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Gailleton, la pépite agenaise, surfe sur la première vague

Par Mathieu VICH
  • Émilien Gailleton s'est installé au sein du groupe agenais à seulement 18 ans.
    Émilien Gailleton s'est installé au sein du groupe agenais à seulement 18 ans. Icon Sport
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Alors qu’il n’avait même pas mis les pieds chez les espoirs il y a un an, Émilien Gailleton a vécu une année civile extraordinaire. Devenant titulaire chez les Bleuets et les professionnels du SUA. Et en passant également par Marcoussis cet automne. Il rejoindra la section paloise la saison prochaine.

Nous sommes en novembre 2020 et Julien Guiard, manager des espoirs du SU Agen, s’active en coulisse pour surclasser une pépite de la formation lot-et-garonnaise : Émilien Gailleton. Âgé de 17 ans, le jeune centre est décrit comme surdoué. Très en avance, en tout cas, sur ses coéquipiers de la catégorie Juniors-Crabos. « Julien Guiard est venu me voir à l’intersaison pour un surclassement. J’ai accepté et mes parents également mais ça a bloqué car je suis né trop tard (il faut être né dans les six premiers mois de l’année civile pour être surclassé, or il a vu le jour en juillet, N.D.L.R.). Ensuite, la saison a été stoppée à cause du Covid » décrit l’intéressé.

Mais voilà, Sébastien Calvet contacte Gailleton et lui confie qu’il compte sur lui pour réaliser des stages avec les Bleuets afin de préparer le 6 Nations lors de l’été 2021. À condition de jouer avec les espoirs. « Il y a eu un peu de forcing mais au final, la Fédération a accepté la dérogation et j’ai pu jouer plusieurs matchs dès le mois de mars. »

 

Décisif avec les espoirs

Le Covid a donc paradoxalement aidé le joueur, qui intègre l’effectif des espoirs. En mars, la situation de l’équipe est alors inquiétante. Plusieurs jeunes évoluant avec les professionnels redescendent afin d’assurer un maintien assez mal engagé. Et Gailleton est propulsé directement titulaire… À l’ouverture. Il ne quitte plus le poste jusqu’à l’issue de la saison, participe grandement au maintien des siens et ne perd aucune rencontre. Surtout, ce sont les performances du garçon qui impressionnent. « Il est magique ce petit », s’émerveillait d’ailleurs Julien Guiard à l’époque.

L’on pense notamment à cette action de grande classe contre Colomiers lorsqu’il traverse le terrain, s’arrête et adresse une transversale gagnante vers le jeune Inoke Nalaga… Sous les yeux d’un certain Fabien Galthié. « Cette fin de saison était magique. Julien m’a tout de suite fait confiance et je n’avais aucune pression contrairement à ce que l’on peut penser. Car je n’étais responsable que de l’animation. Pas du jeu au pied », se souvient le centre polyvalent (il peut évoluer aussi à l’aile, N.D.L.R.).

 

Un 6 Nations pour commencer

Auteur d’une magnifique fin de saison, Gailleton s’envole avec les Bleuets pour les stages, puis pour disputer le 6 Nations après des performances concluantes. Là-bas, alors qu’il y fête ses 18 ans, il est titularisé à plusieurs reprises lors de rencontres très importantes. « C’était une magnifique expérience. Déjà que les stages me faisaient rêver, alors me retrouver titulaire n’en parlons pas. J’ai vécu et réalisé un rêve » témoigne Émilien, surclassé faut-il le rappeler.

Surtout, le jeune homme fait, à côté de cela, preuve d’une grande maturité. Bien encadré par sa famille, le Cadurcien d’origine a les pieds sur Terre et se régale tant dans son cursus sportif que dans ses études. « J’étais aux anges, et surtout, Régis Sonnes était venu vers moi, me disant que le staff voulait que j’intègre la préparation avec les professionnels à l’intersaison. »  Après quelques semaines de vacances, voici donc Gailleton chez les grands. Du haut de ses 18 ans, ce gaillard d’1,84 m pour 84 kg montre directement de belles dispositions. À tel point que malgré des premières rencontres jouées chez les espoirs, c’est bien avec les pros qu’il s’entraîne la majeure partie du temps.

