Le point sur la testostérone

Par Rugbyrama
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L’entretien d’Hendre Stassen dans les colonnes de Midi Olympique est l’occasion de faire le point sur la testostérone, cette hormone possiblement sécrétée par le corps humain. Peut-on être sûr qu’elle a été injectée de l’extérieur ?

Le cas d’Hendre Stassen, ancien troisième ligne sud-africain du Stade Français nous a donné l’occasion de se pencher sur la question de l’usage de la testostérone. Le joueur avait été suspendu pour quatre ans en 2019 à cause de cette substance.

Il arrive que des joueurs positifs pour cause d’excès de testostérone clament leur innocence en évoquant la production endogène de cette substance. En fait, un être humain pourrait sécréter naturellement de la testostérone au-delà du seuil toléré par les règlements antidopage. C’est en effet une réalité scientifique incontestable. Tout être humain homme ou femme produit cette hormone. Cet argument peut faire partie des arguments de défense des joueurs mis en cause. Hendre Stassen, ne l’utilise pas lors de l’entretien qu’il a accordé à Midi Olympique du 14 janvier, même s’il clame son innocence. D’autres sportifs n’ont pas hésité à le faire dans le passé. Ca faisait même partie d’un système de défense assez classique. Jean-Pierre De Mondenard, médecin bien connu, spécialiste du dopage des sportifs nous a éclairés sur ce sujet épineux.

Aujourd’hui quand un laboratoire dit que quelqu’un est positif à la testostérone, c’est forcément de la testostérone exogène. Jusqu’en 1982, la testostérone était indétectable. Puis le biologiste Manfred Donike a mis au point une technique pour distinguer ceux qui trichent et les autres. Ceci est basé sur un rapport entre la testostérone et l’épitestostérone, une autre substance. Quand le rapport dépassait six, il y avait quasi-certitude de l’emploi de testostérone exogène. Mais il restait une chance sur mille qu’un positif soit innocent. C’est arrivé à un cycliste français en 1988. Il jurait ses grands dieux qu’il ne lui était rien arrivé. On s’est rendu compte qu’à cet âge-là, en effet, c’était possible de dépasser le rapport de six sans tricher.

Mais il faut savoir que 90 pour cent des sujets ont un rapport égal à un. On s’est rendu compte que les candidats au dopage se débrouillaient pour atteindre le taux de 5,9. Il n’étaient donc pas pris par la patrouille. En 2005 on a finalement descendu le rapport à quatre. En dessous de quatre, pas de sanction.”

Entre-temps, en 1999, un laboratoire français basé à Lyon a utilisé une autre technique. Avec un système dit isotopique, qui fait un rapport entre le carbone 13 et le carbone 12, on est parvenu à déterminer si la testostérone est d’une origine exogène ou pas.” Ce fut le cas du sprinteur américain Dennis Mitchell qui à la fin des années 90 fut testé positif. Sa défense est restée célèbre puisqu’il expliqua ce contrôle facheux par le fait d’avoir fait la fête, bu des bières et multiplier les relations sexuelles dans les jours qui avaient précédé. Ce luxe de justification fut vain. “Les instances lui ont rétorqué qu’ils avaient la preuve que la testostérone lui avaient été injectées.” Mitchell fut donc éloigné des pistes pendant deux ans. A partir de là, le test C13-12 fut répandu, mais uniquement dans les cas de doutes. Jean-Pierre de Mondenard poursuit : “On a continué à faire le test de Donike avec tolérance à 4 et dans les cas de doute, on utilisait le test C13-C12. On l’a vu récemment avec le cas du marcheur italien Alex Schwatzer qui a été pris avec un rapport de 3,87. La fédération a eu un doute et a demandé un autre test avec le C13-C12. Ils ont constaté la consommation par voie exogène”. *  Mais une question s’impose : pourquoi ne pas utiliser directement le C13-C12 s’il est si fiable ? “C’est un test plus onéreux et plus long à faire. On ne peut le faire en routine.” répond Jean-Pierre De Mondenard. “On ne le fait pas systématiquement, c'est vrai.Il a  permis par exemple de confondre Floyd Landis dans le Tour de France 2006.

Dans le cas de Stassen, l’AFLD explique officiellement que le test Hendre Stassen a révélé la présence de testostérone d’origine exogène dans ses urines. Il s’agit d’un “agent anabolisant figurant sur la liste des produits interdits. La présence de cette substance a été confirmée par le Conseil d’Etat dans sa décision du 28 février 2020.” L’instance semble donc certaine d’une provenance extérieure de la testostérone. Mais il est vrai qu’aucun produit spécifique n’est spécifié dans le résultat de ses analyses. On ne sait pas non plus si l’AFLD a utilisé le test “classique” de 1982 ou le test C 13-C12.

 

* Alex Schatze a été "blanchi" par un tribunal pénal italien qui a estimé que les échantillons avaient pu être modifiés. Ce qui ne remet pas en cause la validité des tests. 

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