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Horizons - Moncla, Bastiat, Wainui... Ils nous ont quittés en 2021

  • Le grand Jean-Pierre Bastiat est décédé le 3 février 2021.
    Le grand Jean-Pierre Bastiat est décédé le 3 février 2021. Midi Olympique - Archives
Publié le Mis à jour
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François Moncla - Décédé le 28 novembre

Né pour commander 

On l’avait surnommé « François les Bas Bleus ». Il fut le capitaine français d’une rencontre mythique : le France-Afrique du Sud 1 961 qui se conclut sur un 0-0 grandiose ; après un combat homérique. François Moncla jouait troisième ligne aile, pour sa vaillance, sa force, sa rudesse, et surtout son sens du commandement. C’était un grand frère rigoureux, formé à Louvie-Juzion puis à Arudy dans le Béarn.

À 17 ans, il monta à Paris pour entrer à EDF, assurance d’un avenir radieux en cette époque des « trente glorieuses ». Il se retrouva à la fameuse école de Gurcy-le-Châtel dont le directeur était un fou de rugby. Il porta les couleurs de cette école et tapa dans l’œil de Roger Lerou, le célèbre patron du Racing et de la sélection. Voilà comment, il se retrouva sous le maillot ciel et blanc pour jouer une finale face à Lourdes (1 957) et gagner la suivante face à Mont-de-Marsan (1 959). Il avait en plus offert au Racing les services de deux jeunes élèves de Gurcy qu’il avait repéré dans les promotions qui suivaient la sienne : Michel Crauste et Arnaud Marquesuzaa.

Il ne cachait pas ses activités politiques (au Parti communiste) et son engagement syndical. Il a toujours représenté à nos yeux une certaine époque, celle du service public fort dans une France en pleine croissance économique. Dans les années soixante, il revint dans son Béarn natal pour porter les couleurs de la Section Paloise avec qui il fut une fois de plus champion de France, en 1964. Il disait lui-même qu’il n’était pas très commode avec la presse quand il jouait. Franchement, sur ses vieux jours, il n’en restait aucune trace. Il répondait avec une joie de vivre et une franchise qui mettait du bleu dans le ciel. Même pour parler des moments plus difficiles de sa carrière comme la tournée de 1961 en Nouvelle-Zélande où il fut en bisbille avec les sélectionneurs.

Jean-Pierre Bastiat - Décédé le 3 février

Adieu au grand seigneur

Avec lui, c’est un peu de la riche histoire de l’USDax qui disparaît en poussière. Pour le grand public, Jean-Pierre Bastiat, ce fut d’abord le numéro 8 du pack de fer du Grand chelem 1 977. Il était très fort en fond de touche avec un geste triomphal des deux mains. Il faut dire que ses deux mètres l’avantageaient ainsi que sa formation de basketteur.

Jean-Pierre Bastiat n’était peut-être pas un athlète au sens où on l’entend aujourd’hui, mais il allait vite, à pas de géant, avec son ample foulée caractéristique. Il ne jouait pas délibérément les percussions comme les numéros 8 d’aujourd’hui, mais il savait se servir de sa masse qui le rendait difficile à terrasser. Selon les canons de l’époque, il fut d’abord utilisé en deuxième ligne même s’il préférait le jeu de ballon au « farnac » pur et dur. Dans le rugby d’aujourd’hui, il serait peut-être resté dans la cage, dans un style à la Richie Gray mais à son époque, les sélectionneurs voulaient avant tout des deuxième ligne tracteurs.

Bastiat exprima son potentiel au centre de la troisième ligne. À Dublin en 1977 il inscrivit l’essai du grand chelem ; 25 mètres en solo, servi par Alain Paco et un plongeon plein d’allégresse dans l’herbe grasse. Les souvenirs de lui s’entrechoquent comme les formes d’un kaléidoscope. On le vit parfois passer des pénalités de 45 mètres dont l’une en finale du championnat avec Dax contre Tarbes en 1973. On le vit même en pleine extension arrêter une pénalité adverse en hissant ses paluches juste au-dessus de la barre transversale. Mais au-delà de tout, on se souvient de l’interlocuteur, ambassadeur d’un certain art de vivre « à la Dacquoise », un conteur délicieux, un vrai troubadour. Laissons l’objectivité de côté, nous l’avons adoré.

Jean Le Droff - Décédé le 11 novembre

Le menhir gersois

On le surnommait « le menhir gersois ». Son mètre 95 et ses 105 kilos, son collier de barbe et son bandeau lui donnait une allure unique, il diffusait à la fois la force et la sérenité. C’était un vrai « papa ».