 

Ici à droite de la photo, il a disputé le Tournoi des 6 Nations avec les Bleuets cet été.
Ici à droite de la photo, il a disputé le Tournoi des 6 Nations avec les Bleuets cet été. Sportsfile / Icon Sport

 

Avec les Bleus, avant les Blacks

Les défaites du SUA s’accumulent en début de saison et c’est finalement lors de la septième journée, à Vannes, que le staff envisage de le faire entrer dans la rotation. « C’est Régis Sonnes, qui était encore là, qui est venu me voir et m’a dit que j’allais faire ma première à Vannes. À ce moment, j’ai ressenti beaucoup de joie et d’excitation. Je n’avais pas de stress du tout. Grâce au 6 Nations, j’ai gagné beaucoup de confiance, donc j’étais prêt », confie la jeune pépite. Après une prestation encourageante, il est directement reconduit la semaine d’après, à Armandie, contre Aurillac. « Je ne m’y attendais pas honnêtement, assure-t-il. Surtout lors d’un match encore plus important que Vannes. J’étais fier. »

Par la suite, Émilien Gailleton est titularisé à cinq reprises. Petite donnée sympa : à chaque fois titulaire contre Montauban, Colomiers, Provence Rugby et Aurillac, il n’a jamais perdu à Armandie avec les professionnels. Fait rare par les temps qui courent.

Le potentiel du jeune homme est immense. Et cela lui a ainsi valu d’être convoqué par le staff de Fabien Galthié pour servir de partenaire d’entraînement au XV de France avant la rencontre contre les Blacks. « Le but était de jouer comme les Blacks pour offrir la meilleure opposition possible aux titulaires », raconte-t-il. Des étoiles dans les yeux, il a notamment pu se dresser en face d’une de ses idoles, Gaël Fickou. Un moment privilégié qu’Émilien a dû rapidement digérer. Car s’il a rejoint Marcoussis le mardi, il est rapidement revenu en Lot-et-Garonne. En effet, le staff qui ne comptait pas sur lui pour le déplacement à Rouen, l’a finalement convoqué au pied levé. Drôle de semaine.

 

Une marge de progression

Que cela soit Julien Guiard ou Sylvain Mirande, les compliments pleuvent lorsqu’il s’agit de décrire le phénomène. « C’est un super jeune joueur. Franchement, facile à entraîner. Si tous étaient comme lui, cela serait si simple », assure d’ailleurs le deuxième cité.

Joueur d’instinct, avec une vraie capacité d’anticipation, Émilien doit encore progresser néanmoins. « Je dois plus me canaliser. Des fois j’anticipe tellement que cela peut nous mettre en difficulté. je dois faire attention.» En tout cas, lors de chacune de ses prestations, il a montré beaucoup de sérénité et de lucidité. Des prestations d’ailleurs récompensées par un essai de quarante mètres en solitaire contre Carcassonne.

Surtout, le plus impressionnant reste cette connexion que le Cadurcien a su établir avec Harry Sloan et Kolinio Ramoka, soit deux centres étrangers. « Mon père est Français mais ma mère est Anglaise. Ce qui fait que je suis bilingue et que j’ai pu très vite communiquer et trouver des automatismes avec eux. » Tout s’explique.

Une capacité d’adaptation au haut niveau qui lui a ainsi valu plusieurs approches de la part des clubs du Top 14. « Cela ne m’étonne pas, Émilien est un surdoué du rugby et un vrai bon mec dans la vie de groupe » révèle le capitaine Vincent Farré.

Finalement, et même si le SUA aurait aimé conserver sa pépite un peu plus longtemps, c’est du côté de la Section paloise que l’avenir de Gailleton va s’écrire. Sébastien Piqueronnies voyant en lui un gros potentiel. Une juste récompense pour le trois-quarts. Très vite, très haut, mais surtout très fort : en un an, la vie du gamin de Cahors a changé.

 

Émilien GAILLETON

Né le : 13 juillet 2003 à Cahors (46)

Mensurations : 1,84 m ; 84 kg

Poste : Centre, ailier, demi d’ouverture

Clubs successifs : Cahors Rugby, SU Agen.

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