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Bilan des Nations 2021 : l'Afrique du sud toujours reine, la France s'en rapproche

  • L’Afrique du Sud a achevé son année internationale par deux victoires face au pays de Galles et à l’écosse et une courte défaite face à l’Angleterre dans un contexte sanitaire international très dur où elle fut longtemps isolée.
    L’Afrique du Sud a achevé son année internationale par deux victoires face au pays de Galles et à l’écosse et une courte défaite face à l’Angleterre dans un contexte sanitaire international très dur où elle fut longtemps isolée. PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L’Afrique du sud qui terrasse les lions, les Gallois qui remportent le Tournoi, la France qui finit en boulet de canon. Voici les souvenirs forts de l’année passée.

Nous avons établi la hiérarchie mondiale 2021. Ce classement est issu d’un vote de notre rédaction. Il n’est donc pas la copie conforme du classement de World Rugby, qui répond à des critères mathématiques, que nous ne contestons pas. Mais nous trouvions normal de donner libre cours à notre sensibilité.

Cette année 2021 fut particulière dans la mesure où elle fut marquée par une tournée des Lions en Afrique du Sud. Ceci empêche de fait les nations britanniques de faire des tournées significatives hors d’Europe.

En principe, l’Angleterre, l’Ecosse, l’Irlande ou le pays de Galles voyagent quand même avec des équipes amoindries. Mais avec l’épidémie de Covid, beaucoup sont restés à la maison ou alors sont partis dans des conditions très particulières, comme la France en Australie. N’oublions pas que le virus a aussi obligé les équipes du « Championship » à jouer tous leurs matchs en Australie : terrain neutre pour trois nations sur quatre.

La victoire des Springboks sur les Lions Britanniques et Irlandais rehausse évidemment leur strict bilan comptable. Les champions du monde ont gagné huit matchs, mais en ont perdu cinq. Nous aurions pu les classer derrière les All Blacks qui n’ont perdu que trois fois en quinze matchs.
La France aussi n’a perdu que quatre fois face à sept succès. Mais la performance sud-africaine nous a éblouis, envers et contre tout compte tenu du contexte et aussi de la valeur de l’opposition : quasiment quatre tests contre les Lions, ça se respecte. On n’oublie pas non plus la performance du pays de Galles qui a quand même gagné le Tournoi en manquant de peu le Grand Chelem. Neuf mois plus tard, on a tendance à l’oublier. C’est une erreur.

2 : Nouvelle-Zélande, les seigneurs ont été défiés

Même si les hommes d’Ian Foster ont vu leur tournée d’automne se terminer en eau de boudin avec deux défaites consécutives contre l’Irlande et les Bleus, ils n’en ont pas moins remporté le Rugby Championship (5 victoires, 1 défaite contre l’Afrique du Sud) et totalisé 12 victoires sur 15 tests. Alors certes, ces deux défaites ont été vécues comme des traumatismes au pays du long nuage blanc et la NZRU a aussitôt réagi en s’attachant les services de Joe Schmidt, qui va remplacer l’ouvreur champion du monde Grant Fox au poste de « sélectionneur indépendant », mais avec des prérogatives élargies au sein du staff : « Il va travailler avec moi et John Plumtree, et nous donner son avis sur divers secteurs comme la tactique, l’attaque ou la défense », avouait récemment Foster.

La Nouvelle-Zélande, chahutée par les nations du Nord en fin d’année, a tout de même remporté le Rugby Championship.
La Nouvelle-Zélande, chahutée par les nations du Nord en fin d’année, a tout de même remporté le Rugby Championship. Icon Sport. - Icon Sport.

Mais il ne faut pas oublier ce que les All Blacks ont réalisé cette année, à commencer par la leçon de rugby qu’ils ont donné aux Wallabies le 14 août dernier (57-22), une semaine après une victoire peu convaincante. Souvenons-nous aussi de leur centième match contre les Boks, arraché sur le score de 19 à 17, leur humiliant 39 à 0 contre les Pumas, ou la correction infligée au pays de Galles à Cardiff (54-16), le 30 octobre dernier et ce même si les Gallois étaient privés de quelques-uns de leurs cadres, non libérés par leurs clubs anglais. Pour tout cela, ainsi que pour leur record de 101 essais inscrits en 15 tests, les All Blacks méritent de figurer sur le podium des meilleures nations. 