Jean Le Droff fut l’homme d’un seul club, le FC Auch avec qui il joua un quart de finale du championnat, en 1970. Sa solidité, sa détente en touche aurait dû lui valoir un palmarès bien plus fourni, mais à son époque, on ne changeait pas d’équipe sur un claquement de doigts, surtout quand comme lui, on étaiot agriculteur à Ordan-Larroque. Son père était Breton, d’où son patronyme caractéristique, mais il était un pur produit du rugby gersois. Il fit neuf apparitions en équipe de France, il en aurait mérité plus évidemment, mais il fut barré par des seigneurs d’exception comme Walter Spanghéro ou Benoit Dauga. Il eut la chance tout de même de participer à la formidable victoire des Français sur l’Angleterre en 1970.

Dans nos colonnes, Jean-Philippe Cariat qui joua à ses côtés, lui a rendu un hommage émouvant. « Jean aurait pu jouer dans les peplums du cinéma d’antan le rôle du gladiateur, tel Spartacus dont il partageait la musculature… Il ressembalit aussi par son visage franc, sa barbe soigneusement taillée et sa moustache finement ciselée à un mousquetaire, à D’Artagnan. Par sa prestance, il rassurait ses partenaires, impressionnait ses adversaires et dissuadait les belliqueux de l’époque. »

John Dawes - Décédé le 16 avril

L’ingénieur des années dorées

Il était brun avec des rouflaquettes. John Dawes aimait les passes à profusion et la fluidité du jeu à une époque ou le rugby se voulait un sport d’évasion plus que de collision. Il est décédé à 80 ans. avec un palmarès extraordinaire, capitaine des Lions vainqueurs en Nouvelle-Zélande en 1971 (personne ne l’a refait depuis), capitaine du Grand Chelem gallois la même année, conclu à Colombes.

En janvier 1973, il commanda aussi les Barbarians qui battirent les All Blacks avec cet essai légendaire de Gareth Edwards auquel John Dawes apporta son écot, avec cette accélération sur l’aile gauche, cette feinte de passe (« Great dummy ! » s’exclama le commentateur Cliff Morgan) et cette passe à l’intérieur pour Tom David. John Dawes était issu d’une famille de mineurs, puis il était devenu professeur de sciences.

On l’a souvent décrit comme le cerveau de la génération dorée galloise. Il n’était pas un chasseur d’essais, ni l’auteur d’énormes percées, un ingénieur veillant au bon fonctionnement des mouvements les plus ambitieux. Après sa retraite il devint entraîneur et conduisit les Gallois aux grands chelems de 1976 et 1978. En 1977, il dirigea même les Lions à nouveau en tournée en Nouvelle-Zélande.

Il fut aussi le moteur de la grande équipe des London Welsh qui envoya sept joueurs chez les Lions de 1971 (record qui tient toujours). Un vrai laboratoire qu’il animait sans avoir jamais quitté son poste de professeur dans une école de Hounslow, banlieue ouest de Londres, où ses élèves savaient à peine ce qu’il faisait dans son temps libre.

Sean Wainui est décédé le 18 octobre 2021.
Sean Wainui est décédé le 18 octobre 2021. Dave Lintott / Icon Sport

Sean Wainui - Décédé le 18 octobre

Il n’était pas (encore) international, mais à 25 ans, il était devenu un joueur majeur des Chiefs, capable de marquer cinq essais sur un seul match (contre les Waratahs). Centre ou ailier, il fit aussi partie de la sélection des Maoris. Il a succombé à un accident de la route et les All Blacks lui ont rendu hommage avant leur tests face aux États-Unis. Il aura tout de même porté le maillot noir chez les moins de vingt ans.

Taniela Moa - Décédé le 16 decembre

C’était un demi de mêlée tongien très costaud. Dans les années 50, il aurait joué deuxième ligne. Quand il faisait un départ au ras, il déménageait sérieusement.

Pour le rugby français, il reste attaché à la victoire de son équipe nationale sur les Bleus lors du Mondial 2011 (19-14). Le plus bel exploit des Tonga qui provoqua un éléectrochoc chez les Bleus. Il est décédé à seulement 36 ans de causes mal définies. Il a aussi laissé son empreinte à Pau où il a évolué pendant six ans (2011-2017), régalant le public du Hameau par ses coiffures excentriques, mais aussi par sa puissance et ses passes qui flirtaient avec les 30 mètres.

Thomas Lacelle - Décédé le 20 mars

Le trois-quarts aile d’Aix-en-Provence en Pro D2 nous a quittés à la fin de l’hiver. Il est parti brutalement à la suite d’un accident de voiture dans sa région d’origine (la Haute-Vienne). Il avait 25 ans et il avait joué à Saint-Junien, Brive, Vannes et Albi.

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