L'édito du lundi : comme quand j’étais môme
L'édito du lundi par Emmanuel Massicard... Faut-il toucher à un mythe ? Autrement dit, pour ceux qui n’ont pas fait rugby première langue : notre bon vieux Tournoi doit-il changer, se réformer et s’agrandir en accueillant -dans un futur proche- le Japon ou l’Afrique du Sud, qui nous font de l’œil ? Chacun est libre de son jugement, mais notre religion est faite : on ne sacrifie pas l’honneur et la gloire d’une discipline pour d’uniques questions de stratégie politico-économique. Le sportif, plus que tout, doit présider et, avec ses mots, John Jeffrey (le big boss des 6 Nations)ne dit pas autre chose dans l’interview qu’il a accordée à Midol cette semaine.
Vous en doutez encore ? Regardez combien le tennis a perdu avec la réforme de la Coupe Davis, sa compétition collective la plus prestigieuse. Le grand bal de la modernité a eu raison de son avenir. Or, la réussite d’un tel rendez-vous tient autant au format de la compétition qu’à l’Histoire et au talent des Hommes qui l’écrivent. Au présent.
La question du jour et le débat qui en découle paraissent hors sujet, à quelques jours de voir les Bleus débuter face à l’Italie avant de finir contre l’Angleterre, dans sept semaines. Avec, je l’espère, un Grand Chelem à valider. Nul besoin d’en rajouter. Aussi imparfaite soit-elle, cette compétition porte le rugby comme nulle autre pareille avant la Coupe du monde. Elle nous a tous bercés pendant des années d’enfance.
Avec l’annonce du décès de Guy Laporte, c’est d’ailleurs un retour vers l’adolescence qu’il m’a été donné de vivre ce week-end, jusqu’aux Tournois des années 80 et ses Grands Chelems de 81 ou 87. Le pied d’or de l’ouvreur graulhétois comme la force surhumaine de « Sam» Revallier faisaient alors la fierté de mes parents et de toute la famille, enracinée au pays des Mégissiers.
Chez nous comme ailleurs, on ne rigolait pas avec la tradition des samedis de Tournoi passés au coin du feu, à écouter Couderc puis Salviac. Les deux avec Pierrot « Bala ». Mes héros de jeunesse s’appelaient Rives, Blanco, Codorniou, Sella. Et donc Laporte. Plus tard, Charvet, Bonneval ou Mesnel et leur compagnie d’artistes ; sans oublier les gros bras avec Dintrans, Ondarts, Garuet, Champ ou « Dospi » … Avec eux, la magie opérait. Tous, dans leur histoire et nos souvenirs, sont intimement liés au Tournoi.
Tant d’années plus tard, la flamme est toujours présente et le fil de nos émotions s’accroche toujours avec force aux rendez-vous de ce qui est devenu les « 6 Nations » ; comme quand j’étais môme.
L’épreuve qui commence le week-end prochain ressemble d’ailleurs à une cure de jouvence. Parce qu’elle va nous ramener au stade. Parce que nous nous y retrouverons en nombre. Et parce que ces Bleus d’aujourd’hui portent nos plus fiers espoirs. Vrai : autour de Dupont, Ntamack, Jalibert et autres Alldritt, Baille ou Villière, nous avons de quoi vibrer en grand format. Surtout, ne boudons pas notre plaisir.
À bien y regarder, il ne manque qu’un titre, plus encore un Grand Chelem, pour camper ce XV de France parmi les nations référentes à dix-huit mois du mondial. Un titre pour confirmer le succès de prestige remporté à l’automne face aux All Blacks et qui nous vaut le statut de favori malgré une concurrence féroce chez les Irlandais, Anglais, Gallois et Ecossais.
Pas de quoi pavoiser, mais assez pour espérer. C’est bien suffisant, avant d’affronter l’Italie. Et d’y croire, comme jamais. En pensant forcément à Guy.
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