3 : France, Irrésistible ascension

Allez, un peu de chauvinisme au moment de voter mais la France se place bien sur la troisième marche. Assurément, la victoire historique remportée face aux All Blacks en novembre dernier a joué dans le suffrage. Les Bleus terminent l’année civile avec 7 victoires et 4 défaites. Ils ont fini à la deuxième place du Tournoi mais, cette fois, avec deux défaites. Ils ont réalisé le tour de force de s’imposer en Irlande (15-13), ou de priver le pays de Galles d’un grand chelem. Mais ils ont fauté à domicile en perdant contre l’Ecosse, ainsi qu’en Angleterre. La tournée d’été, disputée avec les réservistes de la République, ne s’annonçait pas vraiment sous les meilleurs auspices… Et s’avéra pourtant pleine de promesses, avec les révélations de Jaminet, Barlot, Diallo, etc. Et une courte défaite face aux Wallabies.

La France, en pleine reconstruction, à la faveur d’une victoire homérique contre les All Blacks, se hisse sur la troisième marche.
La France, en pleine reconstruction, à la faveur d’une victoire homérique contre les All Blacks, se hisse sur la troisième marche. Midi Olympique. - Patrick Derewiany.

Des promesses confirmées quelques mois plus tard, lors de la tournée d’automne remportée par nos Bleus. Après une première prestation quelque peu brouillonne face à l’Argentine où l’on assista à la naissance de l’association Jalibert-Ntamack, les Bleus ont dominé sans trembler les Géorgiens. Mais ces prestations semblaient insuffisantes pour s’imposer contre les Blacks. C’était sans compter sur la faculté de ce XV de France à se transcender dans les grands rendez-vous. Auteurs d’un match héroïque, les hommes d’Antoine Dupont ont su renverser la table pour stopper le retour des All Blacks et leur asséner le coup de grâce. Victoire 40-25, et un match qui restera dans les mémoires, à seulement deux ans de la Coupe du monde.

4 : Galles, un tournoi de plus dans la musette

Il ne faut pas l’oublier, les Gallois ont gagné le Tournoi des Six Nations et, à quelques minutes près, ils auraient réussi le Grand Chelem (la France les en priva par l’ultime essai de Brice Dulin). Les Gallois ont aussi quand même passé un mémorable 40-24 à l’Angleterre. Pour le sélectionneur néo-zélandais Wayne Pivac, ce fut une belle occasion de montrer qu’il valait mieux que l’idée qu’on s’était fait de lui en 2020. Il devait en plus faire ses preuves avec le souvenir de Warren Gatland au-dessus de lui. Fin 2020, il avait changé d’adjoint chargé de la défense (Gethin Jenkins à la place de Byron Hayward). Cette équipe s’est appuyée sur une ossature somme toute très classique avec les Alun-Wyn Jones, Dan Biggar, Jonathan Davies, George North, Ken Owens, Taulupe Faletau, Justin Tipuric ou Wyn Jones. Mais quelques nouveaux talents ont émergé comme le demi de mêlée Kieran Hardy ou l’ailier Louis Rees-Zammitt, le trois-quarts centre de Cardiff naturalisé Willis Halaholo ou le numéro 8 Taine Basham.

L’automne fut plus difficile à cause d’une impressionnante série de blessures (dont A.W Jones) : d’où le terrible 54 à 13 subi des mains des All Blacks. Mais l’année s’est terminée par une victoire face aux Wallabies après une très courte défaite face aux Springboks. Les deux matchs face aux Pumas (un nul et une défaite) du mois de juillet sont difficiles à prendre au sérieux puisque les Diables Rouges étaient privés des joueurs sélectionnés avec les Lions.

5 : Irlande, le bonheur du 13 novembre

La saison de l’Irlande restera marquée par son extraordinaire succès face aux All Blacks, 29-20, le 13 novembre. Le troisième dans toute son Histoire, mais le troisième en cinq ans, c’est dire le changement de statut de cette équipe. La performance des Verts fut ce jour-là particulièrement brillante. La tournée d’automne des joueurs de Andy Farrell fut un vrai triomphe : trois victoires en trois matchs, toutes avec la manière. Car, aussi bien contre le Japon (60-5) que contre l’Argentine (53-7), les Irlandais ont su faire le boulot avec sérieux, au maximum de leur personnalité. Le Tournoi avait été moins réussi avec deux défaites pour commencer, dont le revers concédé aux Français 15-13, après 80 minutes assez piteuses. Mais le Tournoi 2021 s’est fini par un joli 32-18 aux dépens des Anglais malgré le carton rouge infligé à Bundee Aki. L’Irlande prospère sur le sérieux de ses provinces, et sa fin d’année légitime Andy Farell pour qui il n’était pas facile de succéder à l’iconique Joe Schmidt.

