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Tournoi des 6 Nations 2022 - Grégory Alldritt : « Des finales, il nous en reste trois à gagner »

  • Grégory Alldritt a été élu homme du match face à l'Irlande.
    Grégory Alldritt a été élu homme du match face à l'Irlande. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Auteur d’une performance majuscule, Grégory Alldritt, un des leaders des Bleus a accepté de revenir sur sa prestation réalisée face à l’Irlande, de raconter l’intensité du combat au cœur des zones de ruck, de révéler les leviers de motivation utilisés en amont. Et même, un peu, de se projeter sur les prochaines échéances.

Racontez-nous l’intensité vécue sur la pelouse…

C’était prévisible avec cette équipe d’Irlande. Les zones de ruck ont été denses. Chaque impact a claqué bien comme il faut. C’était vraiment costaud, mais c’était chouette. Vraiment.

Ah oui, vous y prenez donc beaucoup de plaisir ?

(il rigole) Oui, c’est peut-être le sale boulot, mais quand ça gagne, c’est tellement bon. On avait fait une grosse performance dans ces zones de ruck et de contre-ruck contre l’Italie, on se doutait donc que les Irlandais allaient faire un focus sur ce secteur de jeu. Ça n’a pas loupé !

Les chocs ont vraiment été impressionnants depuis les tribunes. Peut-on parler de violence plus que d’intensité sur cette rencontre ?

Non, je n’irai pas jusque-là. Ça a piqué mais il n’y a pas eu de mauvais geste. Tout s’est joué dans la règle.

Que vous êtes-vous dit lorsque vous avez vu Gabin Villière stopper net Bundee Aki qui doit faire dix kilos de plus que lui ?

Franchement, ça fait du bien de voir les trois-quarts coller des timbres de cette façon. Nous avons tous été dans le rouge rapidement et quand on voit Gabin qui secoue tous ces mecs, quand on voit « Tao » (Romain Taofifenua) qui renverse des Irlandais à la pelle quand il rentre, ça fait un bien fou dans la tête, ça motive, ça booste. Ça apporte un petit plus qui peut faire la différence. Avant le match, nous avions évoqué ces tâches qui nécessitent zéro talent. On savait qu’il fallait être les meilleurs sur ce registre. Gabin, qui est un joueur hypertalentueux, illustre cette idée de la meilleure des façons. Ce mec a un mental incroyable. Il est un exemple pour tous, il nous amène sa hargne, sa volonté. Et quand tu joues devant, ça fait un bien fou de voir tes ailiers s’y filer comme Gabin.

Fabien Galthié a évoqué les mots de Gabin Villière lors de la remise des maillots effectuée la veille de la rencontre. Il a été question de « guerre ». À l’heure où la sémantique prend de plus en plus d’importance, aviez-vous vraiment l’impression de partir à la guerre ?

Je comprends ce que vous voulez dire. La remarque est juste. Et je peux vous dire qu’après avoir passé une semaine au cœur de la Légion étrangère, après avoir échangé avec des légionnaires qui, eux, partent vraiment à la guerre, on sait tous très bien que ce mot est probablement démesuré. L’idée, c’était de bien comprendre que pour ce match, c’était eux ou nous. C’était la France ou l’Irlande. Il n’y avait pas d’autres alternatives. Il n’y avait pas de places pour deux vainqueurs. Il nous fallait donc être les meilleurs, les plus forts, les plus dangereux. La guerre pour nous, elle est psychologique.

Dans la semaine, le capitaine irlandais James Ryan expliquait vouloir réduire au silence le Stade de France. Ça vous a agacé ?

Fabien (Galthié) nous en a parlé avant le match, mais pas plus que ça. Il ne s’en est pas servi comme un levier de motivation. Mais bon…

Quoi ?

Je ne vais pas mentir, je l’avais dans un coin de la tête quand même (rires).

Dans ces colonnes, Marc Lièvremont assure que le XV de France a peut-être battu la plus grande équipe d’Irlande jamais vue depuis très longtemps. Vous partagez ?

C’est flatteur, mais je ne peux pas comparer avec les générations précédentes. Mais je rejoins Marc Lièvremont sur le fait que c’était vraiment une très belle équipe d’Irlande. Je peux vous jurer que les Irlandais nous ont donné du fil à retordre. Et ça rend notre performance encore plus belle. Maintenant, ce n’était pas une finale. Des finales, il nous en reste trois à jouer. Et à gagner.

Votre crainte, c’est de vous relâcher ?

Disons que nous sommes des Latins. On fonctionne à l’émotion, à la grinta, au petit truc qui va nous faire avancer un peu plus vite, un peu plus fort. Ne nous enflammons pas. Conservons notre état d’esprit jusqu’au bout.

On a pourtant l’impression qu’il ne peut rien vous arriver en ce moment…

Je ne sais pas si nous sommes à l’abri d’un accident, mais ça fait presque deux ans qu’on travaille avec un squad de presque 70 joueurs, tous plus compétitifs les uns que les autres. Ce fonctionnement nous pousse à nous surpasser match après match. Parce qu’au moindre raté, on sait qu’on peut regarder le match suivant depuis les tribunes. Il y a tellement de bons joueurs dans ce groupe que ça peut tourner très vite. Et puis, nous avons des leaders rassurants dans cette équipe. Des mecs qui savent parler, qui ne s’excitent pas à la moindre galère. On a pris un 14-0 en début de deuxième mi-temps, on ne s’est pas affolé.

Quelle est la suite du programme ?

Comme je l’ai déjà dit, nous avons trois finales à jouer. Ça va commencer à Murrayfield en écosse.

Là-bas même où vous aviez perdu vos espoirs de grand chelem en 2020…

C’était un moment magnifique, magique. Comme seul le Tournoi des 6 Nations peut en réserver. Mais un moment aussi déstabilisant. C’était seulement notre quatrième match tous ensemble. Nous n’avions pas le vécu que nous avons aujourd’hui. Pendant le match, plusieurs évènements nous avaient perturbés : le carton rouge de « Momo » Haouas, la sortie sur commotion au bout de cinq minutes de Romain (Ntamack)… Nous avions alors perdu le fil du match. J’ai le sentiment que nous avons plus de maturité aujourd’hui, que nous serions plus enclins à digérer ce genre de problématiques. Mais bon, l’Écosse progresse aussi et bénéficie d’un environnement hyperfavorable. Ils ont cette capacité à se transcender sur leur pelouse. Donc…

De par vos origines, êtes-vous agacé de ne pas avoir encore battu l’écosse dans le Tournoi des 6 Nations ?

Non, pas plus que ça. Je ne me fais même pas chambrer par ma famille écossaise. Ils sont d’ailleurs tous derrière moi. Ils ont plus la fibre familiale que patriote (rires).

Le Grand Chelem, vous y pensez ?

On a appris de notre premier Tournoi. Nous avions gagné nos trois premiers matchs, nous avions fait le déplacement à Murrayfield avec cette possibilité de grand chelem en tête. Sans doute un peu trop. Et tout le monde sait ce qu’il est advenu. Je crois que le groupe a retenu la leçon.
 

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