L'édito : Clermont au creux de la vague

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    Clermont au creux de la vague. Sportsfile / Icon Sport - Sportsfile / Icon Sport
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L'édito du vendredi par Léo Faure... La défaite d’emblée, face à l’Ulster dans un Marcel-Michelin qui avait pourtant joué son meilleur rôle d’armée jaune, a acté ce qui se dessine depuis plusieurs mois en Auvergne : la récession.

Le constat de ce match ne fut jamais celui de la contre-performance ponctuelle, du coup de mou auquel tous les collectifs ont finalement le droit, dans une saison. Non. Face aux Ulstermen, l’ASM a simplement été battue par plus fort. Meilleur individuellement, meilleur structurellement. Une analyse qui devient la règle, dès que la route s’élève, face à des prétendants à un titre. Des favoris dont Clermont ne semble plus faire partie.

Est-ce un drame ? À court terme, pas encore. Mais la rencontre à Saleface à un récent quart de finaliste, aura déjà valeur décisionnaire.

À moyen terme, remarquez, la situation européenne des Clermontois n’est peut-être pas à déplorer. Hier, l’ASM faisait de la Coupe d’Europe un objectif affirmé. Et si le titre suprême n’est jamais venu, les épopées furent nombreuses. Mais la réalité de 2021 n’est plus celle des années 2010. Avec un effectif qui manque de profondeur – plus encore sur des postes aussi importants que l’ouvreur ou l’arrière – Clermont pourrait perdre gros à user ses lames les plus aiguisées dans une compétition pour laquelle une issue favorable apparaît hypothétique.

L’analyse est cynique. Mais le déclassement est ici plus clairement exprimé. Ainsi vont les cycles, auxquels tous les clubs se frottent un jour. Il n’y a pas si longtemps (2015, 2017), Clermont était armé pour mener les deux compétitions de front et rallier la finale de chaque tableau. Il souffle sur cette ambition un parfum d’antan.

Comme toute chose, positive ou négative, une tendance lourde s’explique, s’analyse, se décortique. Et l’utilisation initiale du mot de "récession" ne doit rien au hasard. D’abord d’un emploi économique, ce terme ne va pas si mal au teint pâlot du club auvergnat.

Si elle est entrée voilà deux bonnes années dans un cycle de déclin, l’ASM le doit d’abord à ses écarts de gestion. Dans un rugby professionnel régulé et jugulé par le salary cap, dont les Auvergnats clament le respect avant même que la question soit posée – manière d’insinuer que tous les clubs ne jouent pas ce jeu de clarté – il faut dépenser intelligemment et viser juste. À ce titre, les vagues de prolongations, qui avaient suivi le titre de 2017 et la finale de 2019, pèsent lourd dans la balance.

Dis plus clairement : de l’argent, Clermont n’en a pas moins que ses concurrents aux hautes sphères du Top 14. En revanche, il ne l’a pas toujours bien dépensé, ces dernières années. Jusqu’à se trouver désormais amorphe sur le marché des transferts, avec une marge de manœuvre réduite. Ce qui freine le rebond.

Systématiquement citée, hier, parmi les interlocuteurs quand un international se trouvait sur le marché, l’ASM a disparu des radars. Dépassée à ce jeu par l’UBB, Lyon ou La Rochelle, venus lutter avec Toulouse, Toulon, Racing et Montpellier. Mais plus Clermont.

Les dernières nouvelles ne disent rien d’autre. Les départs de Parra et Lopez, historiques gardiens du temple, s’entendent par le jeu des changements de générations. Que Tani Vili (21 ans) et Sipili Falatea (24 ans), passés par le centre de formation et récemment entrés dans le giron du XV de France, tournent le dos à une prolongation pour préférer l’UBB, est en revanche un signal franchement négatif. Et les annonces de recrutement se font attendre. Ce sera bientôt la mission de Didier Retière nommé ce jeudi, directeur de rugby.

Alors, dans ce contexte morose, une victoire à Sale n’inverserait peut-être pas l’inertie de l’histoire en marche. Mais elle serait un rayon de soleil pour percer la grisaille. Il n’y a jamais de mal à se faire du bien.

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