Ce qui impressionne avec le recul, c’est la richesse du vivier irlandais. Cette capacité à sélectionner des joueurs de talents, finalement interchangeables à la plupart des postes et spécialement issus du Leinster, vraie usine à champions.

On l’a vu à l’automne avec l’avènement du troisième ligne Caellan Doris. Il n’avait pas fait le Tournoi. On pense aussi à Jack Conan, remplaçant en début de Tournoi, puis assez convaincant pour prendre l’avion des Lions.

6 : Angleterre, un 6 Nations médiocre

Le XV de la Rose a fini par un automne triomphal. Une victoire magnifique, quoiqu’un peu chanceuse face aux Springboks (27-26), pour la revanche de la finale de la Coupe du Monde. Auparavant, la brigade d’Eddie Jones avait écrasé le Tonga (69-3) et devancé l’Australie (32-15). Mais son Tournoi avait été décevant, avec notamment cette défaite à domicile face à l’Ecosse pour la première fois depuis… 38 ans. L’Angleterre a aussi perdu à Cardiff et à Dublin et sa victoire face à la France n’eut rien d’un triomphe (23-20). Elle fut même poussive.

Bref, cette année 2021 ne fut pas un cru extraordinaire, même si le bilan comptable est bon, sept victoires en dix matchs. On a parfois reproché à Eddie Jones un certain conservatisme dans ses choix, allié au manque de compétition des joueurs des Saracens, obligés de jouer en deuxième division (Itoje, Farrell, les frères Vunipola). On lui a aussi reproché de s’entêter à ignorer des talents que l’opinion réclamait sur l’air des lampions : Alex Dombrandt, Marcus Smith (Harlequins), Joe Simmonds (Exeter).

La tournée des Lions a obligé le sélectionneur à injecter du sang neuf face aux Etats-Unis et le Canada en juin, et la fin de l’année a consacré le talent de l’ouvreur Marcus Smith bien sûr mais aussi de Freddie Steward, l’arrière de Leicester, auteur de deux essais contre les Wallabies plus un contre les Springboks.

7 : Australie, La tournée qui fait tache

L’Australie a souffert cette année avec une tournée d’automne et trois défaites en autant de rencontres. Des défaites courtes pour la plupart, certes : 15-13 en Ecosse et 29-28 au pays de Galles. Sauf que les Wallabies ont plongé contre l’Angleterre, battus à Twickenham sur le score sans appel de 32 à 15.

Cette série historique de trois défaites a été très mal vécue sur l’Île-Continent. Cela faisait plus de 40 ans que les Australiens n’étaient pas revenus d’une tournée dans l’hémisphère Nord sans la moindre victoire. Avec sept succès en quatorze tests, les Wallabies de Dave Rennie présentent un bilan tout juste à l’équilibre. Une tournée ratée qui gâche donc le bilan des coéquipiers de Michael Hooper, qui avaient pourtant réussi le Rugby Championship, en terminant deuxièmes avec quatre victoires pour deux revers. à leur crédit, on retiendra les deux victoires contre les Springboks (la deuxième, remporté 30-17 fut leur meilleur match de l’année), et deux autres larges succès contre les Pumas.

Dommage que les Wallabies aient reçu deux corrections de leurs ennemis néo-zélandais : 57-22 et 21-38 pour le compte des deux premières journées. Leur victoire de l’été face au XV de France est également à relativiser, tant les Bleus, malgré une équipe totalement expérimentale, sont passés près de remporter la série. Bref, l’Australie ne fait plus vraiment peur, et elle va devoir trouver des solutions pour retrouver son lustre d’antan. Le retour en sélection de Quade Cooper, ainsi que des « exilés » tels que Rory Arnold ou Samu Kerevi en font partie.

8 : Ecosse, deux énormes coups d’éclats

L’Écosse reste toujours en-deçà des autres « vieilles » nations européennes. C’est-à-dire qu’elle n’arrive pas à franchir son fameux plafond de verre. Mais ça ne l’empêche pas de réussir quelques coups d’éclat. Et finalement, l’année 2021 fut riche de ce point de vue-là. L’Écosse a quand même gagné en Angleterre (11-6) et en France (27-23), excusez du peu. Elle n’avait pas connu le succès à Twickenham depuis… 1983 et à Paris depuis 1999.

