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Favoris du Tournoi, les Bleus craignent aussi une baisse de régime

Par Marc DUZAN
  • À l’image de Romain Ntamack, à qui seront confiées les clés du XV de France, les Toulousains, qui sont nombreux en sélection, sont apparus en dedans la semaine passée contre le Racing 92. Leur état de forme sera l’interrogation de ce week-end.
    À l’image de Romain Ntamack, à qui seront confiées les clés du XV de France, les Toulousains, qui sont nombreux en sélection, sont apparus en dedans la semaine passée contre le Racing 92. Leur état de forme sera l’interrogation de ce week-end. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Quand les plus grands techniciens de la planète voient le XV de France favori du Tournoi, on leur rétorque aujourd’hui que la baisse de forme des Toulousains n’est pas la meilleure des nouvelles, à l’instant de lancer les débats 2022…

Quand Toulouse tousse, c’est tout le rugby français qui s’enrhume. Et il aura fallu que le plus gros pourvoyeur d’internationaux cane le week-end dernier face au Racing (15-20) pour qu’un horizon que l’on pensait enfin dégagé s’obscurcisse soudainement. La vérité ? Les quarante points passés aux All Blacks en novembre nous avaient tous plongés dans un tel état d’extase que le rugby français dans son entièreté - vous, moi, eux ! - s’était tout à coup imaginé convolant en justes noces avec le grand chelem, fuyant, furtif, insaisissable depuis douze ans.

À ce titre ? La dernière sortie de ceux à qui Fabien Galthié a confié une partie de la fortune des cinq semaines à venir n’a pas vraiment de quoi rassurer : François Cros, Anthony Jelonch, Cyril Baille et Romain Ntamack, à court de nerfs et de compétition, ont semblé marcher à côté de leurs pompes samedi soir, fauchés dans leur autorité par les frimas de l’hiver, les résidus d’un virus ou la lourdeur nouvelle des terrains…

Quatre des grands bonshommes de l’automne, quatre titulaires en puissance du XV de France, ne sont pas dans la forme de leur vie. Pire, leur capitaine en club et en équipe de France, que l’on pensait à bien des titres insubmersible, a souffert mille morts pour son retour, embastillé qu’il fut par des joueurs à priori moins forts que les légions d’internationaux aiguisant leurs rasoirs à l’approche du vieux Tournoi.

Antoine Dupont, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est donc pas un surhomme et, sevré de rugby depuis plus d’un mois, il est aujourd’hui rattrapé par son humanité. Si le fléchissement du capitaine tricolore se confirme ce dimanche face à l’Italie, on vous laisse imaginer dans quel état de terreur se retrouverait-on tous, fragiles survivants de dix années de misère.

Car il nous faut vous dire, à présent, quelle est la place véritable d’Antoine Dupont dans notre petit monde : au terme de la tournée de novembre, un trois-quarts tricolore nous confiait en effet que les All Blacks craignaient à ce point les éclairs du demi de mêlée toulousain qu’ils lui avaient spécifiquement consacré une parade ; sur chaque ruck, le flanker Sam Cane d’un côté et le deuxième ligne Brodie Retallick, de l’autre, avaient été missionnés par Ian Foster pour prendre en sandwich ledit "Toto", lui coupant les extérieurs ou frappant sur ses mains et ses avant-bras afin de brider les transmissions.

Alors ? Les Tout Noir s’abaissent rarement à ce genre de traitement de faveur. Ils s’y soumettent même si peu souvent qu’à notre souvenir, la dernière fois qu’ils s’étaient "dédiés" à un adversaire, c’était lors du Mondial 2011 et sur la personne de David Pocock, le gratteur Wallaby qui leur faisait en ce temps-là vivre un enfer…

 

L’Italie, un cadeau du ciel…

Dès lors, qu’adviendra-t-il du XV de France si sa colonne vertébrale est fragilisée ? Et les observateurs irlandais, parmi lesquels le manager de l’Ulster, Dan McFarland, ont-ils raison quand ils affirment que les derniers rounds de Champions Cup ont prouvé que les provinces celtes (le Leinster, le Munster, l’Ulster et le Connacht) étaient "physiquement supérieures" aux clubs français ?

Historiquement, les Bleus abordent le Tournoi des 6 Nations plus fourbus qu’ils ne le sont à l’automne, soit aux prémices de leur saison ; qu’on le veuille ou non, les Tricolores, donnés favoris de la compétition par le grand public, ne bénéficient plus, non plus, de l’effet de surprise dont ils jouissaient encore l’an passé. Mais quand bien même soient-ils devenus la bête à abattre, quand bien même leur jauge d’énergie soit en baisse, les gonzes de Fabien Galthié ont-ils vraiment quelque chose à craindre ce week-end ?

On ne blessera pas le rugby italien en écrivant ici qu’il traverse une crise sans précédent et, la Squadra Azzurra n’ayant plus gagné dans le Tournoi des 6 Nations depuis 2015, l’équipe transalpine se trouve actuellement sur une effroyable série de 32 défaites consécutives dans la reine des compétitions continentales et le risque de voir le XV de France chuter dimanche à Saint-Denis est faible, pour ne pas dire inexistant.

On parle de l’Italie, bon sang ! D’une sélection accrochée à l’automne par l’Uruguay, démembrée par les All Blacks et piétinée par les Argentins. Au vrai, ce premier round doit être considéré comme ce qu’il est par le XV de France : une simple mise en route, un cadeau du ciel, une façon comme une autre de monter en puissance et de trouver le rythme, avant d’affronter l’Irlande quelques jours plus tard, en ces mêmes lieux.

L’année idéale, vraiment ?

Sauf miracle, le France-Italie qui se dessine ressemblera donc aux dizaines d’autres l’ayant précédé ; on l’imagine acharné, disputé, brouillon, poussif, un peu exaspérant mais finalement remporté par le XV de France, sur le papier supérieur dans tous les secteurs de jeu à un adversaire qui n’eut, lors des derniers tests d’automne, que son seul courage à opposer à ses adversaires successifs… Alors pas de blague, garçons !

On nous a trop répété que 2022 était l’année idoine à un grand chelem parce qu’elle comptait en son sein un calendrier a priori favorable (trois réceptions, dont l’Irlande et l’Angleterre), qu’elle suivait la tournée par nature énergivore des Lions britanniques et irlandais ou qu’elle marquait une perte de vitesse supposée du XV de la Rose qu’au fil des semaines, on s’est tous mis farouchement à y croire.

Le grand chelem, hein ? Il a une telle portée, une telle mystique, que l’on se souvient tous encore très bien à quoi ressemblait le dernier d’entre eux, acquis à l’hiver 2010 et incarné par une mêlée qui concasse ou, au milieu du terrain, un trois-quarts centre de 120 kilos (Mathieu Bastareaud) qui ne concassait pas moins.

De fait, si l’Italie n’a ici qu’une valeur d’introduction, de préalable, une partie de notre bonheur à court terme passe bel et bien par elle et, rien que pour ça, les Bleus ne peuvent abandonner les millions de fadas qui s’apprêtent, cet hiver, à les suivre du regard où qu’ils se déplacent. Histoire de passer le meilleur moment possible, ce dimanche, on se permettra néanmoins de citer, comme une ultime mise en garde, le grand André Boniface : "Personne ne vous oblige à jouer au rugby ; mais si vous vous y risquez, ne le faites jamais à moitié."

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