèreté, de vitesse et de violence. Le spectacle de samedi soir fut même si beau qu'on espère que les grosses têtes du Sud ayant récemment imaginé un « rugby à 12 » pour conquérir un public supposément frustré ont effectivement rangé leur infâmie dans des malles : car il y aura toujours des espaces, sur un territoire de 100 mètres de long et 70 de large ; il y aura toujours du spectacle, dès lors que que ce sport n'est pas mis en scène par Warren Gatland et Jacque Nienaber, les croque-morts de l'été dernier.

 

Une campagne de promotion rêvée 

En tout état de cause, ce France - All Blacks incarne une promotion rêvée pour une fédé dont les légions ont considérablement souffert, ces dix dernières années. Parmi les 6 millions de téléspectateurs de ce test, beaucoup d'entre-eux n'avaient ainsi jamais connu la saveur d'une victoire tricolore face à la Nouvelle-Zélande et demain, il est probable que des centaines de mômes poussent les portes des écoles de rugby du territoire, de Nice à Saint-Nazaire, à Tyrosse comme à Colmart. Que c'est bon, messieurs... Et comme ces quarante points passés aux Blacks sont par nous tous vécus comme une douce vengeance, par rapport à une sinistre époque où les Tricolores ne faisaient peur qu'à leur propre sélectionneur. Avez-vous oublié, vraiment, l'humiliante conférence de presse de l'automne 2015 où ni Brodie Retallick ni Dane Coles n'avaient été ce jour-là foutus de nommer, comme le leur demandait un confrère de France Télés, un seul des Tricolores qu'ils affrontaient deux jours plus tard ?

Samedi soir, le XV de France ne s'est pas contenté de battre les vainqueurs du dernier Rugby Championship. Il les a écrasés, broyés, concassés comme il ne l'avait plus fait depuis 1994, à Auckland (22-8). A ce titre, on n'ose imaginer le torrent de boue qui attend les coéquipiers de Sam Whitelock à leur retour au pays. Rincés par ces trois derniers mois passés dans une bulle sanitaire, lessivés par une campagne qui les vit traverser le monde de part en part et disputer douze matchs internationaux en trois mois, les All Blacks sont tombés à Paris. Mais puisque ce matin, tous les pisse-froid du territoire essaient d'avancer l'idée grotesque que ces All Blacks étaient samedi soir aussi désinvoltes que bordéliques, on rétorquera qu'il y a quinze jours, les Néo-Zélandais passaient cinquante-quatre points aux Gallois, derniers vainqueurs du Tournoi des 6 Nations, abandonnant tout à coup le Nord à cette interrogation fondamentale : combien en prendra-t-on, nom de Dieu ?

 

La France est redevenue une grande puissance 

A choisir, on préfère donc assurer que cette équipe de France est immense et, surtout, dotée d'un réservoir sans nul autre pareil. Il y a quatre ans, alors que le XV de France venait d'être corrigé à Paris par les All Blacks (38-18), Midol retenait par exemple que dans le marasme ambiant, seule la performance d'Antoine Dupont méritait vraiment qu'on s'y attarde. Aujourd'hui ? Les choses ont tellement changé au sommet de la pyramide que samedi soir, Antoine Dupont, si précieux fut-il, ne fut même pas le meilleur tricolore du match, dépassé qu'il fut par Melvyn Jaminet, lequel affrontait Aurillac en Pro D2 il y a tout juste un an ; doublé qu'il fut par Cameron Woki, dont l'adaptation en deuxième-ligne, la vraie belle idée de Fabien Galthié, a seulement pris quinze jours ; devancé par Peato Mauvaka, cinq essais aplatis ce mois de novembre et qui cultive le paradoxe d'avoir été champion d'Europe, de France et vainqueur des All Blacks avant son concurrent direct en club, Julien Marchand ; tenu en estime, enfin, par le revanchard Uni Atonio, dont le pays de naissance a toujours considéré qu'il était trop lourd pour faire carrière. Mine de rien, le rugby international est autrement plus excitant depuis que la France en est redevenue une grande puissance. Et au vu de la moyenne d'âge des Tricolores (24 ans), il paraît que c'est parti pour durer. Sans dec', quel pied...

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Les commentaires (3)
EN DEUX Il y a 2 années Le 22/11/2021 à 17:53

Il ne faudrait pas confondre Quantité et Qualité Le Stade de France est et demeurera un Stade d'Athlétisme. Saint Denis et est reste un Stade Francilien avec un public essentiellement ignorant des choses du Rugby qui vient admirer la Photogénie de notre Art, d'un Art où l'on apprend que pour Aller Loin Il faut aller ensemble, sans vedette.. Pour excellente que fut sa partie, son opportunisme dans le Poste qui m'est le plus cher, où l'on sert plutôt que l'on est servi Mauvaka n'était pas l'Homme du match mais Romain N'Tamack et pas pour sa seule dernière relance mais dans ses choix d'ouverture.
A en lire les Journaux Néo Z, c'est le Sélectionneur, renouvelé avec précipitation d'après eux, qui risque sa tête
Qu'on ne nous sorte pas les 3 mois de campagne NZ (Salviac) que dire alors de nos soldats sur Barkhane qui risquent eux leur vie.
Il faut souligner le rôle de Maestros du Tandem Galthié Ibanez avec leurs relais sur le terrain.
Mais pour gagner longtemps et gagner des Titres reste une Inconnue !! L'arbitrage Barnes nous a offert de l'anti Poite avec des décisions rapides, sans video, presque sans mêlée..et qq Choix de pénalités ou évenements non sifflés demeurant sans explication
On aimerait bien que le Grand Jaune nous offre une Rubrique Arbitrage avant que le Staff français s'emploie à combler cette future faille : L'Inconnue Arbitrale pour résoudre l'équation.

Porcinator Il y a 2 années Le 26/11/2021 à 12:47

Euh... On n'arrête pas de lire ici ou là que les All Blacks étaient au bout de leur vie avant d'affronter les Bleus. Groumpf. On pourrait rétorquer qu'après 3 mois de tests et 12 matches, ils avaient surtout la chance de se connaître par coeur, d'avoir accumulé un vécu et une expérience collective bien plus aboutis que leurs adversaires. Or je me suis laissé dire qu'au rugby, ce n'était pas un handicap mais, bien au contraire, un atout primordial. La victoire des Bleus n'en est que plus belle. Na.

Chabalou Il y a 2 années Le 21/11/2021 à 14:17

Quel bel article...oui quel pied...on en redemande