Au Stade de France, elle a arraché le succès à la dernière minute par un essai à vingt passes conclu par Duhan Van der Meerwe sur un dernier service d’Adam Hastings. À Twickenham, c’est déjà lui qui avait marqué l’essai de la victoire sur une passe de Turner. Bon, il n’a rien de très écossais comme son nom l’indique, mais la SRU n’est pas du genre à faire la fine bouche.

L’Écosse a aussi battu l’Australie à l’automne. Mais elle a perdu à domicile face à l’Irlande et le pays de Galles durant le Tournoi. Après sa victoire face aux Wallabies donc, elle a perdu face à l’Afrique du Sud. Elle a aussi terrassé le Japon pour se rattraper de sa déconvenue de la dernière Coupe du Monde. Cette équipe est finalement à l’image de son joueur vedette, Finn Russel, ouvreur aux performances sinusoïdales.
Vraie satisfaction tout de même, la présence d’un fort contingent écossais dans le groupe des Lions. Ils étaient huit, du jamais vu depuis 1993.

9 : Argentine, les Pumas dans la tourmente

Les espoirs nés de la saison 2020 se sont littéralement envolés. Et pourtant, souvenez-vous, ceux-ci étaient immenses après deux nuls face l’Australie et une victoire contre la Nouvelle-Zélande, historique : jamais les Pumas n’avaient vaincu les Kiwis. Mieux, ils les avaient dominés dans tous les secteurs du jeu, menés par un Pablo Matera possédé. Cette saison, les Argentins sont revenus à leur dure réalité.

Battus deux fois par l’Afrique du Sud, ils ont ensuite subi la vengeance des All Blacks : 39-0 et 36-13. Pour le compte des deux dernières journées, les hommes de Mario Ledesma n’ont pas fait mieux face à l’Australie, finissant balayés sur les scores de 27 à 8 et 32 à 17. La tournée d’automne devait leur permettre de redresser la barre, surtout contre des Français que les Pumas connaissent bien. Manqué. Certes accrocheurs et comme toujours coriaces, les Pumas ont perdu 29-20. Ils ont bien retrouvé le sourire la semaine suivante en dominant facilement l’Italie à Rome (16-37), mais leur joie fut de courte durée.

Pour leur dernière sortie de 2021, les Argentins ont encaissé la plus lourde défaite de leur histoire contre l’Irlande à Dublin : 53 à 7, du jamais vu. En 24 confrontations, le plus grand écart enregistré était de 22 points, et une défaite 46-24 subie en 2012. Cette fois, les 46 points d’écart ont créé un véritable tolé de l’autre côté de l’Atlantique, au point que l’on se demanda si le sélectionneur Mario Ledesma allait y survivre. Mais le technicien fut conforté par ses dirigeants. Et prépare déjà une tournée d’été en Ecosse qui sera d’une importance capitale...

10 : Japon, les Brave Blossoms dans le rang

D’une sixième place historique atteinte au sortir du Mondial 2019, les hommes de Jamie Joseph ont doucement glissé vers la dixième place mondiale qu’ils occupent aujourd’hui. Logique, dès lors, de les retrouver à la dernière place de ce Top 10. Crise sanitaire oblige, les Brave Blossoms ont paru plus isolés que jamais. En juin, ils ont réussi à décrocher un match amical contre les prestigieux Lions britanniques et irlandais, pour une défaite 28-10 enregistrée à Murrayfield. à l’automne, ils disposaient d’un beau calendrier de quatre rencontres.

Mais les coéquipiers du troisième ligne centre Kazuki Himeno ont perdu contre l’Australie (23-32), ont subi les foudres de l’Irlande à Dublin, sont péniblement venus à bout du Portugal à Coimbra (25-38), avant de perdre à Murrayfield contre l’Ecosse (29-20). Leur grand problème ? La discipline. Contre le Portugal, ils ont évolué deux fois en infériorité numérique, et le tableau des scores indiquait 28-25 en faveur des visiteurs à 20 minutes de la fin.

C’était leur première victoire depuis celle acquise contre le XV du Chardon durant le Mondial 2019. En novembre dernier, les hommes de Greg Townsend ont donc pris leur revanche. Quelles sont les perspectives pour le XV nippon ? La venue d’un XV de France en pleine confiance à l’été prochain. Mais désormais rompus aux rencontres à haut niveau d’intensité, les Bleus ne devraient pas être surpris par ces Brave Blossoms qui basent tout sur la vitesse et le déplacement. à moins que Jamie Joseph ne sorte d’autres atouts de sa manche d’ici là...

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